Parcourir l'île de Leros

Dune  installé sur ses bers, nous avions encore quelques jours devant nous pour visiter l'île de Leros dont nous n'avions jusque là pu explorer que la frange. 

Parcourir l'ile de Leros en voiture ne requiert pas beaucoup de temps, peut-être parce qu'elle affiche davantage de beautés naturelles que de sites historiques. Pourtant, quelque chose nous dit qu'elle ne se veut pas se livrer très rapidement : déambuler à travers les ruelles tortueuses d'Agia Marina (côte est) permet de découvrir quelques élégantes maisons de ville construites par les habitants de retour après avoir émigré et prospéré en Egypte, datant de la fin du XIXe siècle. D'autres édifices semblent plus farfelus, comme la "tour Bellini" flanquée de ses deux pseudo-tours médiévales, et qui abrite un petit musée historique et folklorique.

Très spectaculaire par contre est la lignée de six moulins à vent réhabilités (certains en chambre d'hôtes), datant à l'origine du XVIIe au XIXe siècle. Ils jalonnent la route partant du port de Platanos et conduisant à l'immense château byzantin de Pandeli, qui surplombe la baie d'Agia Marina. Cet édifice du 7e siècle byzantin, qui peut également être atteint à pied en gravissant trois cents marches, a lui-même été édifié sur les ruines d'une ancienne acropole. De ses remparts, la vue s'échappe à 360 degrés et couvre toute l'île. A l'est se situent les côtes turques, au sud, la baie de Xirokambos et les falaises vertigineuses de Kalymnos, au-delà d'un petit détroit, au nord la piste de l'aérodrome de Leros et les silhouettes lointaines de Lipsi et de Patmos, et à l'ouest l'immense baie rectangulaire de Lakki. Les yeux sont invariablement attirés par le complexe architecturalement époustouflant qui abritait l'hôpital psychiatrique de Leros en 1957 ; c'est un "centre de guérison", corrigent les habitants locaux. A la fois terrifiants et beaux, les bâtiments se reflètent dans l'eau calme de la mer, attendant une seconde vie après avoir été classés monument historique. Depuis 2015, à la suite de la crise des migrants, les abords de ces lieux accueillent désormais des milliers de réfugiés (voir l'article en lien ci-dessous).

Ci-contre : sur le côté ouest de la baie de Tourna, nous avons eu un coup de coeur pour la très photogénique chapelle d'Agios Isidoros (14e siècle), qui a été construite sur un îlot rocheux relié à l'île principale par une étroite jetée.

Les traces de la présence italienne (de 1912 à 1942) se font surtout sentir à Lakki, que les Transalpins appelaient alors Portolago. C'est une architecture en accord avec les peintures de Giorgio de Chirico et de l'Art Déco, qui ne séduit guère de prime abord, en raison de l'idéologie fasciste qu'elle représente. Mussolini voyait dans la situation de Leros et du port de Lakki la clé pour contrôler la mer Egée et le trafic des Dardanelles vers le Moyen-Orient, ainsi qu'une tête-de-pont vers la Libye.

Château de Pantelli

Agia Marina se situe au pied du château. 
Sur la droite, on distingue la baie de Lakki (où se trouve Dune) et la tache blanche de l'ancien hôpital psychiatrique.

La tour Bellini


Le château,
depuis la plage Dyo Liskaria


Intérieur de la chapelle
Agios Isidoros


Les moulins et le château


Mise à sec
Après une navigation automnale de 730 nautiques (1'800 pour l'année 2024), Dune se laisse soulever par le travel-lift et prend son repos hivernal. Le voilier est idéalement placé en bordure du terre-plain, surplombant la marina et ouvert sur toute la baie de Lakki.

Régions et archipels parcourus :
- îles Ioniennes
- Péloponnèse
- îles argo-saroniques
- Cyclades
- Dodécavèse
- quelques îles nord-égéennes

Ci-dessus : parcours de septembre et octobre, d'ouest en est.

Bien qu'on ait coutume de dire qu'en bateau on est confronté chaque jour à un problème, notre bilan pour cette navigation de septembre et octobre est plutôt satisfaisant : 
- bonne saison avec des vents qui nous ont été favorables, c'est-à-dire ni trop ni trop peu...: de la vraie plaisance (d'ailleurs, nous ne recherchons pas autre chose que d'avoir du plaisir...)
- pas de casse, hormis la fatigue du guindeau, qui a rapidement pu recevoir un service mécanique à la marina de Kos;
- une grève spontanée de notre pilote automatique qui a demandé une réinitialisation (affaire en cours...),
- quelques bobos sur et autour du tableau arrière du bateau : la hampe du pavillon cassée au cours d'une manoeuvre un peu vive à Amorgos, le rouleau contenant la sangle d'amarrage tordu par une Anglaise à Ios, et le cache de l'aérateur de la sortie d'air du moteur disparu ou arraché à notre insu, sans doute par une amarre, à Kos ou à Symi.
Dernières iles de notre navigation d'automne

Nisyros, Pserimos, Kalymnos et Leros

Pour rejoindre la marina Evros S.A. à Lakki sur l'île de Leros, où Dune reposera à sec pour son hivernage, nous mouillons encore une fois dans des îles où nous nous sommes déjà arrêtés. 
Si le plaisir de la primo-découverte n'est plus là, demeure celui de retrouver hors-saison des endroits que nous avions appréciés.
Pálon, port
Nisyros
Le minuscule port est toujours éminemment sympathique et bordé d’excellentes tavernas familiales.
Puisqu'on est en fin de saison, on ne nous fait même pas payer ni la place ni l'électricité !
Baie de Vathi
Pserimos
En été, la ravissante baie de Vathi est victime de sa beauté puisque les "bateaux de pirates" chargés de bruyants touristes y débarquent de 10 à 17 heures sans discontinuer.
Ici, en ce lumineux matin de fin octobre, nous ne sommes que trois voiliers à l'ancre.
Pothia (port) et Emborios (mouillage sur bouée)
Kalymnos
L'île des pêcheurs d'éponge est devenue la Mecque des varappeurs.
Nous mouillons au port de Pothia (voir l’onglet « Littérature et culture » ), puis passons une autre nuit à Emborios, un agréable mouillage à deux heures de navigation de notre destination finale.
Lakki, Evros marina S.A.
Leros
Nous passons deux jours à flot, affairés par les préparatifs de la mise à sec.
L'occasion nous est ainsi donnée de faire la connaissance de nos voisins du voilier Eden Mar, Edith et Denis, qui sillonnent les eaux gréco-turques depuis plus de dix ans. Nous pouvons ainsi bénéficier des conseils avisés de ces deux navigateurs expérimentés.

Symi (suite)

Symi est l’une des îles du Dodécanèse que nous nous réjouissions le plus de visiter tant nous ont été vantées ses montagnes abruptes qui descendent jusqu’à la mer et qui forment des criques magiques, que la beauté colorée de ses villages.

Le village d’Ano Symi (ou Chorio, comme l’appellent les autochtones), s’étend sur les deux collines qui entourent de part et d’autre l’une de ses criques, et il atteint le sommet de l’une des collines pour former une réelle ville.

L’architecture de la ville est très pittoresque avec ses maisons néo-classiques à deux étages surmontés d’un fronton triangulaire percé d’un cercle coloré et sculpté ou d’un œil-de-bœuf. Elles se déclinent toutes dans des teintes qui vont du beige soutenu à l’ocre, en passant par le rouge brique et l’orange; les encadrements des portes et de fenêtres vont chercher dans les jaunes, les verts et les bleus. Les cours, ainsi que les parvis des églises, sont recouverts de mosaïques admirables de galets noirs, gris et blancs, dessinant des figures géométriques ou des créatures de la mer.
Symi possède une longue et ancienne tradition de pêche et de construction navale et elle fut, jusqu’à la moitié du XXe siècle, la capitale mondiale de la pêche à l’éponge. Curieusement, l’île de Kalymnos se targue aussi d’avoir été le centre de cette tradition perdue. À cette époque faste, Symi comptait 30’000 habitants et était la capitale du Dodécanèse. Elle a depuis été détrônée par Rhodes et n’a plus que 2’500 âmes. En été, bien entendu, avec l’essor du tourisme, elle renaît (ou meurt un peu, c’est selon…).
Pour atteindre la ville haute (Ano Symi) depuis le port, nous avons emprunté « Kali Strata », l’escalier de 500 marches qui conduit à l’église Megalo Panaghia et au Kastro en ruine, d’où l’on jouit d’une vue inoubliable (nos genoux s’en souviennent…).
Nous sommes redescendus par l’escalier médiéval surplombant le profond lit d’un torrent (asséché au terme de l’été, bien entendu), et qui présente les marches caractéristiques des chemins muletiers : une marche, trois pas à plat sur des pavés disjoints, une autre marche, etc.

Et la fameuse crevette simienne !
A l’arrivée, dans une taverna, nous attendait un plat de « crevettes locales de Symi » : de minuscules crevettes rouge orange (guère plus de 3 cm), servies en friture et mangées étêtées avec les doigts (« Food, like women, must be touched », nous a dit malicieusement la tenancière en nous apportant des lingettes rince-doigts). 
Arrosées d’un filet de citron, elles (les crevettes, hein !) se suffisent ainsi à elles-mêmes et dégagent un succulent goût de noisettes. Leur carapace est si tendre qu’il n’est pas besoin de les décortiquer. Ces fameux crustacés ne supportent pas le transport et se dégustent exclusivement à Symi. Raison de plus pour en profiter !

L'île de Symi (19 octobre)

Après avoir contourné la longue presqu'île turque de Datça, nous voici à Symi, une île de 58 km2, plus exactement dans la baie encastrée de Panormitis, qui offre aux navigateurs une protection optimale.
Dans ce cercle presque fermé de la crique sablonneuse se trouve le plus grand monastère de l’île et le deuxième du Dodécanèse après celui de St-Jean à Patmos. Le clocher baroque est particulièrement imposant.
Nous sommes à l’extrémité sud de l’île de Symi, qui est éloignée de seulement 20 milles de Rhodes et de 230 du Pirée. 

Le monastère de Panormitis et ses dépendances occupent un tiers de la circonférence de la baie, et certaines de ses parties datent du XVIIIe siècle. 
Il est dédié au Taxiarque Michaël (autrement dit à saint Michel), dont une icône en or blanc massif, de trois mètres de haut, est renfermée dans la nef et offerte à la dévotion des fidèles qui la baisent pieusement, ainsi que de nombreuses dédicaces au saint, des fresques murales et une iconostase en bois qui est un pur chef-d’œuvre.
Curiosité : on vent des balais de riz sur le site. Symboliquement, les croyants les utilisent pour chasser le mal.

Voir la partie "Mythes et Histoire" pour comprendre les mystérieux liens de ce monastère avec les autres hauts-lieux dédiés à St-Michel.
Le moulin à l'entrée de la baie
Dune à l'ancre
dans la baie de
Panormitis
Scène de pêche familiale

En mer

Vendredi 18 octobre : il nous faut partir de Kos Marina pour laisser la place aux bateaux de location qui finissent leur dure semaine.
Passé le sud de Kos, le vent et la houle montent, montent…, jusqu’à force 8 (37,2 noeuds !). C'est un peu chaud...
La situation empirant de minute en minute, nous renonçons à gagner le mouillage de Kefalos (S-O de l'île de Kos), comme nous l'avions prévu, et nous rebroussons chemin. Douze milles pénibles pour rien ! 
Nous jetons l’ancre derrière le cap de Kos Ammos, où nous passons une nuit à l’abri du vent, certes, mais bien secoués par une houle résiduelle.

Kalymnos et Kos (14-18 octobre)

Une nuit au mouillage sur bouée à Emborios nous offre un lever de lune sur les fascinantes falaises de Kalymnos (ci-dessous). Ces montagnes constituent, on s'en souvient, La Mecque des varappeurs !
Ensuite, trois nuitées à la marina de Kos nous mettront à l'abri du tempétueux vent du nord, tout en nous laissant le temps d'effectuer un service à notre guindeau, de passer à la laverie et surtout de visiter la ville et l'île natale d'Hippocrate, le père des médecins.

L'Asklepion

Selon la mythologie grecque, Kos est la terre sainte d'Asclépios. Des découvertes archéologiques montrent que l'histoire de Kos remonte à la préhistoire, avec la naissance d'Hippocrate, le père de la médecine. En 357 av. J.-C., les habitants de Kos ont construit le sanctuaire d'Asclépios en l'honneur d'Hippocrate et du dieu Asclépios.

En altitude : le village de Zia

Situé sur les pentes du mont Dikeos, le petit village de Lagoudi Zia est une destination populaire pour les excursions. Des rues pavées, des boutiques d’artisanat, des églises orthodoxes surmontées de dômes et surtout des panoramas exceptionnels entourés des pinèdes du Parc naturel de Kos, voilà ce qu'offre Zia.
La température y est fraîche en cette mi-octobre : un plaid nous a été proposé lorsque nous avons mangé sur la terrasse de la "Taverna No Stress".
Une curiosité : "The Positive Shop", une boutique-cadeaux qui ne manque pas d'originalité.

Au sud-ouest : Kefalos

La large baie de Kefalos invite habituellement à la baignade et aux sports nautiques. Ce jour-là, la température fraîche dissuade même les plus téméraires windsurfers. 
En hauteur, on peut visiter les ruines de l’antique Astypalaia (la première capitale de l’île, détruite par un séisme : la capitale fut ensuite remplacée par Kos). 
La vue sur l’extrémité sud-ouest de Kos est sublime, avec une mer démontée.

Vers l'est et le Dodécanèse

Une forte dégradation étant annoncée à partir de mardi 15 octobre (un vent du nord de plus de 40 noeuds),
nous décidons de filer vers l'Est pour nous rapprocher de la région de l'hivernage (sur l'île de Léros), tout en nous mettant à l'abri.
Un pénible caprice
Durant ces 90 nautiques parcourus en deux jours, notre pilote automatique se met en vacances. C'est bien dommage car cela nous oblige à barrer sans discontinuer, en nous relayant.
(Renseignement pris, notre pilote "Ray Marine" a besoin d'un ré-étalonnage complet, un RESET, opération à effectuer par temps calme (peu de vent et de vagues). À l'heure qu'il est (une semaine plus tard), ces conditions n'ont pas encore été réunies.
De Folégandros à Koufonissi, puis jusqu'à Léros 

Nous croisons très peu de bateaux, signe que la saison se termine, malgré la présence de nombreux Allemands avec des enfants : certains Länder doivent être en vacances scolaires. 

À Pico Beach, la jolie baie où nous mouillons le 11 octobre sur l'île de Koufonissi, nous ne sommes que trois voiliers. L'eau est encore assez bonne pour nager agréablement (25), mais le fort courant est traître.

Le lendemain, nous poursuivons au même rythme jusqu'à Lakki (île de Léros), où nous resterons deux nuits. C'est durant cette étape que notre voilier franchit la barre des 25'000 milles nautiques, dont 7'000 qui sont les nôtres, en quatre ans.

La marina n'ayant pas répondu à notre demande de poste d'amarrage, la lessive, qui attend depuis le 23 septembre,... attendra encore un peu.

L'occupation italienne (1912-1943)

La ville de Lakki, bordant une profonde baie qui s'affiche comme la plus sûre de la mer Égée orientale, a souvent accueilli des flottes militaires (italienne, allemande, anglaise). 
La ville présente encore une architecture qui a conservé les traces de trente ans d'occupation italienne, tout comme à Kos ou à Rhodes. 
Le programme d'italianisation lancé en 1930 par Mussolini a eu des aspects positifs dans ses tentatives de modernisation (éradication du paludisme à Rhodes, construction d'hôpitaux, de centrales électriques...). 
Mais après l'armistice italien du 8 septembre 1943, les nazis occupent les îles du Dodécanèse et envoient en camps de concentration les familles juives du Dodécanèse, en particulier celles de Rhodes, familles qui avaient été protégées par le gouvernement italien.
À la fin de la guerre, le Dodécanèse a été remis aux Alliés britanniques. 
En 1946, les États-Unis, l'Angleterre et la France ont décidé de céder le Dodécanèse à la Grèce. La réintégration de l’archipel a été scellée par une cérémonie solennelle le 7 mars 1948.
Tranche de vie
Effervescence à Lakki où nous nous promenons jusqu'au quai d'embarquement des ferries dimanche soir : une foule de jeunes y stationnent, assis sur leurs valises à roulettes, discutant avec animation. Ils sont accompagnés de leurs parents, grands-parents, petits frères et sœurs. De longues tables ont même été dressées en bordure de quai pour un ultime repas familial.
À 23 heures, le "Blue Star Ferry" appareillera en direction d'Athènes, emmenant toute la jeunesse de l'île de Léros (des niveaux secondaire inférieur et supérieur). Après une nuit (de sommeil ?) à bord, les élèves se rendront pour les cours de huit heures à leur école à Athènes, où ils resteront toute la semaine, ou davantage. 
C'est le lot de tous les habitants des îles de Grèce de ne profiter de la présence quotidienne de leurs enfants que durant leur école primaire.
Je mesure la chance que nous avons eue d'avoir les nôtres à la maison tous les jours, même pour le repas de midi !

Folégandros

Nous voulions à tout prix y revenir : la possibilité d’y revoir de nouveaux propriétaires d’un sister-ship de «Dune», rencontrés à Koilada, nous en offre l’occasion rêvée. 
De plus, comme cette fois nous avons trouvé une place au port de Karavostasi, "Dune" est en sécurité et cela nous laisse le champ libre pour monter à la Chora et la visiter de façon plus approfondie.
Cette fois, nous réussissons à attraper le bus pour effectuer les 4 km de montée (mais nous le raterons d'une minute au retour !).

L'escalier à chats

Le "kastro" n'est pas au sommet d'une colline, mais au centre du village qui s'enroule littéralement autour de lui. Cette architecture était destinée à servir de protection, notamment contre les incursions des pirates. 
Et, comme partout, la gente féline y règne.

Un labyrinthe de ruelles

Voûtes supportées par d’antiques poutres vermoulues, maisonnettes savamment orchestrées dans cet entrelacs de ruelles : le quartier médiéval du « kastro » dévoile son charme à chaque détour.

Comme une coquille d'escargot 

Les dalles du sol, dont les contours ont été passés à la chaux, nous conduisent à notre point de départ : on se croyait perdus, eh non, c’est impossible !
La Chora de Folégandros, dominée par la "Panagia" (église dédiée à la Vierge Marie), construite sur les ruines d'un ancien temple dédié à la déesse Artémis.
Juste sublime !
Taverna "Nicolas'Place", Folégandros
La clientèle est devenue rare et certains commerces et restaurants ont fermé. Est-ce pour cette raison que le personnel semble si détendu ? 
Outre que nous avons très bien mangé dans sa taverna, Nicolas, le patron, nous prouve plusieurs fois son humour pince-sans-rire. Il nous apporte la note accompagnée de quelques euros de petite monnaie : à notre remarque qu'il doit se tromper car nous n'avons pas encore payé, il nous rétorque en se marrant que c'est la monnaie sur les 100 euros qu'il va nous rendre ! 
Gros éclat de rire et pourboire tout prêt !
(Deux photos ci-dessus à gauche)
Taverna "Kalymnios", Karavostasis
Ici, sur la terrasse de la taverna "Kalymnios" au port de Karavostasis, la patronne s'active auprès des trois seules tables occupées, s'assurant personnellement que chacun.e trouve son bonheur. Très élégante avec sa robe noire à parements dorés sous son tablier, elle semble toutefois éprouvée par la longue saison d'été qui s'achève : elle boîte et sert pieds nus. Mais le sourire est toujours là !
(Deux photos ci-dessus à droite)


Sifnos (entre Sérifos, Kimolos et Antiparos)
L'île de Sifnos (ou Siphnos) nous reste inconnue : nous y avons juste mouillé dans l'une de ses baies les plus protégées, Vathi, le temps de passer une excellente soirée dans une taverna de bord de plage, littéralement les pieds dans l'eau, mais les bras couverts pour la première fois d'une manche !
Origine du nom de l'ile de Sifnos
Parmi les nombreux noms qui furent attribués à l’île, on retiendra ceux de Akis, Mérope, Sifano, Sifana ou encore Sifanto. 
La légende de veut cependant que le nom actuel de l’île soit le fait de Sifnos, fils de Sounion, héros originaire d’Attique. 
Selon une autre légende, le nom provient droit de l’adjectif « sifnos », qui signifie vide, creux, et faisait probablement référence aux populations qui habitaient dans les galeries souterraines de l’île. 

L'île de Kimolos
6-8 octobre 

Kimonos est une curieuse petite île de 38 km2 qui s’est détachée de sa grande sœur Milos à la suite d’un tremblement de terre. Une ville antique existait dans la région du détroit actuel entre Kimolos et Milos : cette ville fut habitée jusqu’aux premières années de l’ère chrétienne au moment où elle fut engloutie par un violent séisme. Par temps calme, dans le détroit, on peut apercevoir les vestiges de cette ville antique.

Kimolos est connue pour ses mines de craie qui sont, pense-t-on, à l’origine de son nom (“kimola”, craie), et dont les gisements saupoudrent le sommet des falaises de roche noire volcanique.

À l’arrivée dans le petit port de Psathi, nous sommes seuls avec les bateaux des pêcheurs. Les quais ne sont d’ailleurs prévus que pour six ou sept voiliers en plus des ferries. Personne n'est là pour recevoir nos amarres à notre arrivée. Fort heureusement, le vent ne souffle pas fort, et la manœuvre se déroule sans problème, mais plus lentement ! 
Dès mon débarquement (et cela augure le meilleur concernant cette île), je suis accueillie par une originale boîte à livres dont les rayonnages sont constitués des bancs d’une petite barque dressée à la verticale. Elle contient en majorité et sans surprise des ouvrages en grec et en anglais, mais j’y dépose mon obole en livres de poche. Le lendemain matin, elle a été vidée de son contenu ! Promis, ce n’est pas moi qui ai dévalisé la petite bibliothèque !

Comme d’habitude dans les Cyclades, le village (appelé ici Horio) est situé sur les hauteurs à une vingtaine de minutes à pied. Il est constitué de deux hameaux. Dans la partie ancienne, Paleo, le kastro est en ruine, mais l’église du XVIe siècle est toujours intacte et consacrée.
Quant au nouveau village, il est pourvu des commerces de première nécessité : boucherie, épicerie, pharmacie ou fromagerie. Cette dernière affiche 1950 comme date d’inauguration (avec la photo du fondateur en devanture), et on y achète des fêtas exceptionnellement savoureuses.
La taverne, qui s’appelle « Le Bon Coeur » (Η καλή καρδιά), a été ouverte en 1920. On reste songeur en pensant aux événements qu’elle a vécus : l’après-guerre, la seconde guerre mondiale, la guerre civile, le régime des colonels... 
Il s’y trouve encore un jukebox relégué dans un coin sous la poussière.
La pharmacie
La vitrine de la fromagerie-boucherie
Sa devandure
LA "taverna" Au Bon Coeur

On sert dans cette "taverna" des mets locaux comme de la chèvre mijotée : un régal !  Tout y est resté dans son jus, et les papys y discutent jusqu’à fort tard dans la soirée en fumant, appuyés sur leur canne ; dans la ruelle qui traverse la terrasse, tout le monde se salue et s’interpelle aimablement (l’île compte à peine huit cents habitants et fort peu de touristes en cette fin de saison).

Le temps semble s’y être arrêté, on s’y sent bien.
Étymologie de Kimolos
L’île de Kimolos tiendrait son nom de son premier habitant, Kimolo, qui était le mari de Sidis, fille de Tavros. Mais le nom de l’île se réfère également à la roche présente sur toute l’île, la craie (en grec Kimolia), connue depuis l’Antiquité et qui, sous les rayons du soleil, donne à l’île une couleur argenté, d’où l’autre nom de l’île, « Argentiera ». L’île fut également appelée Échinoissa en raison de la présence des oursins.
Île de Milos : une célèbre statue et un festival de couleurs (29 sept.- 5 octobre)  
Mílos, également connue sous le nom de Mélos, est une île grecque située dans la mer Égée, faisant partie de l'archipel des Cyclades. Sa position géographique, à l'extrême sud-ouest de l'archipel, en fait une île d'une grande beauté naturelle et d'une importance historique significative.

Tout le monde a entendu parler de la Vénus de Milo actuellement exposée au Louvre… Eh bien, cette statue au été découverte à Mílos au début du XIXe siècle.(Lire l’article concernant cette statue en page « Mythes et Histoire »).
D'une superficie totale de 151 km², Mílos présente un relief marqué par des collines, dont le point culminant est le mont Profitis Ilias, atteignant 774 mètres d'altitude. Son paysage est caractérisé par des falaises blanches, témoins de son origine volcanique, et elle est riche en ressources minérales telles que le soufre, le manganèse et la bentonite.
L'histoire de Mílos remonte au IIIe millénaire av. J.-C., où elle était un important centre économique de la civilisation minoenne, exportant de l'obsidienne vers diverses régions de la Grèce continentale et au-delà. 
Sa principale cité, également appelée Mélos, fut fondée par Sparte vers 700 av. J.-C. Pendant les guerres médiques, Mílos refusa l'alliance avec Athènes, ce qui entraîna des tensions. En 426 av. J.-C., après avoir été attaquée par Athènes, la population de Mílos subit des représailles brutales, un épisode célèbre relaté par Thucydide dans son dialogue des Athéniens et des Méliens.

Sur le plan naturel, Mílos abrite des espèces endémiques telles que le lézard de Mílos et la vipère de Mílos, témoignant de sa biodiversité unique.
Aujourd'hui, Mílos attire les visiteurs pour sa beauté naturelle, ses plages pittoresques et son riche patrimoine historique. Son port principal, Adámas, est le point d'entrée pour les voyageurs et constitue le cœur de l'activité touristique de l'île.

Escale porte-bonheur en forme de fer à cheval, Milos, avec le camaïeu de blanc éclatant, de rouge, d'ocre et de rose de ses spectaculaires falaises, mais aussi le bleu turquoise et le vert émeraude de ses splendides criques, a reçu le surnom plus que mérité d' « ile aux couleurs ». Le chapelet de ses quelque septante-six plages et de ses minuscules ports de pêcheurs restés dans leur jus dévoile autant de bijoux cachés dans le creux de ses rives.

Les "syrmata"

Mandrakia est un petit village de pêcheurs typique de Milos. 

Port ou écrin

L'architecture de ce village pittoresque est traditionnelle de Milos, car elle suit le paysage naturel sculpté sur des roches autour d'un petit port.
C'est l'infinie variété des couleurs utilisées qui fait tout le charme de ces petites maisons.

Une intéressante étymologie

Ces maisons, appelées « syrmata » (du grec « syro », tirer), sont utilisées par les pêcheurs pour le logement des bateaux de pêche lors des tempêtes d’hiver. Leur famille habite au-dessus.

Airnb

Peu à peu, ainsi que dans les villages de Mytakas, Klima et Firopotamos dont l’architecture est identique, ces syrmata jalousement transmises de génération en génération sont devenues maisons de vacances ou de week-end.
Origine du nom de l'ile de mílos
L’île de Milos doit son nom actuel au premier habitant de l’île. La légende veut que Milos est été le nom d’un jeune homme qui vivait au départ à Délos puis se trouva en Crète, où il fut cordialement invité par le roi Cinyre, dont il épousa la fille Pélia. Selon le mythe, Adonis et Milos étaient liés par une amitié si étroite que lorsque Adonis mourut, Milos se pendait un arbre, qui fut dès lors appelé Milia (qui en grec signifie pommier. 
Émue par cet évènement, Aphrodite, la déesse de la beauté, transforma le jeune Milos en fruits et son épouse en colombe. Leur fils, qui s’appelait également Milos, fut envoyé dans les Cyclades du Sud et s’installa dans l’une des îles splendides de la région.

Île de Folegandros

Une seule nuit au mouillage à Folégandros le 28 septembre, mais nous comptons bien y revenir !

Charme fou de l’île de Folégandros, de sa « chora » perchée au-dessus des falaises ainsi que son église de la « Panagia » au sommet d’un chemin en zigzags…, d’où nous est offert un sublime coucher de soleil.







Étymologie et origine du nom de l'ile de folegandros
L’un des noms célèbres de l’île était Polyandros (qui, en grec, signifie « grand nombre d’hommes »). Ce nom provenait d’un mythe selon lequel les premiers habitants de l’ile auraient été des bergers originaires de la Grèce occidentale. Ils étaient si nombreux que l’île se remplit bientôt d’hommes. 
Parmi les autres noms de l’île, on distingue « Polykantros », qui est principalement employé par les marins, ainsi que « Sidira », qui renvoie probablement au sous-sol rocheux de l’île. 
Le nom actuel est dû à Folégandros, le fils de Minos, roi des Crétois, qui selon une autre version aurait été le premier colon de l’île.

Santorin

Santorin... tout le monde la connaît. Elle fait rêver. Nous n'avons pas pu résister à l'attrait de cette île magique.
Comme il est difficile de mouiller à Santorin en raison de la profondeur importante du cratère dès les abords du rivage, il nous a été conseillé de partir visiter ce site en ferry après avoir laissé notre bateau en sûreté au port d’Ios (27 septembre).
D'Ios à Santorin
Nous savions déjà que le ferry appareille tous les matins à 7h20 vu qu’il passe la nuit au port d'Ios, génératrice enclenchée, à une cinquantaine de mètres des voiliers amarrés.
Skye, comme dans tous les autobus en Grèce, a dû voyager dans son panier de transport, le même que celui que nous avons utilisé en avion. Heureusement le trajet est très bref, une cinquantaine de minutes en Seajet ».
De Strongylé à Thyra : la "Catastrophe"
Entrer dans le cratère de l’île de Thira est inoubliable, quel soit le moyen de transport emprunté. Il faut s’imaginer que l’on vogue au centre d’un cratère dont les parois se sont partiellement effondrées. La hauteur des falaises est impressionnante (200 à 300m) et c’est elle qui justement rend difficile l’approche des bateaux de faible tonnage. 
La forme actuelle de l’île, semi-circulaire, de même que sa création elle-même, sont dues aux éruptions de son célèbre volcan, en activité depuis les temps préhistoriques. Parmi toutes les éruptions, l’Histoire a retenu celle de la « Catastrophe », au milieu du XVIe siècle av. J.-C., qui frappa celle que l’on appelait encore Strongylé, c’est-à-dire « l’île ronde ». Bien entendu, il n’existe aucun document de cette époque-là, mais il semblerait que la catastrophe ait débuté par des tremblements de terre, dont l’un fut suffisamment destructeur pour réveiller le volcan. Les habitants, pris de panique, quittèrent en majorité l’île et, avertis par quelque signe, n’y retournèrent pas. Dans leur fuite, ils emportèrent ce qu’ils avaient de plus précieux, car les fouilles entreprises sur le site d’Akrotori n’ont mis à jour aucun objet de valeur. L’île fut alors ensevelie sous une épaisse couche de pierre ponce (plus de trente mètres), et du cratère jaillirent des blocs de basalte. Les matières projetées semblent avoir créé un vide gigantesque où s’engouffra la mer. 
Ne resta de Strongylé que l’actuelle Santorin, Théradia et l’îlot d’Aspronissi. Cette catastrophe fut vraisemblablement accompagnée d’un énorme tsunami qui atteignit une hauteur de 210m et frappa les côtes de la mer Egée avec une rage indescriptible. Le raz-de-marée dut vraisemblablement raser les rivages de la Crète, où se situait le palais de Cnossos (résidence du roi Minos), entre autres palais. 
Certains chercheurs estiment que la disparition de la civilisation minoenne est due à cette explosion.

De 1500 av. J.-C. à 1950, le volcan est entré quatorze fois en activité, avec des explosions plus ou moins fortes. En 1573, des îlots firent successivement leur apparition et s’unirent à Mikri Kamari pour former le volcan actuel, Néa Kamari. 

Paquebots, ferries et autres embarcations
Au pied du chef-lieu, Thira, les gros paquebots laissent se déverser dans l’ancien port leurs innombrables passagers qui escaladent les six cents marches d’escaliers en zigzags jusqu’à la ville à pied, à dos d’âne (ça, c’est pour le folklore) ou en télécabine.
Tous les autres bateaux commerciaux (ferryies, navette, bateaux de promenade), viennent s’amarrer dans le nouveau port à Ormos Athinios, desservi par des bus, des autocars, des taxis ou des voitures de location. Tout étant à un prix excessif et pas forcément pratique, nous avons opté pour la location d’une voiture qui nous laissait notre indépendance.100 euros la journée, quand même, carburant non compris.
Sud de l'île et phare
Nous avons commencé par le sud de l’île en nous rendant d’une part jusqu’à Red Beach et à Black Beach, nommées ainsi et de façon évidente par les roches rouges ou noires qui les surplombent, puis jusqu’au phare. Ce point de vue au sud-est nous a permis de prendre la mesure du gigantisme du lieu : en face de nous, les deux petites îles nées d’une éruption postérieure à l’éruption principale, l’ouverture du cratère vers le nord, proche du village d’Oia où tout le monde se presse au coucher du soleil, ce qui engendre des embouteillages dès 14h, et enfin, au centre de l’île, la légendaire ville de Thyra (ou Fira). 
Thira, le chef-lieu
De loin, imaginez un feston de taches blanches au-dessus de 200 m de falaise brune, comme la neige coiffant les montagnes. 
Désormais vouée au tourisme, le chef-lieu regorge d’hôtels de luxe, d’expositions d’art, de boutiques de souvenirs, de bars avec des terrasses panoramiques qui servent de toit aux bâtisses situées en-dessous, de ruelles enchevêtrées où se presse une foule compacte, polyglotte et bigarrée. 
Pour y arriver à pied, vous aurez dû laisser votre voiture de location dans un parking de terre battue où chaque place, gratuite, est pourtant âprement négociée. Le trajet à pied jusqu’au centre de la ville s’effectue au milieu des bouchons d’une circulation incessante. 

Et pourtant…, dès que le regard peut s’échapper au-dessus des toits, des terrasses, des piscines et jacuzzis en surplomb, c’est le ravissement devant un spectacle naturel exceptionnel et inoubliable, d’une majesté et d’une sauvagerie infinies. 
Les innombrables coupoles bleues des églises et des chapelles se voûtent vers le ciel, tentant de célébrer un impossible mariage entre le bleu d’Ouranos et celui de Thalassa.

L'île d'Ios
23-27 septembre

La petite île d’Ios, située au sud-ouest des Cyclades, mesure un peu plus de 100 km², mais elle dispose de 87 km de côtes, ce qui rend ses plages très attractives (argument commercial et touristique qui nous touche guère…).

La tombe d'Homère
L’île, à l’instar de beaucoup d’autres, se vante d’être le lieu de naissance du poète Homère. Elle se targue également d’abriter sa sépulture (privilège moins souvent réclamé !). En effet, au nord de l’île, dans un lieu appelé Plakoto, est érigée une pierre tombale assez banale que l’on dit être celle de l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée
Histoire vraie ou légende ? peu importe. Le lieu, bien isolé, reste exceptionnel puisque depuis cette éminence on distingue de nombreuses îles dont certaines nous ont accueillis : Despotiko, Anti-Paros et Paros, Naxos et les Petites Cyclades.

Visite de la Chora 
La Chora d'Ios est connue pour sa vie nocturne trépidante  : tous les 10 mètres dans les ruelles se trouve un bar. Sont affichés sur les murs des placards indiquant le prix des shots et des différentes boissons alcoolisées. Difficile d’avoir soif dans cet environnement !
À 10h du matin, après une montée de quinze minutes par des escaliers partant du port, nous nous arrêtons dans le square, au bar Louis. Seuls des Grecs sont attablés autour des minuscules tables de fer coloré. Je commande un mojito vert parfaitement assorti à la robe verte que je porte ce jour-là et que la serveuse athénienne trouve très jolie. S'en suit une courte discussion. On voit passer différents livreurs de boissons en prévision de la soirée à venir et surtout un homme corpulent ployant sous le poids de gros paquets de glaçons.
Au-dessus du village, une belle volée de moulins à vents couronne la colline.

Skarkos, site archéologique 
Tout près de Chora, à Skarkos, se trouve le musée archéologique en plein air : une colline entière garde les traces concentriques d’un site de civilisation cycladique 2700-2300 av. J.-C.). 
Sans grande surprise et comme à Minoa sur Amorgos, nous étions les seuls visiteurs. Au moins, ici à Skarkos, beaucoup de panneaux explicatifs jalonnaient la visite et permettaient de deviner l’importance politique et géo-stratégique de ce site par le passé.

Un bijou de plage : Psathi
Là, vous êtes DANS l’image instrammable : les tamaris bordent une plage aux lignes douces et dorées, frangées de l’écume d’une eau d’un bleu magique. À la taverna, on vous explique que, puisque vous êtes clients, vous pouvez disposer de transats et d’un parasol sur la plage. Et on y mange bien, servis de façon très aimable.

Le phare
Le phare se visite, avons-nous lu. Très intéressant. Mais nous n'avons pas trouvé d'horaire. Nous voici partis pour une longue balade à pied, longeant une côte aride et venteuse en face de l’île de Sikynos. Las… le phare est fermé. Nous profitons toutefois de la vue qui s’offre à nous : en face, au sud, Santorin, en partant vers l’ouest : Milos et Kimolos, très loin, et, plus proches, Folegandros et Sikynos.
Origine du nom de l'ile d'ios
Ios est également appelée "Nios". Ce nom renvoie aux Ioniens, qui occupèrent l'île.
Selon une autre version, l'île devrait son nom au mot hébreu "ion", qui signifie "amas de pierres" et qui fut donné à l'île par les Phéniciens en raison du sol rocheux d'Ios. Cette version ne semble cependant pas tout à fait vraisemblable, étant donné que le Phéniciens envahirent des régions beaucoup plus rocheuses qu'Ios, auxquelles ils auraient facilement pu donner un tel nom.
Durant la période de l'occupation phénicienne, l'île était également appelée Phénicée. 
La version la plus probable est celle attribuant l'origine du nom de l'île à une espèce de fleurs très répandue sur l'île durant l'Antiquité et portant le nom d'"ia".

Katápola,
île d'Amorgos 
(19-22 septembre)

Jolie traversée de 15 milles, uniquement à la voile, avec Christian à l'appareillage et à la barre.
Moments de gaité et de légèreté, dont témoignent les quelques images ci-dessous...
Ci-contre, la baie de Katápola sur Amorgos, l'île où Luc Besson tourna "Le grand Bleu" il y a déjà longtemps.

À l'arrivée au port, la manœuvre est rendue délicate par l'absence du recours au propulseur d'étrave : ce dernier reste subitement et inexplicablement muet pile au moment où on en a besoin ! Ce moteur à l'avant est un véritable joker qui peut sauver une manœuvre, mais il a bien fallu que je m'en passe ce jour-là... 
Par chance, nous avons pu amarrer Dune sans toucher les bateaux voisins.
Encore quelque chose à bricoler pour Pierre-Yves !

Nous nous amarrons en arrière mais, inexpliquement, le propulseur d'étrave se déclare aux abonnés absents juste au moment où il aurait constitué un bon joker pour redresser la situation. Par chance, je réussis la manœuvre sans l'aide de cet infâme lâcheur !

Visite d’Amorgos en voiture

Le monastère de Chozoviotissa
Construit sur huit étages, ce monastère accroché à la falaise est surnommé « monastère d’un seul mur » : en effet, sa largeur n’excède guère cinq mètres. Désormais, il n’est plus habité que par deux vieux moines. L’emplacement de l’édifice aurait été « élu » par un signe de la Vierge il y a plus de dix siècles, et ce seraient des moines de Patmos qui l’auraient construit, avec beaucoup d’audace et de courage.

Chora (capitale de l’île)

Dominée par une constellation de moulins à vent sur une crête, la chora historique se présente comme un entrelacs de ruelles enroulées autour d’une éminence rocheuse centrale, abritant un édifice religieux. 
Il ne faut pas perdre de vue que, le plus souvent dans les Cyclades, les villages ou capitales des îles étaient situés en hauteur, loin des côtes vulnérables car souvent attaquées par des pirates. La configuration même des villages, qui présentent des venelles comme lovées autour d’un noyau central, était déterminée par la nécessité pour les habitants de se protéger tout aussi bien des incursions agressives humaines que des éléments naturels, les vents violents et la brûlure du soleil grec.
Une ravissante terrasse appelée « Jazzmin » nous accueille pour le repas de midi (ou plutôt largement quatorze heures) : à l'entrée, la pensée du jour est notée à la craie sur un tableau noir. Par le plus grand des hasards, l’inscription sur le T-shirt que porte Christian ce jour-là est l'écho bien approprié de la citation de Pythagore à propos du silence…: 
« Vous devriez ou bien rester silencieux ou bien dire quelque chose qui soit meilleur que le silence lui-même. »

La plage du naufrage et celle de Kalotarissa

Tout au nord-ouest de l'île d’Amorgos gît une épave. Le cargo « Olympia » a été drossé contre les rochers d’Amorgos moins de dix ans avant le tournage du « Grand Bleu » vers 1980. Luc Besson a choisi de s’en servir comme cadre d’une des premières scènes de son film (devenu film-culte), au moment où le personnage joué par Jean Reno y sauve un plongeur. 
Aujourd'hui, c’est un défilé incessant (surtout de francophones de notre génération) pour voir l’épave qui, depuis lors, s’est coupée en deux et sombre peu à peu définitivement dans la mer.

La jolie baie de Kalotarissa tout au nord de l’île est un havre de paix où un bon rafraîchissement nous est servi en bordure de plage (bière Alpha et Apérol).
Le lendemain, à 05h45, le ferry pour Athènes, qui a accosté une heure plus tôt à quelque cinquante mètres de notre voilier, emmènera nos amis après une traversée de près de neuf heures.

Site archéologique de Minoa (4e millénaire avant J.-C.)

Un vent puissant rendant toute navigation impossible durant le week-end, nous restons encore en sécurité au port de Katápola et partons en excursion sur les traces des tout premiers habitants des Cyclades, les Minoens.
Minoa est l’autre appellation de Moundoulia, la colline qui surplombe Katápola ; c’est aussi le nom de la ville antique qui avait été construite à son sommet, où il y a des traces d’habitat humain datées de la fin du 4e millénaire avant J.-C.
« Minoa » a une relation directe avec la domination minoenne en Méditerranée, plus précisément avec la tradition qui rapporte que l’habitation estivale de Minos, roi de Cnossos en Crête, se trouvait sur cette colline.









L’ascension à pied se fait en quarante minutes, en empruntant un sentier qui part du « Jardin Botanique » pour déboucher, après quatre kilomètres environ, sur le site archéologique. 

Vers le somment de la colline, il y avait un gymnase, reconnaissable (pour un œil exercé d’archéologie !) à d’énormes pierres taillées, placées les unes contre les autres sans aucun espace. S’y trouvent aussi les ruines du temple de Sérapis, dieu de l’Egypte hellénistique. Pour le reste, il faut bien avouer qu’en l’absence de toute indication ou mise en valeur, le site archéologique parle peu à des néophytes comme le visiteur lambda. C’est notre imagination qui doit compenser ces manques.

Toutefois, la vue sur le rivage occidental et sur la baie de Katápola est unique. 
De l'autre côté, on voit même la tache blanche de Chora avec ses moulins sur la crête.
Origine du nom de l'ile d'Amorgos
Si l’on faisait un concours, Amorgos gagnerait le premier prix du plus grand nombre de variantes !
Au cours de l’histoire, l’île porta divers noms tels qu’Yperia, Pagali ou Platagi, Psychia, Karkissa.
Le nom actuel est probablement dû à une plante qui pousse sur l’île. Parmi les autres noms donnés à l’île, en distingue ceux d’Amoulgos, Amolgos, Amourgia, Amoulgia et Amourgos !
Le code C hissé pour le fun :
 il y a peu de vent...

Pano Koufounissa 
(groupe des petites Cyclades, 
surnommée la "petite Mykonos")


3,8 km2 pour cet îlot fort en vogue. 

Ancrés dans l'avant-port au milieu d'un trafic intense, quoique atténué par rapport aux mois d'été.

Gai apéritif près d’un moulin à vent réaménagé, puis souper d’un gros poisson choisi en cuisine.

Plus bas : au mouillage, nous profitons de la présence à bord d'un pharmacien pour trier notre pharmacie de bord. A lire les dates de préremption de certains bandages, j'imagine que chacun des trois propriétaires précédents de "Dune" nous a laissé un petit legs..., surtout ceux qui ont fait la Transat...

Avant, en cuisine

Après, sur la table !

Livadia Beach, île d'Iraklia 
(ou Héraclée)
Iraklia est la plus grande (19 km2) du groupe des "Petites Cyclades". Disposant de jolis itinéraires montagneux, l'île est traversée  par une unique route goudronnée entre Aghoos Georgios, port et village principal, et Panagia. 
Nous jetons l'ancre dans une belle baie voisine du port, Livadia Beach.
Souper en terrasse et bain de 22 heures sous la pleine lune
Excellent repas dans l'une des deux tavernas restée ouverte : fromage grillé de Crête, tsaziki (trop aillé à notre goût), boulettes de courgettes, chèvre à la tomate, poulpe à la sauce au vin rouge et au miel, sardines grillées. 
Pour accompagner tout cela, le garçon nous propose un vin d'une île des Cyclades du sud, Sikynos (ou Sikoinos). Excellent choix ! (Nous retrouverons ce vin dans un magasin d'Ios deux semaines plus tard !)
De retour au bateau, nous ne résistons pas à un bain nocturne à 26 degrés, sous la pleine lune...
Magnifique cadre que cette île qui abrita, dit le mythe, un redoutable cyclope ! 
Voir la page "Mythes" : Ulysse et Polyphème

Île de Páros
Aghoi Anargyroi Bay à Naoussa
(ce qui veut dire, pour une raison mystérieuse, "
la baie des saints sans argent" 
on verra bien si nous nous ruinons dans ce village 
plutôt haut-de-gamme) 
Nous voici à mi-septembre

Équipiers en vue !

Un jour à flâner à Naoussa pour laisser à Rayna et Christian le temps de se reposer de leur voyage et de s'accoutumer à la vie à notre bord avant d'y passer une brève semaine.

Visite de Naoussa 

Les poulpes sèchent au soleil, le village s'est un peu vidé de son flot estival de touristes, et nous trouvons facilement de la place pour un apéritif au "Glafkos", face aux maisons blanches : une vue emblématique de Naoussa.
Le lendemain, une navigation de 20 milles (au moteur, il n’y a pas de vent) nous amène à Iraklia.
Origine du nom de l'ile de Paros
L'île tient son nom actuel,de Paris, chef des Arcadiems, qui étaient pourchassés par les Doriens et se réfugièrent sur l'île, alors habitée par les Ioniens.
Parmi les autres noms de l'île, on distingue ceux de Minoïs, Yrii et Kavarnis.
De Sérifos à Syros

Ermoupolis, sur l'île de Syros

En route vers Sifnos, nous nous décourageons à cause d’une houle fort pénible. Dès lors, nous nous laissons porter par elle et décidons de rejoindre Syros (Ermoupoli), que nous connaissons déjà. Nous avons de la marge pour cueillir à Paros nos deux passagers qui arriveront cinq jours plus tard. 
L'amarrage par fort vent de travers est difficile, nous nous en sortons pourtant mieux que bien des équipages : l'un d'eux vient éperonner notre proue, un autre s'est coincé en travers, plaqué contre l'avant de deux autres bateaux déjà amarrés. Athanasio, le capitaine du port, s'arrache les cheveux... c'est la gabegie !
Peu à peu, le port sera encore envahi par des flottilles de catamarans. À bord de celui qui est notre voisin, une femme s'exclame en apercevant notre pavillon gruérien : elle habite en Californie, mais c'est une Romanens, nièce du chanteur du "Ranz des vaches". Et d'évoquer nostalgiquement et pêle-mêle troupeaux de vaches et vacherin, orchestrion du Fribourgeois, crème double et compagnie...
Entre lessives (je me rends à plusieurs reprises à la laverie en trottinette électrique), courses et virées dans les deux librairies disposant de livres en français, les trois jours passent vite. 

Les looks improbables d'Athanasio, le capitaine du port d'Ermoupolis

Il se change (au moins) deux fois par jour. J'ai beaucoup aimé les motifs de l'une de ses chemises mais, l'après-midi, il l'avait remplacée par une autre, d'un goût discutable, en lamé noir super-synthétique. 
Un jour, il nous a dit devoir aller chez le médecin : il est revenu au port en soirée, tout de blanc vêtu. En infirmier ?
Aujourd'hui, il est en rouge et or. Une vieille collection de livres de ma jeunesse. Un festival de couleurs.
Il vient d'accueillir un couple italien et n'a de cesse de raconter la journée épique de la veille, quand il a dû accueillir et trouver de la place pour cette armada de catamarans. Ouais... c'était un jour où il avait vraiment dû mouiller sa chemise...
Plus encore : nous retrouvons Miguel, le skipper professionnel français d’un Bavaria mal entretenu. Nous l’avions invité à bord pour une bière au port de Kythnos, en juillet dernier. Il nous avait fait part de ses frustrations. Là il skippe un 18 mètres et il s’éclate !
Origine du nom de l'ile de Syros
Le nom homérique de Syria ou encore l'actuelle Syria (ou Syros) a une origine phénicienne et provient du mot Ousyna ou Ousoura, qui signifie heureux. Les Phéniciens furent en effet les premiers habitants de l'île.
Monnaie

L’île de Sérifos

Située au sud de l’île de Kythnos, dans les Cyclades occidentales, Sérifos (Σεριφος) serait l’île où grandit Persée, qui y rapporta la tête de Méduse pour protéger sa mère des avances insistantes de Polydoctès. C’est aussi là que les Cyclopes auraient vécu. Des légendes ajoutent que, eu égard à sa forme en dôme, Sérifos serait le fossile du tyran, roi de l’île, Polydectès.
Bref…, si nous n’avons vu aucune représentation de Méduse, c’est une grenouille bien spéciale qui est le symbole de l’île et en occupe actuellement l’iconographie : les premières monnaies de Sérifos étaient en argent (vers 530 av. J.-C.) et représentaient une grenouille. Cet animal d’un caractère sacré était lié à Persée…, c’est là que nous retrouvons ce héros ! On dit que Persée, après son aventure pour trouver et tuer la gorgone Méduse, est retourné à Sérifos et s’est couché pour se reposer. Mais les grenouilles du lac le dérangèrent tant avec leurs cris que Persée pria Zeus, son père, de les faire taire. Celui-ci, alors, les a rendues muettes en condamnant les grenouilles un silence éternel. 
CHORA, la capitale de l’île, est construite en amphithéâtre sur une colline rocheuse, en accord avec l’architecture cycladique traditionnelle : ruelles cachées, Kastro, églises, vue à couper le souffle, manoir néoclassique de la Mairie, petites boutiques et tavernas, sans compter les incontournables moulins à vent, peu à peu restaurés.Au nord, en face de Kythnos, se dresse le monastère Taxiarchon, bâti comme une forteresse en 1600, qui recèle l’icône miraculeuse des Archanges transportée de Chypre, ainsi que le Code Sacré. 
Un stop est incontournable à la plage de Psili Ammos, élue première des vingt plus belles de Grèce… belle certes, mais pas la plus belle que nous ayons vues…
Nous avons mouillé de nuit à Koutalas, venant d’Ermioni, sur la côte du Péloponnèse, tout près d’un site abandonné d’extraction de minerai (au sud de l’île), puis dans la baie de Livadhi, au pied de Chora. C’est dans ce port que, plus de six fois par jour, des ferries amènent des touristes sur cette île que nous pensions encore un peu délaissée. Il est vrai qu’elle n’est qu’à deux heures de ferry (voire 4h30 pour le moins rapide) d’Athènes, et l’immobilier semble en pleine expansion.
Chora, moulins et monastère
Les moulins de Chora, sa place avec la mairie et le monastère de Tachiarchon

Plage de Psili Ammos

Étymologie du nom de Sérofos
Le nom de l'île de Sérifos vient probablement du grec ancien "sterfos", qui fait référence au sol aride et dur de l'île. 
Les autres noms se référant à l'île sont ceux de Serfini et Sterfo.

Plus de 15 millions de couchers de soleil...

... offerts aux humains autour de la baie de Kiláda ! 
À l’est de la baie de Kiláda où nous mouillons ⚓️ se trouvent des grottes préhistoriques que nous avons visitées ce matin. 
Ces « Franchthi caves » sont des abris sous roche qui ont été occupés du Paléolithique au Néolithique (de -40’000 à -3’000, avec quelques interruptions) ! 
Donc, ici même, depuis plus de 15 millions de soirées, des humains voient comme nous le soleil se noyer dans la baie… vertige… 
Hier soir, les feux de mouillage des voiliers y jetaient leurs éclats vacillants.

Mise à l'eau à Kiláda

La préparation du bateau suivie du mouillage dans la baie du village où se trouve le chantier, Kiláda, nous a permis de découvrir les grottes Franchthi, habitées depuis le Paléolothique. 40'000 ans, quand même. 
Pour le reste, nous nous sommes souvent retrouvés au bar "Le Rétro", parfois en compagnie d'autres navigateurs. La sortie du bar est d'ailleurs signalée par les lumières rouge et verte, comme celle d'un port ! De là, on garde un œil sur le bateau qui mouille dans la baie.
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