Mythes & Histoire : là où la navigation rejoint les mythes et l'HistoireCette page entend compléter, de façon plus documentée, l'aspect historique de certains contenus du blog.
Cette page entend compléter, de façon plus documentée, l'aspect historique de certains contenus du blog.
SOMMAIRE
- Batailles navales à Aktio et à Preveza
- Zálongo
- Bataille de Lepante (1571)
- Methoni, son château
- Porto Kagio, Lámbros Katsánis le pirate
- Cythère et Aphrodite
- Nisyros, Zeus contre les Titans
- Patmos, Artémis et Oreste
- Ilaria et Icare
- Syros
- Aphaïa sur l’île d’Egine
- Sérifos et Persée
- Herakleia et le géant Polyphème
- Santorin /Thira), géologie et Atlantide
- Milos et la Vénus
- Kimolos et les minerais
- Panormitis (Sami) et l’archange Michel
- Bataille de Leros (Dodécanèse) et particularités architecturales de Lakki (Porto Lago)
- Le sabordage du Panayoti par le capitaine Bisson (5 novembre 1827)
1. Des batailles navales disputées à Aktio et Préveza
Aktio, c'est le lieu de la bataille navale d'Actium, qui se déroula le 2 septembre de l'an 31 av. J.-C. entre Octave (connu plus tard sous le nom d'Auguste), fils adoptif de Jules César, d'une part, et d'autre part Marc Antoine, allié à Cléopâtre et son amant.
L'affrontement vit la victoire d'Octave et, devant la tournure que prit la bataille, Antoine et Cléopâtre parvinrent à enfoncer le front ennemi avec leurs vaisseaux équipés de proues et à prendre la fuite sur le vaisseau amiral chargé du trésor de guerre ; ils rejoignirent Alexandrie.
D'un point de vue politique, la victoire d'Octave fut très importante et incontestable : Auguste en pérennisa le souvenir en fondant, près du site, la cité de Nicopolis (la ville de la victoire), promue nouvelle capitale de l'Épire.
Pour la peupler, Auguste y transféra les habitants la ville de Kassiopi, qu'il détruisit (clichés des visites en juin 2023).
D'un point de vue politique, la victoire d'Octave fut très importante et incontestable : Auguste en pérennisa le souvenir en fondant, près du site, la cité de Nicopolis (la ville de la victoire), promue nouvelle capitale de l'Épire.
Pour la peupler, Auguste y transféra les habitants la ville de Kassiopi, qu'il détruisit (clichés des visites en juin 2023).




2. ZÁLONGO
Du monastère éponyme, on gravit la falaise par un chemin bien aménagé pour se trouver au pied d'un monument rappelant le suicide collectif des femmes souliotes à Zálongo en décembre 1803 (dans les montagnes du Souli), et dont l'épopée marque le début de la lutte de la Grèce contemporaine pour son indépendance après plus de trois siècles d'occupation par les troupes des sultans turcs.
Des peintres comme Scheffer, des auteurs comme Byron, Lamartine, Hugo ont consacré des oeuvres poignantes pour renforcer le soutien des peuples occidentaux afin d'aider les Grecs à se libérer du joug turc.
Le monument est sis à 773 mètres d'altitude, et il est visible du Temple d'Aphrodite de Kassópi.
3. Batailles navales de Preveza et de Lépante (1571)
Outre la bataille d'Actium entre Octave et Antoine, il y eut dans cet étroit passage stratégique un autre affrontement majeur : la bataille navale de Préveza, le 27 septembre 1538. Elle consacra la victoire de Khayr ad-Din Barberousse, un corsaire ottoman sous le régne de Soliman le Magnifique, sur une flotte chrétienne dirigée par le génois Andrea Doria.
L'empire ottoman y gagna la maîtrise de la Méditerranée jusqu'à la bataille de Lépante (aujourd'hui Nafpaktos) dans le golfe de Corinthe, trente-trois ans plus tard.
Nous avons passé deux nuits à proximité du site d'Oxia, où l'on présume que des affrontements ont eu lieu.

4. Methoni, un des « deux yeux de la Sérénissime »
Homère appelle la ville "Pedassos", l'incluant dans la liste des villes offertes par Agamemnon à Achille afin d'apaiser sa colère.
Pausanias, quant à lui, la mentionne par le nom de "Mothoni", du rocher homonyme (Mothon lithos) à l'entrée du port de la ville.

Pendant la période byzantine, la fortification de Methoni a été renforcée, tandis que la ville est devenue un siège épiscopal. Sous les Vénitiens (1206-1500), elle a été développée en un important centre commercial, comme l'ont indiqué les voyageurs étrangers et les sources d'archives. Koroni, de l'autre côté du cap, jouait le même rôle : c'est pourquoi MODON (anc. nom de Methoni) et KORON (Koroni) furent surnommées "les deux yeux de la République".
Methoni est restée sous la domination vénitienne jusqu'en 1500, date à laquelle elle a été occupée par les Ottomans. Elle a continué à faire partie de l'Empire ottoman pendant les trois siècles suivants, avec une courte pause de l'occupation vénitienne de 1685 à 1715. Pendant cette période, les ingénieurs vénitiens ont radicalement amélioré la fortification de la ville, en appliquant un projet constructif impressionnant.
En 1825, le château a été utilisé comme base par les forces turco-égyptiennes d'Ibrahim pendant sa campagne dans le Péloponnèse.
Methoni est restée sous la domination vénitienne jusqu'en 1500, date à laquelle elle a été occupée par les Ottomans. Elle a continué à faire partie de l'Empire ottoman pendant les trois siècles suivants, avec une courte pause de l'occupation vénitienne de 1685 à 1715. Pendant cette période, les ingénieurs vénitiens ont radicalement amélioré la fortification de la ville, en appliquant un projet constructif impressionnant.
En 1825, le château a été utilisé comme base par les forces turco-égyptiennes d'Ibrahim pendant sa campagne dans le Péloponnèse.
En novembre 1828, il fut remis sans résistance aux forces expéditionnaires françaises.. Les Français ont conçu la ville moderne à l'extérieur de la citadelle ; afin de forcer les habitants du château à se déplacer à l'extérieur des murs, ils ont démoli un grand nombre de bâtiments à l'intérieur de la forteresse.
Le Château de Methoni
Le château de Methoni se compose de deux parties :
- Au sud se trouve la ville principale (A), entourée d'un simple mur avec des tours à intervalles réguliers.
- Au nord, qui est la partie la plus vulnérable de la citadelle, son acropole a été formée (B).
Du même côté, qui est la seule partie de la péninsule avec accès au continent, le château possède les œuvres défensives les plus solides et est protégé par des douves (1).
L’accès à la partie intérieure de la forteresse a été assurée par un pont soutenu par 14 arches. De chaque côté de l'entrée, deux grands complexes défensifs sont préservés : le bastion Bembo (2) (deuxième moitié du XVe siècle) à l'ouest, et le bastion de Lorendan (1714) à l'est (3).
La porte principale du château (4) a été construite par les Vénitiens vers 1714. En passant par des portes successives (5, 6), les visiteurs entrent dans la partie de la ville connue sous le nom de "La place des armes". C'était le centre de la vie commerciale et sociale de Methoni. À ce point central se dresse une colonne romaine de granit rougeâtre (7), couronnée par une inscription vénitienne portant la date de 1493.

Un petit magasin de poudrière avec un toit pyramidal (8), datant de la période ottomane, est conservé à l'ouest de la place ; au sud se trouve l'église de la Transfiguration du Christ le Sauveur (9), probablement construite après la guerre d'indépendance grecque.
Le côté nord de "La Place des Armes" est délimité par le mur-rideau (10) séparant la ville de l'acropole. La porte donnant accès à l'acropole est formée au rez-de-chaussée d'une tour ottomane (11).
"Le Bourtzi"
iLe long de la rue principale de la ville (12), des rues transversales donnent accès au port, où les deux portes "'Porta Stoppa" (13) et "Porta del Mandrachio" (14) sont ouvertes. Le long de cette rue principale, deux bains ottomans (15, 16) sont conservés, ainsi que les vestiges de l'impressionnante église Saint-Jean théologien, initialement la cathédrale de la ville. Pendant la période ottomane, elle a été convertie en mosquée, dont seule la base du minaret (17) subsiste aujourd'hui.
À l'extrémité sud du château se dresse l'impressionnante « Porte de la Mer », (Porta di San Marco, 18), qui mène par un pont en pierre au Bourtzi (19), une imposante forteresse côtière du début du XVle siècle.
(Source : document de visite du site de Méthoni)





(1752-1805)
5, De Porto Kagio à Yalta : le fabuleux destin d’un pirate
À l’extrémité orientale de Porto Kagio est érigé un petit monument : celui de Lámbros Katsónis (Λάμπρος Κατσώνης).
Qui était-il ? Et que faisait-il dans cet endroit perdu à l'extrémité de l'Europe continentale ?
Lámbros Katsónis était un célèbre révolutionnaire-combattant de la liberté, un corsaire notoire puis un pirate impitoyable et cruel, né à Livadia (Béotie) en 1752 et mort en 1805, dans des circonstances apparemment non encore élucidées : assassiné en Russie ? mort de vieillesse dans son domaine de Crimée ?
Ce héros révolutionnaire grec a connu une destinée particulière : il est devenu chevalier de l’Empire russe et officier de la Marine impériale russe. Il a également reçu maintes décorations, et le château de l’île de Kastelorizo a été renommé « château Lámbros Katsónis » en reconnaissance de ses hauts faits.
On sait que Katsónis rallia l’expédition d’Orloff, un épisode-clef de la guerre russo-turque conduit par Orloff, alors favori de la tsarine Catherine II, guerre qui se déroula dans la région du Magne et dans la mer Égée entre 1778 et 1784 et qui signa les prémices de la guerre d’indépendance de la Grèce, trente ans avant son déclenchement. Quant à la Russie, elle cherchait à repousser l’Empire ottoman afin d’obtenir pour elle-même un débouché sur la mer Noire, voire sur la Méditerranée.
On sait que Katsónis rallia l’expédition d’Orloff, un épisode-clef de la guerre russo-turque conduit par Orloff, alors favori de la tsarine Catherine II, guerre qui se déroula dans la région du Magne et dans la mer Égée entre 1778 et 1784 et qui signa les prémices de la guerre d’indépendance de la Grèce, trente ans avant son déclenchement. Quant à la Russie, elle cherchait à repousser l’Empire ottoman afin d’obtenir pour elle-même un débouché sur la mer Noire, voire sur la Méditerranée.
Excellent stratège naval, Katsónis, déçu de l’issue du conflit, déclara une guerre personnelle aux Ottomans, afin de les pourchasser à travers la mer Égée. Pour ce faire, il arma une flotte de septante navires. Le corsaire contraignit ainsi les Ottomans abandonner l’île de Kastelorizo, aux confins de la Grèce.
Son destin se perd ensuite dans les brumes de la légende.
En 1792, devenu un pirate cruel, il avait pris Porto Kagio comme base, d’où il attaquait, en ratissant large, les navires de tous pavillons. Bloqué par une flotte franco-ottomane, il y aurait abandonné ses propres navires et se serait enfui à Cythère, puis à Ithaque.
Des sources disent que Katsónis mourut tranquillement en Crimée, désormais russe : la Grande Catherine, qui ne montra point ingrate, aurait offert à Katsónis un domaine dans la péninsule criméenne, propriété qu’il appela "Livadia", et où il aurait passé le reste de sa vie. D’autres disent qu’il serait mort assassiné près de St-Pétersbourg.
La conférence de Yalta
Bien après la mort de Katsónis, un palais d’été fut construit en 1861 sur la propriété de Livadia, où résidèrent en saison les deux derniers tsars de Russie.
C’est là qu’eut lieu, en février 1945, la conférence de Yalta qui réunissait, pour organiser la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Churchill, Roosevelt et Staline.
Le palais de Livadia est depuis devenu un musée.


6. Cythère : Aphrodite..., quelle coquine !
« Sous le nom d'Uranie, elle représentait l'amour idéal et pur ; sous le nom de Génitrix ou de Nymphidia, elle était la protectrice du mariage légitime et de toutes les unions sérieuses ; sous celui de Pandémos ou de Pornè elle était la maman de toutes les prostituées et favorisait toutes les formes de luxure et d'amour vénal. Elle embrassait donc tout ce qui avait rapport à la passion, des aspects les plus nobles jusqu'aux plus dégradés.
Lawrence Durrell : Les îles grecques,
C'est par sa complétude, faite de tant d'attributs accumulés, qu'elle se rend maîtresse de notre cœur. En elle, l'acted'aimer est total, il couvre et accepte tous les faiblesses des humains, sans exclusion morale.
Aphrodite n'hésitait même pas, le cas échéant, à utiliser ses pouvoirs avec espièglerie, comme le jour où la fantaisie lui vint d'allumer une fusée sous le trône olympien de Zeus : Le Numéro Un fut pris d'une crise de juponnite aiguë qui dépassa tout ce que le Guiness Book of Records de l'Olympe avait enregistré jusqu'alors. Plein d'étincelles comme un arbre de Noël, il demanda à la déesse s'il n'était rien de sacré pour elle, et elle dut lui répondre que, au contraire, tout était sacré, même le rire. Et surtout le rire. »
Lawrence Durrell : Les îles grecques,
Omnia Poche, chap. « Cythère et Anticythère », pages 123-124, 1978 (2010, 2017)
Ouvrage embarqué à bord.

7. Île de Nisyros : là où gémit le Titan écrasé
Giali, Aghios Antonios, Strongili, Pachia, Perhoussa, Kandeloussa, les îlots qui enserrent l’île de Nisyros, ont l'air, comme elle, d'avoir été projetés dans la mer par une main géante et de s’y être ancrés.
La mythologie ne raconte pas autre chose : Nisyros aurait été formée pendant la lutte de Zeus contre les Titans. Le dieu de la mer Poséidon entreprend d’aider Zeus et de faire disparaître le redoutable Polybotès (Polivotis). Ce dernier, vaincu, épouvanté et chassé, traverse la mer Égée afin de se sauver. Quelque part près de l’île de Kos, Poséidon le rattrape et il détache avec son trident une partie de Kos, le cap Heloni (Krikelos), la jette contre lui et l’écrase.
C’est ainsi que se forme Nisyros et, depuis lors, Polybotès envoie ses soupirs des profondeurs de l’île vers la surface de la terre chaque fois qu’il gémit.
Poséidon, le créateur de l’île, en est devenu le protecteur. C’est la raison pour laquelle il y a sur Nisyros, proche du village de Palli, un temple dédié à Poséidon, et plusieurs monnaies retrouvées à Nisyros représentant la tête du dieu de la mer.
Le mythe conte aussi les liens que Nisyros entretenait avec l’île de Kos depuis les temps mythiques jusqu’à aujourd’hui, des liens culturels, moraux, sociaux et économiques. Comme le montrent plusieurs inscriptions anciennes, à Nisyros vivaient plusieurs habitants originaires de Kos, et à Kos existait une communauté d’habitants de Nisyros qui portait le nom de « Nissiriada ». Les deux îles avaient des rois communs qui combattaient ensemble, avaient le même type de régime et participaient aux mêmes affaires publiques.
À Nisyros, un des cratères du volcan porte le nom Polybotès, en souvenir du géant vaincu.

8. Patmos : ce qu'en dit la mythologie
Patmos, l'ile sacrée du Dodécanèse, émergea de la mer, tout comme Délos, l’île sacrée des Cyclades.
L’île s'appelait au départ Létoàs, car on pensait que son existence était le fait de la déesse Artémis, fille de Léto. Selon la mythologie, l'île était enfouie dans les profondeurs de la mer. La déesse Artémis se trouvait en visite dans la région de Carie (située sur les côtes opposées), où au sommet du mont Latmos se dressait un sanctuaire voué à son culte. C'est là qu'elle rencontra Séléné, qui en inondant la mer de sa lumière, éclaira l’île immergée. Séléné exhorta alors Artémis de la faire surgir du fond de la mer, et elle parvint à la convaincre. La déesse fit alors appel à l'aide de son frère Apollon, qui à son tour fit intervenir Zeus, et l’île émergea des profondeurs. Hélios (la personnification du Soleil) la fit sécher, lui apporta chaleur et vie, et c'est ainsi que vinrent y habiter un grand nombre d'habitants originaires du mont Latmos et d'autres régions alentour, lui donnant ainsi le nom de Létoàs.
Selon une autre version, le nom de Patmos proviendrait du mont Latmos.
D'après la mythologie, c'est à Patmos que se serait réfugié Oreste, qui était pourchassé par les Érinyes, et c'est là qu'il aurait construit le premier sanctuaire de taille dédié à Artémis, à l'endroit précis où Saint Christodule commença, en l'an 1088 de l'ère chrétienne, à bâtir le Monastère de Saint-Jean l'Évangéliste.
(Illustration :
John Singer Sargent, Oreste poursuivi par les Érynies" 1921)

9. Icare et Ikaria
« La Chute d’Icare » de Pieter Bruegel l’Ancien
Le mythe a inspiré un tableau saisissant à Bruegel où, devant un paysan au labour occupant le premier plan et un grand voilier indifférents, Icare s’abîme dans les flots.
L’insignifiance du sort du jeune Icare en regard des activités humaines nourricières (laboureur et navire de commerce) est soulignée par le traitement du peintre : le héros n’est représenté que par deux minuscules ailes blanches qui tombent dans les flots, à droite du tableau.
L’insignifiance du sort du jeune Icare en regard des activités humaines nourricières (laboureur et navire de commerce) est soulignée par le traitement du peintre : le héros n’est représenté que par deux minuscules ailes blanches qui tombent dans les flots, à droite du tableau.

10. Mythes autour de l'île de Syros
Le plus ancien mythe relatif à Syros est celui de Ciranos. Il raconte que le roi Ciranos fit naufrage au large de Paros-Naxos et fut conduit par un dauphin jusqu’à Syra (Syros). Là, il se réfugia dans une grotte, celle que les habitants nommèrent par la suite en son honneur «Ciranos Andros». En raison des dons exceptionnels qu’il possédait et du respect qu’il inspirait à tout un chacun, il fut plus tard déclaré roi de l’île.
Homère nous fournit à son tour certains éléments concernant Syrii, une île où selon lui les Phéniciens jetaient souvent l’ancre. D'après le récit du poète, « il s’agissait d’une île non hostile », qui ne s’était jamais impliquée dans des guerres ou des batailles navales. Elle possédait deux villes, une grande abondance de ressources et bénéficiait de conditions de vie telles que les vieux ne mouraient pas de mort naturelle mais que leur vie était enlevée par les dieux Apollon et Artémis.
Les premiers habitants de Syros connus dans l’Histoire furent les Phéniciens. L’influence de ce peuple sur l’île fut considérable dans divers domaines comme la religion - le culte de Pan, dieu à l’origine égyptien - et fut à l’origine de son nom. Ce dernier provient selon toute vraisemblance des noms phéniciens Ousyra, signifiant «riche» et Ousoura, que l’on peut traduire par «heureux».
(Illustration : le dieu Pan).

11. La divinité Aphaïa (Égine)
Aphaïa, en tant que divinité distincte, n'apparaît dans aucun mythe conservé ; cependant, Pausanias rapporte l'existence d'un poème perdu de Pindare dédié à la déesse pour les habitants d'Égine...
Le temple d'Aphaïa est installé au sommet d'une colline où l'on rendait, à partir du XIIIe siècle avant notre ère, un culte à une divinité féminine, voire à une déesse-mère, comme l'indiquent les statuettes féminines mycéniennes trouvées sur place. Le sanctuaire est entouré d'un mur de péribole. Sur la terrasse artificielle, au sud-est du temple, on peut voir des restes des logements des prêtres, ainsi que de trois baignoires pour les purifications rituelles.
Les auteurs antiques qui évoquent Aphaïa (Pausanias, Virgile, Antoninus Liberalis et Hésychios d’Alexandrie) la décrivent comme une déesse locale d'Égine, identifiée à la divinité crétoise Britomartis.
Dans les versions rapportées du mythe, Britomartis, une chasseresse proche d’Artémis, est la fille de Carmé et de Zeus. Elle est poursuivie par le roi crétois Minos et se réfugie auprès d'un pêcheur d'Égine, qui s'en prend à son tour à elle : pour leur échapper, elle fait appel à Artémis et se cache dans son sanctuaire, où elle disparaît. À cet endroit, les habitants d'Égine la vénèrent sous le nom d'Aphaïa ; les Crétois, quant à eux, lui vouent un culte sous le nom de Dictyna.
La présence d'une statue d’Athéna sur le fronton du temple a fait supposer à certains spécialistes qu'Aphaïa aurait été assimilée à Athéna, notamment dans le contexte de la prise de contrôle d'Égine par Athènes au milieu du Ve s. v. J.-C. (bien que la statue soit antérieure à cette date). On a pu alors parler d'« Athéna Aphaïa ». Mais il n'y a aucun élément tangible permettant de supposer une telle chose, et l'idée d'une assimilation d'Aphaïa à Athéna est désormais vue comme une fiction moderne.
Le temple d'Aphaïa est installé au sommet d'une colline où l'on rendait, à partir du XIIIe siècle avant notre ère, un culte à une divinité féminine, voire à une déesse-mère, comme l'indiquent les statuettes féminines mycéniennes trouvées sur place. Le sanctuaire est entouré d'un mur de péribole. Sur la terrasse artificielle, au sud-est du temple, on peut voir des restes des logements des prêtres, ainsi que de trois baignoires pour les purifications rituelles.
L'autel, qui faisait douze mètres de large, était, comme c'était l'usage, à l'extérieur du temple, à l'est.
Trois bâtiments se sont succédé au sommet de cette colline boisée : un sanctuaire datant de la fin du VIIe ou du début du VIe siècle avant notre ère ; un bâtiment plus grand datant de 570-560 avant notre ère et détruit par le feu ; et enfin le temple actuel, érigé entre 500 et 450 avant notre ère, très sûrement après la bataille de Salamine. Le temple aurait été abandonné après 431 av. J.-C. et l'expulsion des Éginètes par les Athéniens.
Pendant très longtemps, on considéra qu'un si beau temple ne pouvait être consacré qu'à Jupiter Panhellénios, comme on disait jusqu'au début du XIXe siècle dans un Occident marqué par la culture latine. À la fin du XIXe siècle, on ne considérait plus que le temple était consacré à Zeus, mais à Athéna. Il fallut attendre les fouilles allemandes menées par Adolf Firtwängler (qui mourut d'une fièvre contractée lors des fouilles) en 1901-1903 et la découverte d'un relief votif à Aphaïa pour déterminer une attribution définitive. Cependant, le temple est encore souvent appelé Athéna Aphaïa.
(Rubrique de Wikipédia)

12. Persée et l'île de Sérifos : là où l'on évoque davantage une petite grenouille trop bavarde qu'une redoutable méduse...
Située au sud de l’île de Kythnos, dans les Cyclades occidentales, Sérifos (Σεριφος) serait l’île où grandit Persée, qui y rapporta la tête de Méduse pour protéger sa mère des avances insistantes de Polydoctès.
C’est aussi là que les Cyclopes auraient vécu.
Des légendes ajoutent que, eu égard à sa forme en dôme, Sérifos serait le fossile du tyran, roi de l’île, Polydectès.
Bref…, si nous n’avons vu aucune représentation de Méduse, c’est une grenouille bien spéciale qui est le symbole de l’île et en occupe actuellement l’iconographie : les premières monnaies de Sérifos étaient en argent (vers 530 av. J.-C.) et représentaient une grenouille.
Cet animal d’un caractère sacré était lié à Persée…, c’est là que nous retrouvons ce héros !
On dit que Persée, après son aventure pour trouver et tuer la gorgone Méduse, est retourné à Sérifos et s’est couché pour se reposer. Mais les grenouilles du lac le dérangèrent tant avec leurs cris que Persée pria Zeus, son père, de les faire taire. Celui-ci, alors, les a rendues muettes en condamnant les grenouilles un silence éternel.
13. Herakleia ou Iraklia, une île des Petites CycladesMais aussi l'abri du cyclope Polyphème
Herakleia est l’île qui aurait abrité la caverne du cyclope Polyphème, dans l’ « Odyssée ». Ulysse étant imprudemment entré dans son antre, il y est retenu prisonnier avec ses compagnons, et le cyclope en dévore deux par jour. Pour lui échapper, Ulysse l'enivre et l'aveugle en lui enfonçant un pieu dans son oeil unique, alors que celui-ci s'apprêtait à le manger, lui et ses compagnons.
Cet épisode est fondateur de l'épopée et du voyage d'Ulysse : en effet, Poseidon, père du cyclope Polyphème, déclenchera vents et marées contre le navigateur Ulysse, qui va errer dix ans dans la Méditerranée avant de pouvoir rentrer dans sa chère Ithaque.
Illustration ci-contre :
Ulysse et ses compagnons aveuglant Polyphème, amphore proto-attique, vers 650 av. J.-C. musée d’Éleusis.

14. Santorin (Thira) : histoire géologique
L’éruption qui a éventré Santorin à l'origine du mythe du Déluge ?
Aujourd’hui, l’île de Santorin, située dans les Cyclades, à l’ouest de la mer Egée, et reconnaissable à sa forme de croissant, est connue pour être une destination touristique de choix. Mais savez-vous qu’il fut un temps où Santorin n’avait pas cette forme si particulière ? Et que cette dernière témoigne d’une terrible catastrophe ?
En effet, au cours de l’Âge du Bronze, environ 1 600 à 1 500 ans avant notre ère, le volcan qui occupait le centre de l’île est entré en éruption, provoquant ce que les scientifiques ont identifié comme l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices qu’ait connu l’Humanité. L’ampleur du cataclysme fut telle qu’on en a retrouvé des traces jusqu’en... Californie et jusqu’au Groenland ! C’est dire. Evidemment, nombre de recherches ont été effectuées pour comprendre le déroulement de ce genre d’évènements. Et pour comprendre aussi l’impact qu’a pu avoir cette éruption en particulier.
À l’époque qui nous intéresse (au milieu du IIème millénaire av. J.-C. donc), Santorin, l’antique Théra, était occupée par au moins trois cités différentes, dont la prospère Akrotiri. Si cette dernière a été anéantie par l’éruption et recouverte par une couche de pierres ponces et de cendres, tout comme le fut Pompéi des siècles plus tard, les habitants de l’île ont dû percevoir des signes avant-coureurs de la catastrophe car un seul corps a été retrouvé sur place. Aussi, les archéologues pensent-ils que des tremblements de terre ont précédé l’éruption elle-même, ce qui aurait poussé les habitants à fuir.
Cela dit, l’île elle-même a été littéralement éventrée par l’éruption. On l’ignore souvent, mais avant que cette dernière ne survienne, les petites îles qui composent l’archipel actuel ne formaient qu’une seule unique île.
Il faut encore ajouter que cette éruption n’a pas seulement détruit l’île de Théra et les cités qui s’y trouvaient. Le climat de la terre a été durablement modifié - des décennies durant - en raison du gigantesque nuage de cendre projeté dans le ciel. Sans oublier les violents tsunamis provoqués par les secousses sismiques, lesquels auraient ravagé les littoraux du bassin oriental de la Méditerranée. Un souvenir cataclysmique qui pourrait être à l’origine du mythe du Déluge pour certains.
Ci-contre : Santorin avant et après l'éruption. Reconstitution : David Hardy.
Aujourd’hui, l’île de Santorin, située dans les Cyclades, à l’ouest de la mer Egée, et reconnaissable à sa forme de croissant, est connue pour être une destination touristique de choix. Mais savez-vous qu’il fut un temps où Santorin n’avait pas cette forme si particulière ? Et que cette dernière témoigne d’une terrible catastrophe ?
En effet, au cours de l’Âge du Bronze, environ 1 600 à 1 500 ans avant notre ère, le volcan qui occupait le centre de l’île est entré en éruption, provoquant ce que les scientifiques ont identifié comme l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices qu’ait connu l’Humanité. L’ampleur du cataclysme fut telle qu’on en a retrouvé des traces jusqu’en... Californie et jusqu’au Groenland ! C’est dire. Evidemment, nombre de recherches ont été effectuées pour comprendre le déroulement de ce genre d’évènements. Et pour comprendre aussi l’impact qu’a pu avoir cette éruption en particulier.
À l’époque qui nous intéresse (au milieu du IIème millénaire av. J.-C. donc), Santorin, l’antique Théra, était occupée par au moins trois cités différentes, dont la prospère Akrotiri. Si cette dernière a été anéantie par l’éruption et recouverte par une couche de pierres ponces et de cendres, tout comme le fut Pompéi des siècles plus tard, les habitants de l’île ont dû percevoir des signes avant-coureurs de la catastrophe car un seul corps a été retrouvé sur place. Aussi, les archéologues pensent-ils que des tremblements de terre ont précédé l’éruption elle-même, ce qui aurait poussé les habitants à fuir.
Cela dit, l’île elle-même a été littéralement éventrée par l’éruption. On l’ignore souvent, mais avant que cette dernière ne survienne, les petites îles qui composent l’archipel actuel ne formaient qu’une seule unique île.
Il faut encore ajouter que cette éruption n’a pas seulement détruit l’île de Théra et les cités qui s’y trouvaient. Le climat de la terre a été durablement modifié - des décennies durant - en raison du gigantesque nuage de cendre projeté dans le ciel. Sans oublier les violents tsunamis provoqués par les secousses sismiques, lesquels auraient ravagé les littoraux du bassin oriental de la Méditerranée. Un souvenir cataclysmique qui pourrait être à l’origine du mythe du Déluge pour certains.
Ci-contre : Santorin avant et après l'éruption. Reconstitution : David Hardy.


Thyra, mythe de l'Atlantideet archéologie
Les férus d’histoire se rendront à la cité d’Akrotiri. Celle-ci a été complètement enfouie par l’éruption volcanique de 1650 av. J-C.
Selon la légende, Akrotiri serait l’emplacement de l’ancienne cité légendaire d’Atlantide, mentionnée par le philosophe grec Platon.
Les habitants d’Akrotiri vivaient prospères et en harmonie avec les dieux jusqu’à ce que la colère de Poséidon s’abatte sur eux. Le dieu des mers, jaloux de leur puissance et de leur sagesse, aurait englouti la cité sous les flots tumultueux de la mer Égée. Akrotiri devint ainsi un vestige englouti d’une civilisation ancienne, figé à jamais sous les cendres volcaniques de l’éruption cataclysmique qui a également façonné l’île de Santorin.
Les habitants d’Akrotiri vivaient prospères et en harmonie avec les dieux jusqu’à ce que la colère de Poséidon s’abatte sur eux. Le dieu des mers, jaloux de leur puissance et de leur sagesse, aurait englouti la cité sous les flots tumultueux de la mer Égée. Akrotiri devint ainsi un vestige englouti d’une civilisation ancienne, figé à jamais sous les cendres volcaniques de l’éruption cataclysmique qui a également façonné l’île de Santorin.
Pareille histoire évoque Santorin, anciennement nommée Théra ou Thira. Thira aurait été habitée par les descendants du dieu du vin Dionysos et de la princesse phénicienne Arianne. Les ruines de Thira sont, comme Akrotiri, le témoignage d’une civilisation ancienne prospère qui existait sur cette île il y a des milliers d’années. Les fouilles archéologiques ont révélé des vestiges de villes, de maisons, de temples et de routes pavées, montrant la grandeur passée de cette ancienne cité.
15. La Vénus de Milo
Au sud de Plaka se situent les ruines de l’ancienne ville de Milos, entre le hameau de Trypiti et le village côtier de Plaka.
Auprès des murs et les fondations d’un temple et d’un théâtre romains, un paysan-laboureur y découvrit en 1820 une statue d’Aphrodite (sans bras).
Comme, à cette époque, le navire français "Estafette" mouillait à Milos, la statue de celle qui devint la « Vénus de Milo » fut ramenée en France où elle est exposée depuis à l’entrée du musée du Louvre. Pendant le transport, elle perdit le lobe de son oreille.
L’île de Milos fait actuellement tout pour ramener ce trésor dans ses terres.
Pour en savoir davantage, lisez l'article en cliquant sur le lien suivant.


16. Kimolos et ses minerais
L'extraction de craie bien sûr, comme l'indique l'étymologie de Kimolos, mais aussi beaucoup d'autres minerais, ainsi que des pierres précieuses font la renommée ou du moins la particularité de l'île.
Pour en savoir davantage, cliquez sur le lien ci-dessous.
Le monastere de Panormitis
(île de Symi)
17. L'épée de l'archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible
CLe monastère de Panormitis fait partie de l’alignement des sept hauts-lieux michaéliques, qui forment l’ « épée de l’archange St-Michel » au-dessus de l’Europe et de la Méditerranée.
Pour davantage d'information, lire le très intéressant article en lien.


Les sept sanctuaires dédiés à l'archange Michel
L'épée de l'archange, les sept sanctuaires dédiés à saint Michel, le plus grand des archanges sont les suivants :
- 1. Île de Skellig Michael, Irlande
- 2. St Michael's Mount, Royaume-Uni
- 3. Mont-Saint-Michel, France
- 4. Abbaye Sacra di San Michele, Italie
- 5. Sanctuaire du Monte Gargano, Italie
- 6. Monastère de Saint Michel, île de Symi, Grèce
- 7. Monastère Stella Maris, Israël

18. La bataille de Leros (1943)
Los de la campagne du Péloponnèse, l'île de Leros, située aux confins de la Méditerranée orientale, fut le siège d'une cruelle bataille entre les alliés et l'Allemagne.
Il faut rappeler qu'elle avait été occupée par Mussolini de 1923 à cette année-là, à l'instar des autres îles du Dodécanèse, comme Rhodes ou Karpathos. Mussolini voyait en Leros une tête-de-pont vers la Libye, et il l'avait armée en conséquence.
La baie de Lakki était considérée (et l'est toujours) comme le plus profond et le plus large port naturel de cette région de Grèce.
La bataille de Leros a inspiré, de façon assez libre il est vrai, le roman et le film Les Canons de Navarone. Le film a été tourné à Rhodes, et l'île de Navarone n'existe pas ; elle est la version romancée de l'île de Leros.
Longtemps, Leros a dû lutter contre une mauvaise réputation : armée jusqu'aux dents (la moindre baie était minée, la moindre colline équipée d'un fortin), elle a été le théâtre de cruelles batailles navales et terrestres et la dernière demeures de nombreux soldats.
La caserne, qui abritait les troupes italiennes à l'Entre-deux-guerres, est devenue un asile psychiatrique qui n'avait rien à envier à celui de "Vol au-dessus d'un nid de coucous"...
Par la suite, la sinistre bâtisse devint l'exil forcé d'opposants politiques durant la dictature des Colonels.
Enfin, la zone abrite depuis une dizaine d'années des milliers de migrants qu'on voit cheminer au bord de la route jusqu'à à Lakki. La nuit, le camp est puissamment éclairé, empêchant toute fuite d'un lieu qui ressemble, pour ces âmes fuyantes et désespérées, à un cul-de-sac (au mieux), ou à une prison (au pire)...




"Leros..., la Malte de la mer Égée", selon l’expression de Winston Churchill
La plaquette ci-contre, éditée en grec et en anglais par " Leros Active", a été traduite en français par Google et mes soins, avec plus ou moins de bonheur et de fluidité.
Elle a le mérite de présenter Leros non comme un musée en plein air ou sous-marin destiné à des militaires nostalgiques ou des plongeurs aguerris en quête d'épaves, mais comme un voyage dans le temps offert à tous.
De surcroît, elle retrace avec réalisme les combats violents qui ont eu lieu sur cette île il y a plus de quatre-vingts ans, en allant également chercher, quand cela est possible, des témoignages directs auprès des habitants eux-mêmes ou de leurs descendants.

"Leros..., la Malte de la mer Égée" (Winston Churchill)
Leros a été sous occupation turque de 1523 à 1912.
Sous prétexte de la guerre italo-turque, l'Italie a conquis le Dodécanèse et a convaincu les grandes forces européennes qu'elles garderaient temporairement les îles sous leur domination, afin d'avoir un avantage contre la Turquie. Néanmoins, les Italiens sont restés dans le Dodécanèse de 1912 à 1943. Pendant ces années, Leros a été armé et est devenu une énorme base navale.
Lorsque la 2e guerre mondiale éclata, l'Italie était le principal allié d'Hitler.
Mais la guerre a connu ses malheurs. En 1943, les Allemands étaient dans une position très difficile. Mussolini a été renversé et l'Italie s'est rendue aux alliés. Avec la reddition italienne, le 8 septembre 1943, les Britanniques ont trouvé leur chemin vers la mer Égée, en particulier vers le Dodécanèse. Ainsi, ils ont envoyé toutes les forces disponibles pour tenir les îles...
Les Britanniques sont arrivés sur l'île de Leros le 13 septembre 1943. Certains cuirassés grecs qui avaient fait défection lorsque la Grèce s'est rendue sont venus avec la flotte britannique. L'un de ces navires était le destroyer "Reine Olga".
Les Allemands ont été trahis par les Italiens pour la deuxième fois, ils ont donc décidé de conquérir Leros à tout prix...
La bataille de Leros
La bataille appelée « bataille de Leros » a duré 52 jours.
À l'entrée de la baie naturelle de Lakki, un clairon sombre se distingue à une profondeur de 45 mètres sous la mer. Des filets métalliques, des pontons, de gros poissons et une pluralité de la vie marine, complètent cette image bleu foncé sereine et captivante !
En s'approchant de la surface de la mer, une énorme bouée métallique qui y a été laissée depuis la guerre est toujours suspendue comme les buses d'une soucoupe volante...
« Le parachutiste était suspendu à l'envers à un arbre pendant des jours, s'emmêlé avec ses propres suspentes. Jusqu'à sa mort, il criait : « Maman, Maria, de l'eau, de l'eau ». Personne ne est venu à son secours, par peur des Allemands, mais aussi des Anglais. Il y avait une bataille là-bas... » (Michalis Boulafentis, habitant de Leros)
Dans la tour de Belenis, autour de la zone d’Alinta, où les Allemands avait autrefois logé un hôpital temporaire, il y a aujourd'hui un musée étonnant. Provenant du navire "Queen Olga", y sont exposés des armes à feu, des cartes, des documents et de nombreux autres objets impressionnants qui nous emmènent vers un voyage dans le temps et dans l'espace. À quelques pas du musée se trouve un endroit paisible, le British Cemetery, une étape à couper le souffle dans la baie, face à la mer.
Il y a aussi une autre collection étonnante de photographies et d'autres objets au village de Platanos.
Dans la région de St. Nicolas-Radio, où le centre de communication abrité par les Italiens a été sauvé jusqu'à aujourd'hui, il y a aussi une collection privée, un Musée extraordinaire de la Bataille de Leros.
Dans le village de Merikia, l'un des nombreux refuges italiens a été transformé en musée vivant. Des lumières faibles, des galères, des armes à feu, des cartes et des informations complètent l'image de la bataille cruelle.
Ce voyage dans le temps se poursuit avec notre visite à l'immense bâtiment italien de Lepida, où la plupart des marins étaient logés. Le bâtiment peut être vu de loin depuis le port de Lakki, comme un fantôme dans le désert. Le temps qui a passé, les dommages naturels et son ombre la nuit font un ensemble étrange et effrayant.
Aux entrées des ports de Lakki et de Partheni, des filets métalliques ont été coulés pour protéger l'île des sous-marins et des torpilles. La côte de Blefouti avait un filet de fer permanent pour la protection contre les torpilles. Dans les entrepôts, il y avait suffisamment de matériaux pour miner la côte d'Alinta. Il y avait trois formations de déminage, quatre remorqueurs, trois porte-eau, quinze barges, une grue flottante de 120 tonnes et une autre de 40 tonnes.
Il y avait un Service de Communication avec trois bâtiments blindés, des salles de stockage à Panteli avec 300 torpilles et des salles de stockage avec suffisamment de munitions pour durer près d'un an !
Il y avait des installations électriques avec une usine centrale dans le pays et une autre dans une grotte à Agios Georgios avec trois groupes de générateurs électriques. Il y avait des installations de gaz avec cinq réservoirs métalliques souterrains pour le pétrole brut d'une capacité totale de 36000 tonnes. Il y avait des installations de munitions avec des salles de stockage composées de hangars et de grottes artificielles ainsi que toutes les munitions nécessaires prêtes pour une bataille, à chaque batterie.
Il y avait des établissements de santé, un hôpital de 300 lits, un hôpital d'urgence à Alinta avec 50 lits et un hôpital creusé dans la montagne pour les urgences. Il y avait des installations logistiques avec suffisamment de nourriture pour durer environ 8 mois.
Un navire frigorifique appelé "Ivorea" était amarré à Partheni avec 40 tonnes de viande congelée. Il y avait aussi une station sous-marine avec des installations de chargement, des entrepôts et des casernes capables de desservir quatre sous-marins de taille moyenne. Enfin, il y avait un escadron de dix hydravions.
"Mon père était un homme de service, donc, plusieurs fois la nuit, il était emmené par d'autres pour s'occuper des blessés. Une nuit, après qu’ils eurent ramené mon père et furent partis, nous nous entendîmes une explosion de mitrailleuses. Lorsque nous sommes sortis, à quelques pas de notre maison, il y avait une voix appelant : « Mère, Père ». À Alintas, il y avait une rivière qui s'est asséchée et nous y avons trouvé des Anglais. Le lieutenant - qui avait été mortellement blessé - portait des lunettes rondes et il était enveloppé dans le drapeau anglais. Mon père ne put rien faire, l'autre, qui était très jeune, était déjà mort ».(Dimitris Boulafentis. Chirurgien cardiaque)
Si nous pouvons simplement imaginer toutes les installations ci-dessus, si nous pouvions ressentir la tension, alors l'île de Leros est une machine à remonter le temps absolue. Les galeries et les tunnels, les portes fortement blindées, les abris dispersés dans toute l'île, fonctionnent comme une capsule temporelle que l'on peut rencontrer dans très peu d'endroits.
Au port de Lakki, à 31 mètres sous la mer, se trouve silencieusement ce qui reste du destroyer "Queen Olga", un bateau légendaire pour la force navale grecque, qui a meme été décoré par la force navale anglaise. Juste à côté et à une distance de seulement 100 mètres, se trouve le naufrage d'une barge italienne, qui transportait exclusivement des officiers italiens.
Sur la petite île de Strongili, à 17 mètres sous la mer, se trouve un navire de débarquement allemand. Des casques, des armes à feu et d'autres objets des soldats noyés sont dispersés au fond de la mer. Non loin du naufrage allemand, près de la baie de Blefoutis, à 16 mètres sous la mer, se trouve une grande partie du fuselage d'un bombardier allemand, un Heinkel 111. Il semble y avoir été traîné par les filets des pêcheurs. Le reste de l'avion est dispersé là-bas et reste à être découvert. Au grand port naturel de Partheni, à 39 mètres sous le niveau de la mer, se trouve une autre épave d'une beauté unique. C'est un bateau anti-sous-marin italien, qui portait l'énorme filet métallique qui scellait l'entrée du port. Et la liste est longue. Un avion de transport allemand Junkers-52, qui se trouvait à 48 mètres sous la mer dans la baie d'Alinta, n'est plus là. Il a été tiré hors de l’eau et il est entretenu jusqu'à ce jour au Musée de l'Armée de l'air hellénique, attendant de revenir et d'être exposé en permanence dans la cour du musée de Leros à Merikia.
Un deuxième avion de transport allemand Junkers-52, qui transportait des parachutistes, se trouve à l'extérieur de la baie d'Alinta, à 48 mètres de profondeur. Le temps s'est également figé ici... En regardant à l'intérieur de l'avion, nous pouvons distinguer de nombreuses armes et équipements personnels recouverts de sable. Les mitrailleuses latérales sont tournées vers la surface de la mer, avec leurs clips de chargement suspendus, prêtes à tirer...
"Alors que les parachutistes tombaient, l'avion qui venait les a renversés. Les Anglais tiraient sur eux depuis le sol. Il était très difficile pour les Allemands d'atteindre le sol vivants » (Savvas Konstantinidis, habitant de Leros)
« Le bombardement a commencé à être plus fréquent et plus intense.Nous étions étourdis par les ravages, dégoûtés par les ruisseaux noirs qui coulaient sur le sol, par les civières sanglantes qui étaient traînées de colline en colline jusqu'aux postes de premiers secours minables. En un instant, sur un chemin, nous avons vu une colonne grise marcher devant nous. Ils étaient allemands ! Nous pensions que c'était la fin, mais après un deuxième coup d'œil, nous avons vu que les Allemands étaient désarmés et que derrière eux se promenait un soldat anglais à la pointe de la baïonnette ! C'étaient des prisonniers allemands marchant avec arrogance, même s'ils étaient en quelque sorte soumis. Ils ne tournaient pas la tête même lorsque les bombes explosaient à côté d'eux. Ils marchaient comme s’ils avaient marché à un défilé. J'étais mentalement et physiquement fatigué, conduit par la stupide vanité de tout cela. Je voulais m'enfuir. » (Leonard Marshland Gardner, correspondant du journaliste anglais "The Daily Telegraph").
Aujourd'hui, au port de Leros, un panneau accueille ses visiteurs en quatre langues - en grec, en italien, en anglais et en allemand.
Ces quatre pays se sont battus en 1943 dans une guerre d'une intensité exceptionnelle, dont nous savons peu de choses. Depuis lors, des milliers de visiteurs sont venus sur l'île, soit des soldats qui se sont battus sur son sol, soit leurs proches pour rendre hommage à leurs proches qui ont perdu la vie en combattant.
« Les gens qui sont monté sur la colline le lendemain et qui ont vu les hommes morts rapprochés les uns des autres, ont versé des larmes amères pour tout ce qui s'est passé dans ce paysage pittoresque ! Ils avaient encore gravée sur leurs visages l'expression de la haine, de leur dernier effort et de leur lutte ultime. Quoique morts, c’était comme s’ils se donnaient encore des coups de pied parmi les canons éparpillés, les branches cassées, les rochers rasés et la terre.Après la bataille, un officier allemand qui avait conquis des frontières polonaises aux Taigani russes, a déclaré que la bataille de Leros était la plus difficile qu'il ait jamais vue. » (Michalis Samarkos, directeur de Leros)
Leros, une île frontalière d'une beauté exquise, porte encore dans son cœur les cicatrices indélébiles de cette guerre. Il y a encore des fortins éparpillés sur toutes les collines et sur toute l'île. Ils sont creusés dans ses montagnes, comme de petits États indépendants, avec des casernes, des dépôts et des abris, armés de canons qui sont passés dans l'histoire sous le nom de « Canons de Navarone », de mitrailleuses, de couvertures de raids aériens, d'orgues sonores d'air, de phares gigantesques et d'une capacité de combat indépendante pendant de nombreux jours.
L'île de Leros était armée jusqu'aux dents ! Il y avait cinq batteries nautiques, trois de 152 millimètres avec une portée de 18300 mètres et deux de 120 millimètres avec une portée de16000 mètres. Il y avait neuf batteries contre les torpilles et douze batteries de raid aérien et anti-torpilles. Dans l'ensemble, pour sa défense contre les raids aériens, l'île avait dispersé 149 mitrailleuses de différents calibres et 17 phares gigantesques fonctionnant au charbon.
Chaque port naturel de Leros était gardé ou miné.
Poursuivant notre voyage, les routes cahoteuses nous mènent à des collines avec des vues magnifiques, où de nombreux bâtiments, galeries, tunnels, d'énormes porte-canons ont été sauvés ainsi que des boîtes à piles de construction et de style uniques. Le siège britannique est situé sur une colline dans un tunnel traversant, capable d'avoir presque toute l'île sous contrôle.
Comme dans un film, le tunnel a deux portes robustes, des réservoirs de carburant à l'intérieur des rochers et un hôpital creusé au cœur de la colline avec la salle d'opération conservée jusqu'à aujourd'hui en parfait état... !
Document n° 163
Message radiotélégraphique de Leros : « Heure de réception 06:10. Nous sommes proches de la fin, stop. Attention à tous les appels, stop. Le moral est élevé, stop. Nos marins sont courageux, stop. Beaucoup ont été tués, stop. La ligne de défense est maintenant à seulement un kilomètre de nous et nous avons nos cœurs stables, mais notre destin est contre nous, stop. Nous avons fait notre devoir et nous l'exécutons fidèlement, stop. La bataille a été gagnée par les Allemands qui ont utilisé l'arme aérienne, stop. Nous avons été écrasés en l'absence totale de notre Armée de l’Air, stop. Notre commandement ne peut plus donner d'ordres, stop. »
"Pendant 52 jours, ils ont mené une bataille inégale et sans limites. On sait déjà que les avions allemands volaient au-dessus de l'île 24 heures sur 24. En Grande-Bretagne, tout le monde connaît la bataille de Crète, mais ils ne savent rien de la bataille de Leros. Tout le monde pense que le dernier parachutiste allemand engagé dans la bataille était en Crète. Faux. La dernière fois, c'était sur l'île de Leros. » (Reg Nipp, soldat anglais du King's Own).
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"Voyagez avec nous...
Plongez avec nous...
Pour un voyage dans le temps... lors de la bataille de Leros
Une proposition de vacances alternative, sur une île grecque.
Promenez-vous dans l'incroyable beauté et la vue, les collines et les montagnes de Leros, où sont dispersés les restes de batteries d'artillerie italiennes avec les canons de Navarone, des abris de guerre uniques creusés dans les entrailles des montagnes, le château byzantin de la Vierge Marie, les musées, les collections privées et bien plus encore.
Plongez dans l'eau bleue et claire et voyagez dans le temps...
Retournez en 1943 lorsque les parachutistes ont sauté pour conquérir l'île de Leros...
Des navires, des avions, des épaves uniques sauvés en tant que "musées", des monuments historiques d'une beauté incomparable qui sont découverts encore aujourd'hui dans la zone maritime au large de Leros...
Vivez l'expérience qui peut changer même pour un instant la façon dont vous voyez et réalisez le monde qui vous entoure."
Leros a été sous occupation turque de 1523 à 1912.
Sous prétexte de la guerre italo-turque, l'Italie a conquis le Dodécanèse et a convaincu les grandes forces européennes qu'elles garderaient temporairement les îles sous leur domination, afin d'avoir un avantage contre la Turquie. Néanmoins, les Italiens sont restés dans le Dodécanèse de 1912 à 1943. Pendant ces années, Leros a été armé et est devenu une énorme base navale.
Lorsque la 2e guerre mondiale éclata, l'Italie était le principal allié d'Hitler.
Mais la guerre a connu ses malheurs. En 1943, les Allemands étaient dans une position très difficile. Mussolini a été renversé et l'Italie s'est rendue aux alliés. Avec la reddition italienne, le 8 septembre 1943, les Britanniques ont trouvé leur chemin vers la mer Égée, en particulier vers le Dodécanèse. Ainsi, ils ont envoyé toutes les forces disponibles pour tenir les îles...
Les Britanniques sont arrivés sur l'île de Leros le 13 septembre 1943. Certains cuirassés grecs qui avaient fait défection lorsque la Grèce s'est rendue sont venus avec la flotte britannique. L'un de ces navires était le destroyer "Reine Olga".
Les Allemands ont été trahis par les Italiens pour la deuxième fois, ils ont donc décidé de conquérir Leros à tout prix...
La bataille de Leros
La bataille appelée « bataille de Leros » a duré 52 jours.
Le 15 novembre 1943, Leros avait 22300 personnes sur son terrain. : 8000 Italiens, 3800 Anglais, 6000 Lerians et 4500 Allemands. Les Britanniques ont perdu 600 hommes, 3000 ont été faits prisonniers et 250 ont réussi à s'enfuir. Les Italiens ont perdu environ 400 hommes, 12 officiers ont été exécutés pour haute trahison, 5351 ont été faits prisonniers et près de 2000 hommes se sont enfuis. Les Allemands ont perdu près de 600 hommes et environ 2000 de leurs soldats se sont perdus dans la mer. Du 6 au 31 septembre du même mois, 300 raids aériens ont été estimés, 1369 vols d'avion et 30000 missiles ont été tirés par les batteries anti-engins.
À l'entrée de la baie naturelle de Lakki, un clairon sombre se distingue à une profondeur de 45 mètres sous la mer. Des filets métalliques, des pontons, de gros poissons et une pluralité de la vie marine, complètent cette image bleu foncé sereine et captivante !
En s'approchant de la surface de la mer, une énorme bouée métallique qui y a été laissée depuis la guerre est toujours suspendue comme les buses d'une soucoupe volante...
« Le parachutiste était suspendu à l'envers à un arbre pendant des jours, s'emmêlé avec ses propres suspentes. Jusqu'à sa mort, il criait : « Maman, Maria, de l'eau, de l'eau ». Personne ne est venu à son secours, par peur des Allemands, mais aussi des Anglais. Il y avait une bataille là-bas... » (Michalis Boulafentis, habitant de Leros)
Dans la tour de Belenis, autour de la zone d’Alinta, où les Allemands avait autrefois logé un hôpital temporaire, il y a aujourd'hui un musée étonnant. Provenant du navire "Queen Olga", y sont exposés des armes à feu, des cartes, des documents et de nombreux autres objets impressionnants qui nous emmènent vers un voyage dans le temps et dans l'espace. À quelques pas du musée se trouve un endroit paisible, le British Cemetery, une étape à couper le souffle dans la baie, face à la mer.
Il y a aussi une autre collection étonnante de photographies et d'autres objets au village de Platanos.
Dans la région de St. Nicolas-Radio, où le centre de communication abrité par les Italiens a été sauvé jusqu'à aujourd'hui, il y a aussi une collection privée, un Musée extraordinaire de la Bataille de Leros.
Dans le village de Merikia, l'un des nombreux refuges italiens a été transformé en musée vivant. Des lumières faibles, des galères, des armes à feu, des cartes et des informations complètent l'image de la bataille cruelle.
Ce voyage dans le temps se poursuit avec notre visite à l'immense bâtiment italien de Lepida, où la plupart des marins étaient logés. Le bâtiment peut être vu de loin depuis le port de Lakki, comme un fantôme dans le désert. Le temps qui a passé, les dommages naturels et son ombre la nuit font un ensemble étrange et effrayant.
Aux entrées des ports de Lakki et de Partheni, des filets métalliques ont été coulés pour protéger l'île des sous-marins et des torpilles. La côte de Blefouti avait un filet de fer permanent pour la protection contre les torpilles. Dans les entrepôts, il y avait suffisamment de matériaux pour miner la côte d'Alinta. Il y avait trois formations de déminage, quatre remorqueurs, trois porte-eau, quinze barges, une grue flottante de 120 tonnes et une autre de 40 tonnes.
Il y avait un Service de Communication avec trois bâtiments blindés, des salles de stockage à Panteli avec 300 torpilles et des salles de stockage avec suffisamment de munitions pour durer près d'un an !
Il y avait des installations électriques avec une usine centrale dans le pays et une autre dans une grotte à Agios Georgios avec trois groupes de générateurs électriques. Il y avait des installations de gaz avec cinq réservoirs métalliques souterrains pour le pétrole brut d'une capacité totale de 36000 tonnes. Il y avait des installations de munitions avec des salles de stockage composées de hangars et de grottes artificielles ainsi que toutes les munitions nécessaires prêtes pour une bataille, à chaque batterie.
Il y avait des établissements de santé, un hôpital de 300 lits, un hôpital d'urgence à Alinta avec 50 lits et un hôpital creusé dans la montagne pour les urgences. Il y avait des installations logistiques avec suffisamment de nourriture pour durer environ 8 mois.
Un navire frigorifique appelé "Ivorea" était amarré à Partheni avec 40 tonnes de viande congelée. Il y avait aussi une station sous-marine avec des installations de chargement, des entrepôts et des casernes capables de desservir quatre sous-marins de taille moyenne. Enfin, il y avait un escadron de dix hydravions.
"Mon père était un homme de service, donc, plusieurs fois la nuit, il était emmené par d'autres pour s'occuper des blessés. Une nuit, après qu’ils eurent ramené mon père et furent partis, nous nous entendîmes une explosion de mitrailleuses. Lorsque nous sommes sortis, à quelques pas de notre maison, il y avait une voix appelant : « Mère, Père ». À Alintas, il y avait une rivière qui s'est asséchée et nous y avons trouvé des Anglais. Le lieutenant - qui avait été mortellement blessé - portait des lunettes rondes et il était enveloppé dans le drapeau anglais. Mon père ne put rien faire, l'autre, qui était très jeune, était déjà mort ».(Dimitris Boulafentis. Chirurgien cardiaque)
Si nous pouvons simplement imaginer toutes les installations ci-dessus, si nous pouvions ressentir la tension, alors l'île de Leros est une machine à remonter le temps absolue. Les galeries et les tunnels, les portes fortement blindées, les abris dispersés dans toute l'île, fonctionnent comme une capsule temporelle que l'on peut rencontrer dans très peu d'endroits.
Au port de Lakki, à 31 mètres sous la mer, se trouve silencieusement ce qui reste du destroyer "Queen Olga", un bateau légendaire pour la force navale grecque, qui a meme été décoré par la force navale anglaise. Juste à côté et à une distance de seulement 100 mètres, se trouve le naufrage d'une barge italienne, qui transportait exclusivement des officiers italiens.
Sur la petite île de Strongili, à 17 mètres sous la mer, se trouve un navire de débarquement allemand. Des casques, des armes à feu et d'autres objets des soldats noyés sont dispersés au fond de la mer. Non loin du naufrage allemand, près de la baie de Blefoutis, à 16 mètres sous la mer, se trouve une grande partie du fuselage d'un bombardier allemand, un Heinkel 111. Il semble y avoir été traîné par les filets des pêcheurs. Le reste de l'avion est dispersé là-bas et reste à être découvert. Au grand port naturel de Partheni, à 39 mètres sous le niveau de la mer, se trouve une autre épave d'une beauté unique. C'est un bateau anti-sous-marin italien, qui portait l'énorme filet métallique qui scellait l'entrée du port. Et la liste est longue. Un avion de transport allemand Junkers-52, qui se trouvait à 48 mètres sous la mer dans la baie d'Alinta, n'est plus là. Il a été tiré hors de l’eau et il est entretenu jusqu'à ce jour au Musée de l'Armée de l'air hellénique, attendant de revenir et d'être exposé en permanence dans la cour du musée de Leros à Merikia.
Un deuxième avion de transport allemand Junkers-52, qui transportait des parachutistes, se trouve à l'extérieur de la baie d'Alinta, à 48 mètres de profondeur. Le temps s'est également figé ici... En regardant à l'intérieur de l'avion, nous pouvons distinguer de nombreuses armes et équipements personnels recouverts de sable. Les mitrailleuses latérales sont tournées vers la surface de la mer, avec leurs clips de chargement suspendus, prêtes à tirer...
"Alors que les parachutistes tombaient, l'avion qui venait les a renversés. Les Anglais tiraient sur eux depuis le sol. Il était très difficile pour les Allemands d'atteindre le sol vivants » (Savvas Konstantinidis, habitant de Leros)
« Le bombardement a commencé à être plus fréquent et plus intense.Nous étions étourdis par les ravages, dégoûtés par les ruisseaux noirs qui coulaient sur le sol, par les civières sanglantes qui étaient traînées de colline en colline jusqu'aux postes de premiers secours minables. En un instant, sur un chemin, nous avons vu une colonne grise marcher devant nous. Ils étaient allemands ! Nous pensions que c'était la fin, mais après un deuxième coup d'œil, nous avons vu que les Allemands étaient désarmés et que derrière eux se promenait un soldat anglais à la pointe de la baïonnette ! C'étaient des prisonniers allemands marchant avec arrogance, même s'ils étaient en quelque sorte soumis. Ils ne tournaient pas la tête même lorsque les bombes explosaient à côté d'eux. Ils marchaient comme s’ils avaient marché à un défilé. J'étais mentalement et physiquement fatigué, conduit par la stupide vanité de tout cela. Je voulais m'enfuir. » (Leonard Marshland Gardner, correspondant du journaliste anglais "The Daily Telegraph").
Aujourd'hui, au port de Leros, un panneau accueille ses visiteurs en quatre langues - en grec, en italien, en anglais et en allemand.
Ces quatre pays se sont battus en 1943 dans une guerre d'une intensité exceptionnelle, dont nous savons peu de choses. Depuis lors, des milliers de visiteurs sont venus sur l'île, soit des soldats qui se sont battus sur son sol, soit leurs proches pour rendre hommage à leurs proches qui ont perdu la vie en combattant.
« Les gens qui sont monté sur la colline le lendemain et qui ont vu les hommes morts rapprochés les uns des autres, ont versé des larmes amères pour tout ce qui s'est passé dans ce paysage pittoresque ! Ils avaient encore gravée sur leurs visages l'expression de la haine, de leur dernier effort et de leur lutte ultime. Quoique morts, c’était comme s’ils se donnaient encore des coups de pied parmi les canons éparpillés, les branches cassées, les rochers rasés et la terre.Après la bataille, un officier allemand qui avait conquis des frontières polonaises aux Taigani russes, a déclaré que la bataille de Leros était la plus difficile qu'il ait jamais vue. » (Michalis Samarkos, directeur de Leros)
Leros, une île frontalière d'une beauté exquise, porte encore dans son cœur les cicatrices indélébiles de cette guerre. Il y a encore des fortins éparpillés sur toutes les collines et sur toute l'île. Ils sont creusés dans ses montagnes, comme de petits États indépendants, avec des casernes, des dépôts et des abris, armés de canons qui sont passés dans l'histoire sous le nom de « Canons de Navarone », de mitrailleuses, de couvertures de raids aériens, d'orgues sonores d'air, de phares gigantesques et d'une capacité de combat indépendante pendant de nombreux jours.
L'île de Leros était armée jusqu'aux dents ! Il y avait cinq batteries nautiques, trois de 152 millimètres avec une portée de 18300 mètres et deux de 120 millimètres avec une portée de16000 mètres. Il y avait neuf batteries contre les torpilles et douze batteries de raid aérien et anti-torpilles. Dans l'ensemble, pour sa défense contre les raids aériens, l'île avait dispersé 149 mitrailleuses de différents calibres et 17 phares gigantesques fonctionnant au charbon.
Chaque port naturel de Leros était gardé ou miné.
Poursuivant notre voyage, les routes cahoteuses nous mènent à des collines avec des vues magnifiques, où de nombreux bâtiments, galeries, tunnels, d'énormes porte-canons ont été sauvés ainsi que des boîtes à piles de construction et de style uniques. Le siège britannique est situé sur une colline dans un tunnel traversant, capable d'avoir presque toute l'île sous contrôle.
Comme dans un film, le tunnel a deux portes robustes, des réservoirs de carburant à l'intérieur des rochers et un hôpital creusé au cœur de la colline avec la salle d'opération conservée jusqu'à aujourd'hui en parfait état... !
Document n° 163
Message radiotélégraphique de Leros : « Heure de réception 06:10. Nous sommes proches de la fin, stop. Attention à tous les appels, stop. Le moral est élevé, stop. Nos marins sont courageux, stop. Beaucoup ont été tués, stop. La ligne de défense est maintenant à seulement un kilomètre de nous et nous avons nos cœurs stables, mais notre destin est contre nous, stop. Nous avons fait notre devoir et nous l'exécutons fidèlement, stop. La bataille a été gagnée par les Allemands qui ont utilisé l'arme aérienne, stop. Nous avons été écrasés en l'absence totale de notre Armée de l’Air, stop. Notre commandement ne peut plus donner d'ordres, stop. »
"Pendant 52 jours, ils ont mené une bataille inégale et sans limites. On sait déjà que les avions allemands volaient au-dessus de l'île 24 heures sur 24. En Grande-Bretagne, tout le monde connaît la bataille de Crète, mais ils ne savent rien de la bataille de Leros. Tout le monde pense que le dernier parachutiste allemand engagé dans la bataille était en Crète. Faux. La dernière fois, c'était sur l'île de Leros. » (Reg Nipp, soldat anglais du King's Own).
————————————————
"Voyagez avec nous...
Plongez avec nous...
Pour un voyage dans le temps... lors de la bataille de Leros
Une proposition de vacances alternative, sur une île grecque.
Promenez-vous dans l'incroyable beauté et la vue, les collines et les montagnes de Leros, où sont dispersés les restes de batteries d'artillerie italiennes avec les canons de Navarone, des abris de guerre uniques creusés dans les entrailles des montagnes, le château byzantin de la Vierge Marie, les musées, les collections privées et bien plus encore.
Plongez dans l'eau bleue et claire et voyagez dans le temps...
Retournez en 1943 lorsque les parachutistes ont sauté pour conquérir l'île de Leros...
Des navires, des avions, des épaves uniques sauvés en tant que "musées", des monuments historiques d'une beauté incomparable qui sont découverts encore aujourd'hui dans la zone maritime au large de Leros...
Vivez l'expérience qui peut changer même pour un instant la façon dont vous voyez et réalisez le monde qui vous entoure."
(Conclusion de la plaquette historique citée plus haut : Discover History... Discover Leros. "Leros... la Malte de la mer Égée")

Porto Lago, la ville au style rationaliste de la mer Égée
SOURCE : GRÈCE HEBDO Aug 25, 2023 (lien en fin d'article)
Il existe dans l’île de Leros - partie de l’archipel du Dodécanèse dans la mer Égée - une ville bizarre qui ressemble à un ancien décor de cinéma avec des bâtiments étranges d’une typologie architecturale unique, un mélange en fait d’art déco et de Bauhaus.
Il existe dans l’île de Leros - partie de l’archipel du Dodécanèse dans la mer Égée - une ville bizarre qui ressemble à un ancien décor de cinéma avec des bâtiments étranges d’une typologie architecturale unique, un mélange en fait d’art déco et de Bauhaus.
C’est la ville de Lakki, ou Porto Lago comme on l’appelait à l’origine lors de sa construction dans les années 1930, pendant l’occupation italienne du Dodécanèse.
La position stratégique de Lakki
L‘histoire de la ville commence au début du XXe siècle en 1912, lorsque Leros, comme le reste du Dodécanèse, est passé sous le contrôle italien. Bénéficiant d’une position stratégique et de l’un des plus grands ports naturels d’Europe du Sud, c’est ici que, plus tard, Mussolini décida d’accueillir la marine royale italienne dans le cadre de son plan de contrôle de la Méditerranée orientale.
L’architecture rationaliste italienne
À l’époque, toute la baie était un marécage inhabité et les autorités ont commencé à remplir la zone avec des tonnes de béton importées d’Italie. Petrakko et Bernabiti ont bien étudié la région et commencé à planifier leur ville utopique à partir de zéro selon les critères du nouveau modèle d’urbanisme italien. Aujourd’hui la ville de Porto Lago (Lakki après le rattachement du Dodécanèse à la Grèce en 1948) est l’un des exemples les plus représentatifs de l’architecture rationaliste italienne.
La nouvelle ville de Porto Lago
Les bâtiments les plus emblématiques
Le rationalisme méditerranéen
Pendant la Seconde Guerre mondiale une grande bataille a eu lieu sur l’île de Leros lorsque l’Italie a quitté l’Axe. La “Bataille de Leros” - qui a inspiré le célèbre roman Les canons de Navarone et le film du même nom - a commencé le 26 septembre 1943 et a duré 52 jours. L’île, bombardée quotidiennement, a été touchée 190 fois. En raison de cette bataille, la mer autour de Leros est pleine de vestiges et d’épaves qui font de l’île de Leros un musée unique !
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le rattachement du Dodécanèse à la Grèce, les habitants italiens de Lakki sont partis.
Déclaration des bâtiments comme monuments historiques par le ministère de la Culture
La position stratégique de Lakki
L‘histoire de la ville commence au début du XXe siècle en 1912, lorsque Leros, comme le reste du Dodécanèse, est passé sous le contrôle italien. Bénéficiant d’une position stratégique et de l’un des plus grands ports naturels d’Europe du Sud, c’est ici que, plus tard, Mussolini décida d’accueillir la marine royale italienne dans le cadre de son plan de contrôle de la Méditerranée orientale.
En 1923, la base aéronautique G. Rossetti est établie dans la région de Lepida, avec des hangars pour les hydravions, des installations militaires et quelques maisons. “Mais le besoin toujours croissant de logements pour les officiers et leurs familles a conduit l’administration italienne à établir une nouvelle ville, Porto Lago, sur la côte opposée”, explique le professeur d’architecture Vassilis Kolonas dans son livre L’architecture italienne dans le Dodécanèse, 1912-1943.
Le gouverneur italien Mario Lago est le responsable pour la coordination d’un ambitieux programme d’infrastructures sur l’île de Leros. Le nom de Porto Lago est en fait un jeu de mots. D’une part, il fait référence à la baie, qui a une ouverture étroite et ressemble à un lac (lago), et d’autre part au nom de famille du gouverneur. Le célèbre architecte de l’époque Florestano di Fausto dont les œuvres ornent Rhodes et Kos, villes d’Italie et de ses anciennes colonies, l’Albanie et la Libye a été invité pour faire la planification de la ville. Mais ce sont les architectes Rodolfo Petrakko et Armando Bernabiti qui ont finalement construit une ville moderne dans le port afin d’y loger des milliers d’Italiens, y compris des militaires et leurs familles.
Le gouverneur italien Mario Lago est le responsable pour la coordination d’un ambitieux programme d’infrastructures sur l’île de Leros. Le nom de Porto Lago est en fait un jeu de mots. D’une part, il fait référence à la baie, qui a une ouverture étroite et ressemble à un lac (lago), et d’autre part au nom de famille du gouverneur. Le célèbre architecte de l’époque Florestano di Fausto dont les œuvres ornent Rhodes et Kos, villes d’Italie et de ses anciennes colonies, l’Albanie et la Libye a été invité pour faire la planification de la ville. Mais ce sont les architectes Rodolfo Petrakko et Armando Bernabiti qui ont finalement construit une ville moderne dans le port afin d’y loger des milliers d’Italiens, y compris des militaires et leurs familles.
L’architecture rationaliste italienne
À l’époque, toute la baie était un marécage inhabité et les autorités ont commencé à remplir la zone avec des tonnes de béton importées d’Italie. Petrakko et Bernabiti ont bien étudié la région et commencé à planifier leur ville utopique à partir de zéro selon les critères du nouveau modèle d’urbanisme italien. Aujourd’hui la ville de Porto Lago (Lakki après le rattachement du Dodécanèse à la Grèce en 1948) est l’un des exemples les plus représentatifs de l’architecture rationaliste italienne.
Le rationalisme est un mouvement architectural qui a vu le jour au début du XXe siècle en Italie et qui mettait l’accent sur une conception fonctionnelle fondée sur les idéaux de pureté, de logique et d’œcuménisme. Il s’inspire de tendances émergentes telles que le modernisme et le futurisme, ainsi que de la géométrie classique des anciens temples grecs et romains.
Ce nouveau courant semblait être la réponse la plus sensée aux aspirations du chef du parti fasciste : celles de démontrer que le progrès et l’adaptation à une nouvelle époque d’idées jeunes étaient des concepts fondamentaux pour permettre à l’Italie de devenir une puissance économique et politique. En même temps, le nouveau régime fasciste italien tentait activement d’”italianiser” le Dodécanèse en rendant l’apprentissage de l’italien obligatoire, en incitant les habitants à acquérir la nationalité italienne et en supprimant les institutions grecques.
La nouvelle ville de Porto Lago
La nouvelle ville, Porto Lago, construite de 1930 à 1936, avait tout ce qu’il fallait, des bâtiments publics aux logements pour les officiers et les soldats. Le résultat est un ensemble architectural unifié, construit selon les principes du rationalisme. L’église, le théâtre, l’école, l’hôpital, la caserne d’artillerie, l’hôtel et surtout le marché circulaire avec la tour de l’horloge forment un ensemble architectural d’une cohérence unique.
Avec une série de longues rues incurvées, Porto Lago privilégie l’efficacité et l’ordre, tout en offrant un sentiment de beauté et d’harmonie. Sur le périmètre est, une voie ferrée transporterait les marchandises du port à la douane. À côté se trouve la zone économique, avec un cinéma, un marché et un hôtel. À l’intérieur de la ville, la zone résidentielle se compose d’immeubles séparés pour les officiers et les travailleurs. De grandes places ont été aménagées et des centaines de pins et d’eucalyptus ont été plantés.
Avec une série de longues rues incurvées, Porto Lago privilégie l’efficacité et l’ordre, tout en offrant un sentiment de beauté et d’harmonie. Sur le périmètre est, une voie ferrée transporterait les marchandises du port à la douane. À côté se trouve la zone économique, avec un cinéma, un marché et un hôtel. À l’intérieur de la ville, la zone résidentielle se compose d’immeubles séparés pour les officiers et les travailleurs. De grandes places ont été aménagées et des centaines de pins et d’eucalyptus ont été plantés.
Les maisons sont de gracieux bâtiments cylindriques et cubiques avec de vastes jardins. Il y a des bâtiments aux façades simples mais impressionnantes, des murs blancs, des courbes et des fenêtres encastrées, un mélange d’art déco et de Bauhaus. Les bâtiments se caractérisent par de grandes surfaces rugueuses et une combinaison de volumes géométriques simples et de lignes courbes ou droites simples, avec de grandes fenêtres sans éléments décoratifs, qui définissent uniquement l’utilisation (garde-corps tubulaires, mains courantes, etc.).
Les bâtiments les plus emblématiques
Le Cinéma Roma
Le bâtiment, construit en 1938, forme un seul complexe avec l’Albergo Roma (l’hôtel) adjacent. Aujourd’hui, il est entièrement restauré et fonctionne à la fois comme cinéma et théâtre.
La Municipalité et la Casa Littoria
La Municipalité et la Casa Littoria
Il s’agit d’un bâtiment multifonctionnel situé sur la place centrale face à la mer qui servait de mairie, de pharmacie et de bureau de poste. La partie faisant face à la mer était désignée comme Casa Littoria et servait de siège à plusieurs associations fascistes. Le bâtiment a été détruite pendant la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui il est utilisé à diverses fins, notamment pour des cafés, des restaurants et des boutiques.
L’Albergo Roma
L’Albergo Roma
L’hôtel a été construit avec le cinéma-théâtre adjacent, formant un seul bloc. Après le rattachement du Dodécanèse à la Grèce en 1948, le bâtiment a rouvert ses portes en tant qu’hôtel, rebaptisé “Hotel Leros”, qui a fonctionné jusqu’au milieu des années quatre-vingt. Aujourd’hui, l’hôtel est en cours de reconstruction.
La partie orientale de la ville était une zone militaire et comprenait les casernes de la marine (Caserma Marinai), les casernes de l’infanterie (Caserma Regina), l’hôpital, les entrepôts et d’autres bâtiments secondaires.
Le rationalisme méditerranéen
Pourtant, selon les spécialistes, même au sein du mouvement rationaliste, Lakki reste un cas étrange. L’architecture de Lakki est variée, inclusive et imaginative, alors que les villes italiennes étaient rigides, monotones et inutilement monumentales. C’est pour cela que l’historien de l’architecture Vassilis Kolonas, dans son livre Italian Architecture in the Dodecanese 1912-1943 parle de “rationalisme méditerranéen” aux tons bas, soulignant l’affinité morphologique entre l’architecture moderne et l’architecture cubiste des îles méditerranéennes : surfaces blanches, cubes, toits plats.
La ville est considérée comme la seule ville au style véritablement rationaliste en dehors de l’Italie. Elle est également “la seule ville européenne conçue et réalisée au XXe siècle à partir de zéro sans constituer une extension d’une ville existante” affirme l’architecte Dimitris Isichos dans son livre La ville de Lakki de Leros – La citta di Portolago – La conception architecturale et l’influence du rationalisme dans les travaux des Italiens sur l’île de Leros.
Les architectes Petrakko et Bernabiti se sont inspirés des peintures de Giorgio de Chiirico, faisant allusion à la “ville métaphysique” du grand peintre, ainsi que de la géométrie des temples anciens et du modernisme optimiste de l’Art déco. Il y a un sens du jeu et peut-être de l’absurde dans leurs créations et il semble qu’ils se sont échappés au contrôle politique renforcé d’Italie. Le résultat est l’une des expérimentations les plus audacieuses et uniques du XXe siècle en matière d’architecture et d’urbanisme.
Les constructions ont été interrompues par la Seconde Guerre mondiale et le plan original n’a jamais été achevé.
Pendant la Seconde Guerre mondiale une grande bataille a eu lieu sur l’île de Leros lorsque l’Italie a quitté l’Axe. La “Bataille de Leros” - qui a inspiré le célèbre roman Les canons de Navarone et le film du même nom - a commencé le 26 septembre 1943 et a duré 52 jours. L’île, bombardée quotidiennement, a été touchée 190 fois. En raison de cette bataille, la mer autour de Leros est pleine de vestiges et d’épaves qui font de l’île de Leros un musée unique !
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le rattachement du Dodécanèse à la Grèce, les habitants italiens de Lakki sont partis.
Une partie des installations de Lakki et de la région de Lepida ont été utilisées pour abriter l’hôpital de Leros, qui accueillait essentiellement, jusqu’à il y a quelques années, des malades mentaux.
Pendant la dictature, un camp de prisonniers politiques a été installé à Lakki et à Partheni.
Les résidences des officiers italiens sont passées aux mains des habitants de l’île, tandis que certains des bâtiments les plus emblématiques de la colonie, comme l’hôtel (qui a fonctionné jusque dans les années 1970) et le cinéma, sont aujourd’hui la propriété de la municipalité de Leros.
Aujourd’hui Lakki compte moins de 2 000 habitants alors qu’à son apogée, à la fin des années 1930, plus de 8 000 personnes habitaient la ville.
Déclaration des bâtiments comme monuments historiques par le ministère de la Culture
Récemment le ministère de la Culture a déclaré comme monuments historiques les bâtiments de la caserne navale (Caserma Marinai), un excellent exemple d’éclectisme connue aujourd’hui sous le nom de Poseidonio, le grand entrepôt du port (Il Grande Magazino) qui est de style “déco” et l’aérophone, l’ancêtre du radar, qui, avec ses murs acoustiques incurvés, ses installations souterraines et sa zone environnante, est un exemple unique d’architecture militaire en Grèce et l’une des rares installations aéronautiques avec une couverture de 360 degrés qui subsistent en Europe.
Ces monuments, qui sont des exemples typiques de l’architecture du XXe siècle, témoignent de l’évolution de la région d’un point de vue architectural, culturel et historique. Le ministère de la Culture, dans le but de promouvoir le patrimoine culturel et la physionomie architecturale et urbanistique unique de Leros, a préparé avec l’université technique nationale d’Athènes et l’université de Thessalie un plan stratégique pour la gestion intégrée, la protection et la promotion des monuments de l’île.
Lakki (Porto Lago) aujourd’hui – Source: discovergreece.com
Ces monuments, qui sont des exemples typiques de l’architecture du XXe siècle, témoignent de l’évolution de la région d’un point de vue architectural, culturel et historique. Le ministère de la Culture, dans le but de promouvoir le patrimoine culturel et la physionomie architecturale et urbanistique unique de Leros, a préparé avec l’université technique nationale d’Athènes et l’université de Thessalie un plan stratégique pour la gestion intégrée, la protection et la promotion des monuments de l’île.
Lakki (Porto Lago) aujourd’hui – Source: discovergreece.com
Sources
Dimitris Isichos : La ville de Lakki de Leros – La citta di Portolago – La conception architecturale et l’influence du rationalisme dans les travaux des Italiens sur l’île de Leros, 2015 (en grec)
Vassilis Kolonas : L’architecture italienne dans le Dodécanèse, 1912-1943,, 2002 (en grec)
Site web officiel de la municipalité de Leros – https://www.leros.gr/en/the-detailed-history-leros-island.html
Site web Leros Military History – https://lerosmilitaryhistory.com/
Site web https://lerosisland.gr/en/
Site web Leros Military History – https://lerosmilitaryhistory.com/
Site web https://lerosisland.gr/en/
SOURCE : GRÈCE HEBDO, 25 août 2023



19. Le saborda-ge du Panayoti par le capitaine Bisson (1827) sur l'île d'Astipaléa
Biographie d’Hippolyte Bisson
Années de formation
« Né dans une famille républicaine le 5 février 1796 à Guémené sur Scorff, dans le Morbihan, Hippolyte Magloire Bisson embrasse une carrière de marin en s'engageant comme novice en 1809, à l'âge de treize ans. En septembre 1811, il intègre à Brest l'École impériale de la Marine, voie royale pour devenir officier. À l'instar de ses condisciples, il apprend auprès de ses professeurs les tactiques de combat naval, l'art subtil de la navigation à la française et, bien sûr, la haine de l'ennemi héréditaire anglais. Sur les bancs de cette école d'officiers, on entend former des cadres de haut niveau, l'ossature d'une Marine décimée par les guerres de la Révolution et Trafalgar. L'effort colossal consenti pour la reconstruction de la flotte doit en effet aller de pair avec l'émergence d'une nouvelle génération d'officiers : depuis la chute de l'Ancien régime et la création des grandes écoles, la promotion se fait uniquement au mérite et n'est plus fonction des quartiers de noblesse. L'Empereur veut des officiers sortis du rang.
Talentueux, loué par ses professeurs, Hippolyte Bisson débute une carrière prometteuse qui l'amène à faire le tour du monde, aux Antilles, à Terre-Neuve ou bien encore au Sénégal. En 1821, il devient enseigne de vaisseau, c'est-à-dire sous-lieutenant. C'est à ce titre qu'en 1825 il commande en second la goélette Daphné, affectée à la lutte contre la piraterie. En 1827, il sert sur la frégate La Magicienne, engagée dans l'escadre du contre-amiral de Rigny.
Années de formation
« Né dans une famille républicaine le 5 février 1796 à Guémené sur Scorff, dans le Morbihan, Hippolyte Magloire Bisson embrasse une carrière de marin en s'engageant comme novice en 1809, à l'âge de treize ans. En septembre 1811, il intègre à Brest l'École impériale de la Marine, voie royale pour devenir officier. À l'instar de ses condisciples, il apprend auprès de ses professeurs les tactiques de combat naval, l'art subtil de la navigation à la française et, bien sûr, la haine de l'ennemi héréditaire anglais. Sur les bancs de cette école d'officiers, on entend former des cadres de haut niveau, l'ossature d'une Marine décimée par les guerres de la Révolution et Trafalgar. L'effort colossal consenti pour la reconstruction de la flotte doit en effet aller de pair avec l'émergence d'une nouvelle génération d'officiers : depuis la chute de l'Ancien régime et la création des grandes écoles, la promotion se fait uniquement au mérite et n'est plus fonction des quartiers de noblesse. L'Empereur veut des officiers sortis du rang.
Talentueux, loué par ses professeurs, Hippolyte Bisson débute une carrière prometteuse qui l'amène à faire le tour du monde, aux Antilles, à Terre-Neuve ou bien encore au Sénégal. En 1821, il devient enseigne de vaisseau, c'est-à-dire sous-lieutenant. C'est à ce titre qu'en 1825 il commande en second la goélette Daphné, affectée à la lutte contre la piraterie. En 1827, il sert sur la frégate La Magicienne, engagée dans l'escadre du contre-amiral de Rigny.
À cette époque, la flotte du Levant croise au large de la Grèce. Sur le continent, les patriotes ont pris les armes contre les Ottomans et luttent pour leur indépendance. La France entend bien faire entendre sa voix. »
Les enjeux géo-politiques de l’indépendance de la Grèce face aux Turcs
« Depuis 1821, la Grèce est en état d'insurrection contre le suzerain ottoman et son représentant local, le terrible Ali Pacha. En Europe, où le philhellénisme est puissant, on se passionne pour la cause de ces Grecs épris de liberté. Les premières victoires remportées par les patriotes ne durent cependant pas. En 1822, sur la riche île de Chios, dans la Mer Égée, les Ottomans font un exemple brutal en massacrant 25000 Grecs et en en réduisant 15000 autres à l'état d'esclaves. [Cet épisode a inspiré un inoubliable poème à Victor Hugo, paru dans son recueil Les Orientales].
En 1824, le légendaire Lord Byron, le plus grand poète anglais, meurt en Grèce où il soutenait les insurgés. Sa mort, alors qu'il était à peine âgé de trente-six ans, provoque une grande émotion en Europe. En France, on prend définitivement fait et cause pour les Grecs.
Cette même année 1824, le puissant vice-roi d'Egypte Méhémet Ali entre en scène à la demande de la Sublime Porte. Il bouleverse l'équilibre des forces en la défaveur des Grecs. C'en est trop pour les opinions publiques européennes. Alors que le chancelier autrichien Metternich refusait toute intervention au nom de sa doctrine de l'équilibre des puissances, Anglais, Français et Russes finissent par briser la glace en juillet 1827. Réunis à Londres, il s'engagent à assurer une médiation et un cessez-le-feu.
Outre le courant de sympathie qui traverse l'Europe, les trois puissances sont également animées d'autres ambitions. Les Russes entendent exprimer leur solidarité vis-à-vis de populations orthodoxes. Par la même occasion, ils poussent toujours un peu plus leurs pions vers les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Les Anglais, eux, souhaitent limiter les ambitions russes et sécuriser leurs lignes commerciales. Les Français partent de leur côté en campagne dans un esprit qu'ils qualifient eux-mêmes de « croisade » : ils entendent protéger le berceau de la civilisation européenne et assurer le mission historique de la France, telle qu'elle fut confiée par le Saint-Siège, à savoir la protection des Chrétiens d'Orient. Dès qu'elle prend connaissance de l'accord de Londres, la Sublime Porte refuse, véhémente, tout cessez-le-feu et toute médiation. Les vaisseaux européens vont lui faire entendre raison. »
Outre le courant de sympathie qui traverse l'Europe, les trois puissances sont également animées d'autres ambitions. Les Russes entendent exprimer leur solidarité vis-à-vis de populations orthodoxes. Par la même occasion, ils poussent toujours un peu plus leurs pions vers les détroits du Bosphore et des Dardanelles. Les Anglais, eux, souhaitent limiter les ambitions russes et sécuriser leurs lignes commerciales. Les Français partent de leur côté en campagne dans un esprit qu'ils qualifient eux-mêmes de « croisade » : ils entendent protéger le berceau de la civilisation européenne et assurer le mission historique de la France, telle qu'elle fut confiée par le Saint-Siège, à savoir la protection des Chrétiens d'Orient. Dès qu'elle prend connaissance de l'accord de Londres, la Sublime Porte refuse, véhémente, tout cessez-le-feu et toute médiation. Les vaisseaux européens vont lui faire entendre raison. »
La bataille de Navarin
« La flotte du Levant est alors commandée par le contre-amiral de Rigny. Officier apprécié de l'Empereur Napoléon en son temps, il a gravi tous les échelons jusqu'à devenir officier général de la Marine. Croisant depuis de longs mois dans les eaux orientales de la Méditerranée, il se tient prêt à en découdre. Bientôt, les étraves noires de la Royal Navy apparaissent. Les deux escadres, de puissance comparable, se combinent pour n'en former qu'une. Au grand dam du Français qui estime mieux connaître le théâtre d'opérations, c'est le vice-amiral Edward Codrington qui prend le commandement de la flotte, sur injonction diplomatique. La force navale est bientôt triplée par plusieurs vaisseaux russes. Les Ottomans et les Égyptiens ont rassemblé une imposante flotte au sud-ouest du Péloponnèse, ce qui fait craindre aux amiraux européens un coup de force sur les derniers ports grecs libres.
Ce 20 octobre 1827, ils décident, pour les en dissuader, de passer à l'action. Comment ? Par une démonstration de force ! Dans la grande baie de Navarin, les 90 navires ottomans ou égyptiens, portant environ 2000 canons, sont au mouillage, disposés en un fer à cheval défensif sur trois lignes. Afin d'engager un dialogue serein mais néanmoins viril, l'amiral anglais décide, en toute simplicité, de faire entrer la flotte européenne – 28 navires, 1300 canons – dans la baie, les Anglais tenant le centre, les Russes la gauche et les Français la droite. Les deux escadres sont font bientôt face dans une promiscuité à peine croyable.Alors que les échanges de courtoisies diplomatiques viennent de débuter, l'histoire s'accélère soudain quand un canonnier ottoman, vraisemblablement trop nerveux, ouvre le feu. La frégate française Sirène, qui reçoit l'offrande, goûte fort peu l'amabilité et rend la pareille. En quelques minutes, tout le monde tire sur tout le monde. Fort heureusement, l'amiral Codrington avait prévu cette éventualité. Souhaitant éviter les tirs amis, et citant au passage avec une élégance toute britannique l'amiral Neslon, il avait passé au préalable l'ordre suivant : « no captain can do very wrong who places his ship alongside of any enemy » (« un capitaine ne peut pas vraiment se tromper en plaçant son navire à côté d'un ennemi »).
Dans cette mêlée effroyable, la fumée empêchant de voir à plus d'une encablure, on assiste alors à quelques scènes improbables. Ainsi, la frégate française Armide se retrouve bord-à-bord avec son homologue anglaise Dartmouth. Se faufilant en un balai parfaitement coordonné entre les bâtiments ennemis, les deux navires se couvrent mutuellement pour lâcher leurs bordées. Ayant de la sorte réduit au silence un vaisseau turc, les Français l'abordent et s'en rendent maîtres. Ils y hissent aussitôt le pavillon blanc fleurdelysé ainsi que l'Union Jack britannique. Certes, on a du mal à y croire, mais le fait est pourtant avéré. Le lendemain matin, la fumée dissipée révèle un spectacle de désolation. La flotte européenne a subi des dégâts importants et comptabilise un petit peu moins de 200 morts. Côté ottoman, les deux tiers des bâtiments ont été envoyés par le fond et l'on dénombre près de 6000 morts. Autant dire que la victoire européenne est totale. Le 25 octobre, la flotte peut quitter la baie le sentiment du devoir accompli. C'est dans ce contexte que quelques navires français – dont la frégate La Magicienne – sont envoyés sillonner les eaux grecques pour lutter contre la piraterie. »
La prise du Panayoti
La lutte contre la piraterie était alors dédiée à des navires de plus petite taille, rapides et agiles. Il était en en effet rare de croiser des pirates sur des navires véritablement imposants, et, en tout état de cause, aucun de pouvait soutenir la comparaison avec un vaisseau de guerre. En cette fin d'automne 1827, la corvette La Lamproie – pour rappel : sloop < goélette < brick < corvette < frégate < vaisseau de ligne – capture un brick pirate répondant au nom de Panayoti. Les 70 brigands sont mis aux fers et la prise est ramenée à la flotte. Afin de faire enregistrer la prise à terre par les autorités, le brick est mis en remorque de la frégate La Magicienne. Quatorze matelots, un pilote – Yves Trémintin, originaire de l'île de Batz – et six pirates sont transférés à bord, sous les ordres de l'enseigne de vaisseau Bisson.
La lutte contre la piraterie était alors dédiée à des navires de plus petite taille, rapides et agiles. Il était en en effet rare de croiser des pirates sur des navires véritablement imposants, et, en tout état de cause, aucun de pouvait soutenir la comparaison avec un vaisseau de guerre. En cette fin d'automne 1827, la corvette La Lamproie – pour rappel : sloop < goélette < brick < corvette < frégate < vaisseau de ligne – capture un brick pirate répondant au nom de Panayoti. Les 70 brigands sont mis aux fers et la prise est ramenée à la flotte. Afin de faire enregistrer la prise à terre par les autorités, le brick est mis en remorque de la frégate La Magicienne. Quatorze matelots, un pilote – Yves Trémintin, originaire de l'île de Batz – et six pirates sont transférés à bord, sous les ordres de l'enseigne de vaisseau Bisson.
Le Panayoti est un brick grec rapide, fortement toilé, mais qui a subi des dégâts importants lors de son arraisonnement par les Français. La vingtaine d'hommes positionnée à bord a donc pour mission d'y remettre de l'ordre. Mais dans la nuit du 4 au 5 novembre, alors que le convoi croise dans les Cyclades, le temps forcit. Une formidable tempête s'est levée et les bâtiments sont fortement chahutés par une houle déferlante. La haussière – sorte de gros cordage – qui assure la remorque entre La Magicienne et le Panayoti est rompue.
À bord du brick, les marins luttent toute la nuit pour manœuvrer tant bien que mal leur navire. Au petit matin, le temps calmé, ils décident de faire halte afin de remettre le bâtiment en état de naviguer ; c'est ainsi qu'à huit heures, le Panayoti jette l'ancre à trois milles marins – environ 5,5 kilomètres – de l'île de Stampolia [nom italien de l’île d’Astypálaia]. Le navire est à peine au mouillage que deux prisonniers se jettent à la mer pour gagner le rivage, pourtant distant, sans que l'on puisse les en empêcher. Bisson, qui a déjà eu à faire à la piraterie, sait que les îles grecques en sont infestées et craint un mauvais tour. Parallèlement aux travaux de remise en état du bateau, il fait vérifier et préparer les armes présentes à bord. Mais la journée se déroule sans encombre, sans qu'aucune voile ne perturbe l'horizon.
Le soir venu, Bisson donne l'ordre à ses hommes d'aller se reposer pour reprendre le travail tôt le lendemain. Il devise quelques instants avec son second, le pilote Trémintin, et lui fait part de ses inquiétudes : le navire représente une proie plus que facile dans ces eaux peu sûres. Le pilote, qui a lui aussi eu à faire à la piraterie, les partage. Il acquiesce tout autant quand son supérieur lui indique qu'il faudra, le cas échéant, saborder le navire. Il est alors dix heures du soir, ce 5 novembre 1827, mais il est déjà trop tard : deux navires pirates viennent d'apparaître à la pointe de l'île de Stampolia, prévenus par leurs camarades, et déjà ils fondent sur le Panayoti en poussant d'effrayants cris.
Le cas de figure est prévu dans la Royale et les matelots ne perdent pas leur sang-froid. Le branle-bas de combat est ordonné, les armes distribuées et les quatre prisonniers ferrés à fond de cale. Les deux navires pirates glissent dans la pénombre. De petite taille, ils sont chargés de nombreux forbans – environ 70 par bateau – et se rapprochent du brick par sa proue. Une fois la première embarcation arrivée à portée de tir, une salve de mousqueterie part du gaillard d'avant du Panayoti. Les pirates répliquent par un feu nourri et les échangent de tirs se poursuivent pendant de longues minutes, s'intensifiant au fur et à mesure que la distance s'amoindrit. Quand les pirates abordent le brick par son avant et sa joue bâbord, plusieurs Français sont déjà blessés. On aperçoit les armes luire à la lueur de la lune quand les grappins sont lancés : c'est l'abordage ! Les Français vident leurs pistolets sur les assaillants et tentent de les repousser à grands coups de piques, de haches ou de sabres. Mais à un contre dix, le combat est inégal et ils sont bientôt submergés. Les forbans prennent pied sur le plat-bord et investissent le pont supérieur du Panayoti. Neuf Français sont tombés, il en reste six, dont Hippolyte Bisson et Yves Trémintin, qui combattent encore en se repliant vers l'arrière du bâtiment. Côté pirate, beaucoup se précipitent dans les cales pour s'emparer du butin ; les autres s'en vont affronter des défenseurs qui comptent plusieurs blessés, dont Bisson lui-même.
Un pirate leur commande de se rendre, ce que Bisson refuse. Maintenant que tout espoir est perdu, il ne lui reste plus le choix qu'entre amener son pavillon et mourir le sabre à la main. Remettre à des forbans un pavillon de la Royale est un crime auquel aucun officier de marine français ne saurait se résoudre. C'est ce qui pousse l'enseigne de vaisseau Bisson à se tourner vers son second, le pilote Trémintin. Il lui ordonne de faire sauter ses hommes à la mer dans la minute qui suit, concluant par ces mots : « Adieu, je vais tout finir. » Celui qu'on allait dorénavant appeler le « Assas de la marine », en référence au célèbre chevalier, s'élance alors sur les pirates, arme au poing, bousculant et sabrant tout ce qui se trouve sur son chemin. Parvenu au centre du pont, il s'engouffre dans la cale, écartant toujours des pirates surpris par un tel déchaînement de rage. Bisson a atteint son objectif : il peut pénétrer dans la soute aux poudres, une mèche enflammée à la main. L'explosion détruit instantanément le brick ainsi que les deux navires pirates qui sont à couple sur ses flancs. »
Postérité
« Le lendemain matin, on retrouve sur le rivage de nombreux débris des trois navires détruits ainsi qu'une centaine de corps. Cinq Français ont survécu, dont Yves Trémintin.Recueillis par les pêcheurs, soignés et confiés à l'ambassade de France, ils rapportent la fin éblouissante de leur supérieur afin que sa mémoire soit honorée à sa juste valeur. Le 21 avril 1828, le ministre de la Marine lui rend un hommage solennel devant la Chambre des députés, qu'il conclut ainsi, sous les bravos :
« Le sacrifice de l'honneur et du patriotisme est consommé ; un noble cœur a cessé de battre, la France compte un héros de plus. Je n'ajouterai rien, Messieurs, à cet exposé ; il est des actions qui parlent si haut qu'il suffit de les faire connaître pour exciter dans tous les cœurs le respect et l'admiration. Honneur ! Honneur à notre marine ! Navarin et Bisson viennent de prouver si le Roi et la France peuvent compter sur elle. »
Jean-Guillaume Hyde de Neuville, ministre de la Marine
Sur ordre de Charles X, les marins survivants sont honorés et Yves Trémintin est ainsi élevé à la dignité de chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur. Bisson étant orphelin et protecteur de sa sœur, celle-ci se voit accordée une pension de 1500 francs par an, soit un montant alors comparable à celui reçu par une veuve d'amiral. Aujourd'hui, on peut trouver sur le rivage de l'île d'Astypalea, [...] un cénotaphe qui rend hommage à Hippolyte Bisson. De même, une colonne a été dressée dans sa ville natale, Guémené, et une autre à Lorient. Plusieurs navires de la Marine nationale ont été baptisés « Bisson », dont trois avisos et un torpilleur. Enfin, consécration suprême de tout militaire, son nom est gravé sur l'Arc de triomphe. »
Source (les intertitres et les caractères gras ne sont pas de l’auteur) : http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_bisson_hippolyte.htm