Épilogue

Sortie de l'eau à Kilada et retour en musant
11 juillet - 15 juillet

Un stop à Ermioni nous repose d’une navigation pénible à 30 noeuds, avec un vent chaud constant venant de l’ouest : l’’impression qu’un sèche-cheveux vous souffle constamment au visage…
De l’autre côté de la presqu’île nous attendent Kilada et le chantier Basimakopoulos : Dune sera mis au sec lundi 11 juillet à la première heure.

Sur les bers

Sorti de l’eau à l’aide d’un travel-lift (grande photo), Dune est ensuite posé sur des bers, eux-mêmes véhiculés par télécommande. Les roues tractrices seront ensuite désolidarisées, et le bateau immobilisé sur les bers pendant l’été.

Attente...

Toutes ces opérations prennent du temps, mais le patron du chantier vient en personne contrôler chaque étape de l’installation. 
En attendant, nous cherchons l’ombre: sur le terre-plein et, en l’absence d’eau et de brise, la chaleur dépasse 45 degrés.

Rangements

Lessives, entretien et rinçage du moteur, de la génératrice et du dessalinisateur, rangements, récupération de notre voiture à Athènes, nous sommes bien occupés et fatigués quand nous quittons Dune samedi.
En attendant d'embarquer sur le ferry d'Igoumenitsa vers Ancona lundi soir, nous nous arrêtons (photos ci-dessous, de g. à dr. et de bas en haut) à :
- Nafplio (1), 
- Tolo, 
- Argos (2), 
- l'ancienne Corinthe, (3),
- Parga (4) sur la côte de l'Épire et 
- sur les bords de l'Achéron pour nous rafraîchir.

Poros
8 juillet

La petite île de Poros, dans le golfe Saronique mais proche du golfe Argolique, est très fréquentée par les Athéniens. Bâtie en amphithéâtre, elle est desservie sur deux de ses quatre côtés par des quais le plus souvent suroccupés en saison. Des navettes desservent en continuité l'île aux côtes du Péloponnèse, sur l’autre rive d'un étroit chenal, ou vers les sites d’Épidaure et les îles touristiques d'Hydra et de Spetses.

Charme des ruelles

À flanc de coteau, les ruelles allient style clycladien (maisons blanches aux volets bleus) et demeures classiques.

Le long des quais

Dans l'étroit chenal délimité par des balises, on croise parfois de drôles d'embarcations, comme cette espèce de sous-marin.

La tour de l''horloge 

Construite en 1927 et abritant un petit musée, la tour de l’Horloge de Poros jouit d’une vue absolument exceptionnelle, notamment au coucher du soleil.
Golfe Saronique,
île d'Égine et temple d'Aphaïa, 
le Triangle Sacré
(6 juillet)
Après une navigation mi-voile mi-moteur au départ des environs du cap Sounion, nous abordons Aghia Marina, à l'angle NE de Nísos Aigina (île d'Égine), dans le but de visiter le temple d'Aphaïa, connu pour être le temple de Grèce le plus parfait. Des plaques de sable bien distinctes au milieu de champs de posidonie offrent une prise sûre à notre ancre. C'est que, par meltem, le mouillage n'est pas vraiment tenable (mais ce dernier a bien faibli), et il est même complètement ouvert à la Bouka Doura, le vent de SE de l'après-midi. 
Arrivés vers midi, nous choisissons toutefois de rester à bord pour assurer la sécurité..., d'ailleurs il fait vraiment trop chaud pour une visite ! Il n'y a alors que quatre bateaux à ce mouillage. Le soir, trente-cinq se seront ancrés tout autour : fini le calme ! 
Le lendemain à 7h45, après avoir laissé l'annexe au quai de béton près du village, nous entamons le raidillon piétonnier de 35' qui nous mène au sommet de la butte où se situe le temple d'Aphaïa : celui-ci forme, avec le Parthénon et le temple de Sounion, le "triangle sacré" des Anciens.
Le chemin, bordé de pins, jouit d’une ombre rafraîchissante et c’est à travers la pinède qu’apparaît le temple dans toute sa majesté, jouant avec les rayons du soleil.
Nous en sommes les premiers visiteurs : seul un camion de pompiers est posté aux abords de l’entrée, de graves feux ayant éclaté récemment dans le golfe Argo-Saronique. 
La vue est spectaculaire du nord-ouest à l’est mais, sans étonnement, nous ne parvenons pas à distinguer au loin le Parthénon, ainsi qu’à pu le faire Lawrence Durrell (à cause de la brume de chaleur et, surtout, d’une pollution bien accrue depuis le milieu du XXe siècle, date de parution de son ouvrage…).
Bien peu de touristes visitent ce site, et c’est bien dommage : nous avons d’autant plus apprécié d'en profiter lors de cette visite quasi privée…

L'île de Syros, qui abrite la capitale des Cyclades
(28-30 juin)

Moins connue que d'autres îles de la mer Égée, Syros ne manque pourtant ni d'attrait ni de singularité. Longtemps dominée par Venise, l'île fut ensuite placée sous la protection de la France, ce qui explique qu'une partie de sa population soit catholique et non orthodoxe, comme dans le reste de la Grèce.
Côté patrimoine, Ermoúpoli, la capitale, n'a pas d'équivalent dans les Cyclades. Ici, peu ou pas de ces maisons blanches et indigo dont abusent les cartes postales, mais de superbes bâtiments néo-classiques, des rues pavées de marbre et de grandes et belles agoras, telle l'imposante Plateia Miaouli.
Pour un retour à la norme cycladienne, rendez-vous dans le quartier catholique d'Ano Syros, première ville de l'île, avec ses maisons traditionnelles et ses petites rues enchanteresses qui grimpent jusqu'à la cathédrale Saint-Georges.
Côté plage, direction le sud de l'île, où les stations balnéaires de Foinikas, Kini ou Poseidonia ont tout pour satisfaire les amateurs de farniente.


[Pour des approches complémentaires, je vous renvoie à la page Littérature & Culture)


Voici, en image ci-dessous, la toute première ville de Syros, Ano Syros, telle qu'on la découvre depuis la mer. Ses habitants l’appellent aussi Apano Chora. Son existence est attestée dès l’époque byzantine. Sa situation géographique, perchée au sommet d’une colline, est due au besoin ressenti par les autochtones de se protéger des attaques des pirates : ruelles, galeries abritées, dédale de petites rues aux innombrables marches et maisons agencées de telle sorte qu’elles forment les remparts de la ville. Les institutions et édifices religieux y sont catholiques : monastère des Capucins et un autre des Jésuites, un couvent de femmes, la cathédrale Saint Georges et l'évêché.
La ville principale de Syros, Ermoúpoli, est bouillonnante, bruyante, vivante et orientée vers la mer puisqu'elle abrite un chantier naval et un grand port commercial dans sa baie : Ermoúpoli est bien plus jeune qu'Ano Syros puisqu'elle a pris son essor au XIXe siècle avec l'arrivée des Grecs d'Asie Mineure, qui s'y sont réfugiés et ont développé la cité, y implantant un théâtre (une copie de la Scala de Milan) et un imposant Hôtel de Ville avec un kiosque et des églises orthodoxes. Ermoúpoli comporte (entre autres monuments et institutions) un Musée archéologique, une Pinacothèque, une université, un conservatoire, etc..
Le port d'Ermopoúli est un peu méprisé des plaisanciers à cause de son manque d'infrastructures confortables.., et c'est bien dommage, car la ville se révèle très séduisante ! 

L'église d'Agios Nikolaos 

L’église du saint patron d’Ermoúpoli, Agios Nikolaos (saint Nicolas), avec son dôme bleu, ses hauts clochers et son aspect imposant, se fond parfaitement dans le style bourgeois de tous les édifices du quartier.

L'impressionnant Hôtel de Ville

Au nord de la place Miaoulis se dresse l’Hôtel de Ville, œuvre de l’architecte autrichien Ernst Ziller, achevé à la fin du XIXe s. Il ressemble à un palais, avec ses colonnes, ses encorbellements, ses pilastres et ses chapiteaux de style ionique. 

Le Monument de la Résistance nationale

Au premier plan, le monument de la Résistance nationale sur la jetée du port, avec, au fond, l’Hôtel de Ville et, sur les hauteurs, l’église de la Résurrection (Anastassi).

Navigation d'est en ouest
par meltem
d'Ikaria à Syros, avec une halte à Mykonos : 70 milles intenses !
(26-28 juin)

Désormais avec un équipage doublé, nous affrontons le premier meltem de la saison : 30 noeuds en moyenne, avec des pointes à plus de 40 (8 Bft) au départ du mouillage de Mykonos. 
Nous quittons Ikaria pour rejoindre un mouillage à Mykonos (où nous serons passablement secoués) et continuons à traverser le "couloir descendant du meltem", qui va du nord au sud, pour nous arrêter au port d'Ermopouli (Syros), où nous restons trois nuits.
On comprend bien que, dans de telles conditions, il y ait peu de photos de navigation...
Mais les images de notre découverte de la ville d'Ermoupoli et de l'île de Syros suivent !
En attendant, jetez un coup d'œil à la page « Mythes »ainsi qu'à la page « Littérature ».
Ikaria, ou Icarie, en français
(26-27 juin)
L’île serait celle où les humains vivent le plus vieux. Est-ce dû au fait qu’elle est très verdoyante (dans sa partie septentrionale du moins) et extrêmement ventilée ? Ou encore à l’ouzo ?
Ikaria est une énorme dalle rocheuse plantée dans la mer à l’ouest de Sámos. L’île est cultivée et boisée dans les vallées du nord, mais les reliefs et la côte sud sont pratiquement désertiques. 
Son nom vient probablement du phénicien «Ιkaria», en référence à l’abondance de poissons, exploités encore aujourd’hui par de grosses flottes de pêche jusqu’à l’île voisine de Fournoi, d’où nous venons et où nous avons mouillé deux nuits.
On donne aussi une autre version d’origine mythologique, tenant à la fuite de Dédale et de son fils Icare de Crète. Icare, s’étant fabriqué des ailes de plumes et de cire, s’approcha du soleil au point que la chaleur fit fondre la cire et provoqua sa chute dans la mer à proximité d’Ikaria.
En raison des vents catabatiques très puissants autour de l’île et du meltem qui en dévale les pentes en hurlant, les navigateurs pensent plutôt que ce serait leur action conjuguée qui aurait précipité Icare dans la mer, bien avant qu’il ait eu le temps de s’approcher du soleil…

Nous nous arrêtons au nouveau (petit) port d’Agios Kirikos, la capitale d’Ikaria, sur la côte sud-est de l’île. Il y a passablement de rafales, mais nous disposons d’eau et d’électricité, tout en étant à deux pas de la ville avec ses jolies terrasses le long de la mer. 
Dans un coin sous la falaise qui enserre notre port se trouvée une piscine naturelle d’eau chaude (pour y avoir trempé : bouillante !) : les mêmes sources chaudes sont utilisées maintenant par l’Institut d’hydrothérapie situé à deux kilomètres à peine, à Loutra (dont l’ancien nom éloquent témoigne de cette très ancienne vocation : Thermia).
Au nord-est, après avoir loué d’une voiture, nous nous arrêtons au grand port d’Evdhilos (port commercial et de ferries). Le long des vallées de cette côte, la végétation est luxuriante (toutes sortes d’arbres et d’arbustes), tandis que le sud est réellement pelé et à peine habité.

Patmos : Apocalypse now...
(21-23 juin)

« La veille, un peu après minuit,
Je naquis, sur l’île appelée Patmos.
Alors que le jour se levait, j’étais en haut de Chora,
La mer, immobile, tel du métal, remuait les îles alentour.

Pas même une feuille ne respirait, dans la lumière qui s’accentuait.
La paix était telle une coquille parfaitement intacte.
Je restai cloué sur place par cette sentence :
Puis je m’entendis murmurer : “Viens, et regarde… “»

Georges Séféris (Γιώργος Σεφέρης), 1900-1971)
écrivain et diplomate grec et lauréat du prix Nobel de littérature en 1963

De la neige ?

En arrivant par la mer, on croirait presque que de la neige recouvre la montagne dominant l’île de Patmos, la plus septentrionale des îles du Dodécanèse. En s’approchant, on distingue assez vite, stupéfaits, qu’il s’agit la masse grise du monumental Monastère de St-Jean, comme auréolé du cercle des maisons de la Chora à ses pieds, toutes d’un blanc éblouissant.

L'île de l'Apocalypse et sa sainte grotte

Patmos est aussi appelée « l’île sainte », ou moins obligeamment « l’ile de l’Apocalypse », après que saint Jean l’Évangéliste, exilé ici en 95 apr. J.-C., écrivit ici l’angoissant « Livre de la Révélation » : « […] je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes. »On peut y visiter la « Grotte de l’Apocalyse », très basse de plafond, où subsisteraient des traces de saint Jean, par exemple le renfoncement où il appuyait sa tête afin de se mettre debout… C’est là que, selon la légende, Prochoros, l’élève de saint Jean, écrivait ce que lui dictait son maître. Sûrement en sténo, ajoute le très sceptique Lawrence Durrell dans son ouvrage « Les îles grecques »… (Patmos, d’après Durrell)
Bref : les autocars de fidèles et de curieux défilent dans cette grotte autour de laquelle on a érigé une chapelle. La vue sur Skala, dans le port de laquelle est ancré notre bateau, y est saisissante.

Le Monastère de St-Jean

Tout en haut de la colline, le monastère. Les marchands d’icônes et de chapelets en masquent l’entrée. Impressionnante bibliothèque avec un manuscrit de la fin du Ve siècle et des clochers qui déchirent le ciel.Sinon, Patmos vaut le détour pour ses paysages. On dirait qu’une explosion géante a essaimé des rochers tout autour de l’île. Elle regorge de criques charmantes et sauvages, certaines très exposées au meltem qui souffle fort durant ces deux derniers jours.

L'archipel du Dodécanèse

Étymologiquement, « Dodécanèse » signifie « les douze îles ». 
Elles forment un croissant le long de la côte turque d’Asie Mineure. L’histoire du Dodécanèse est intimement liée à celle de Rhodes, qui dominait le commerce de l’Antiquité au XIXe siècle. Les Chevaliers de l’ordre des Hospitaliers de St-Jean, depuis leur forteresse de Rhodes, marquèrent la région de leur empreinte. Suivirent les occupations vénitienne, puis turque (dès 1522) et, enfin, italienne depuis 1912. Malgré ces occupations, les îles restèrent intrinsèquement grecques dans leurs traditions, mais elles ne rejoignirent la Mère-Patrie qu'en 1947.

Îles d'escales

Lévitha, Léros, Kalymnos, Psorimos, Kos, Nisyros, Astypalaia, Kalymnos (bis), Leros (bis), Patmos.... (ce n'est pas fini !)

Le meltem

Le terme « meltem », ce vent du nord, est d’origine turque. Les Grecs d'aujourd'hui l'appellent "meltemi" et les anciens Grecs le nommaient "étésien".
Le mot « étésien » vient du grec « etêsioi (anemoi) » par le latin « etesiae : (vents) périodiques, annuels », de « etos », année. C'est un flux de nord, souvent soutenu, s'établissant de mai à octobre, par période de deux à quatre jours, voire plusieurs semaines d'affilée. Les vents étésiens sont évoqués par Théophraste dans son ouvrage Des Vents.
Toutefois, actuellement, rien n’est plus immuable en termes de climat et de météo…

Le meltem dans le Dodécanèse

En principe, dans le Dodécanèse, le meltem se fait moins sentir que dans les Cyclades. De plus, il souffle davantage du nord-est.
Il faut tenir compte de tous ces paramètres (et d’autres encore) pour établir nos plans de navigation.
En résumé, on ne va pas toujours où on veut, du moins sans le recours du moteur.
Nisyros, l’île volcanique
(12-13 juin)
L’île volcanique de Nisyros est l’une des plus petites îles de l’archipel du Dodécanèse qui, comme son nom l’indique, en compte douze (principales).

Du haut de l’un des villages perchés sur le bord de son cratère, on aperçoit plusieurs îlots qui semblent graviter autour d’elle : Giali, Aghios Antonios, Strongili, Pachia, Perhoussa et Kandeloussa. On dirait qu’ils ont tous, à l’instar de l’île de Nisyros elle-même, été projetés dans la mer par une main géante et s’y être ancrés. 
La mythologie ne dit pas autre chose : le dieu Poséidon se serait emparé d’un rocher de l’île de Kos et l’aurait jeté loin dans la mer afin de tuer le géant Polybotès (Polivotis). Ce rocher qui tomba dans la mer est l’île de Nisyros, l’île au volcan et aux rochers noirs. 

La légende veut que Polybotès ait été enseveli par le rocher, mais ne soit pas mort. Il vit encore et c’est lui qui gémit de douleur et fait trembler l’île chaque fois qu’il y a un séisme ou que le volcan se réveille. 
La forme sphérique de Nisyros lui a bien sûr été donnée par le volcan qui l’a formée et qui se trouve en son centre.
Mandraki
Nisyros est même le plus jeune volcan de la mer Égée puisque la dernière éruption, hydrothermale (ou phréatique), date de 1888. La caldeira du volcan a un diamètre de quatre kilomètres et présente deux cratères : nous sommes descendus dans celui de Stefanos (diamètre 260 m et profondeur 30 m) : l’’odeur du sulfure d'hydrogène (qui évoque les œufs pourris) y dominait, tandis que, par différentes "bouches", s’échappait par intervalles la vapeur, avec un bruit de soufflerie tellement puissant que Skye a brutalement sauté en arrière.

Deux ports se situent au nord de l’île : l’un à Mandraki, le chef-lieu, plutôt réservé aux ferries et aux bateaux d’excursion, et l’autre à Palli (ou Pallon), qui accueille les bateaux de pêche et de plaisance. 

Cela fait donc mentir les propos du poète Angelos Simiriotis (Άγγελος Σημηριώτης, 1873-1944) :
« Ce n’est pas une île : 
Où que tu regardes 
Tu ne trouveras ni cap ni port 
Pour entrer et jeter l’ancre. »

La ville de Mandraki est serrée contre la colline et elle est dominée par les vestiges du château hérité du passage des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui conquièrent l’île comme le reste du Dodécanèse au début du XIVe siècle. Accolé à ce château, le monastère fortifié de Panagia Spiliani (Notre-Dame de la Caverne) abrite une icône de la Vierge considérée miraculeuse. Les fêtes pour la Vierge Marie le 15 août durent ici pendant neuf jours, donnant lieu à de nombreuses manifestations traditionnelles qu’il ne faut pas rater (si on est sur place à cette période). Les ruelles, qui toutes dégoulinent vers la mer depuis la colline, ne manquent pas de charme. Nous y avons dégusté le meilleur poisson que nous ayons goûté jusqu’ici en Grèce : un vivaneau cuit à la perfection avec un filet d’huile d’olive citronnée.
C’est au village de Palli que nous avons jeté l’ancre et serré nos amarres : un petit port de pêche comme on les aime, capable d’accueillir juste une vingtaine de bateaux de plaisance, et où se succèdent quatre tavernas. On y trouve aussi une épicerie et un bureau de location de véhicules en tous genres qui fait également office de laverie et de douche.
Nous y avons loué un joli buggy jaune (sans fenêtres ni portes), un véhicule de plage qui nous a amusés comme des gamins (surtout moi), et qui nous a permis de sillonner toute l’île. Quand nous sommes descendus dans le cratère de « Stefanos », il était déjà plus de 19 heures : la température était supportable dans cette cuvette, les cars de touristes amenés par le ferry de Mandraki étaient rentrés et nous y étions seuls (avec un couple d’Italiens) dans la belle lumière mordorée du soleil couchant.
Volcans en Méditerranée

Précisions géologiques (Musée du volcan à Nikia)


" Stefanos est le nom donné au plus grand cratère hydrothermal du champ hydrothermal actif de Nisyros et l'un des plus grands de ce type au monde. Sa forme est elliptique avec des dimensions de 260 x 350m et une profondeur maximale de 27m. Comme le reste des cratères, il s’est formé par des explosions de gaz torrides déclenchées par la montée de fluides provenant d’un aquifère d’eau peu profonde.
Ce type d'explosion peut se produire lorsqu'un magma chaud et frais plus profond est injecté dans une chambre magmatique peu profonde, fournissant ainsi de la chaleur à l'aquifère.

Son âge exact n'a pas été déterminé avec précision. À l'est de Stefanos se trouvent les cratères Kaminakia, deux cratères hydrothermaux en forme de croissant d'un diamètre d'environ 150m chacun qui sont situés au pied de la paroi orientale de la caldeira. 
Leur âge absolu reste également inconnu, même si l'on suppose qu'ils se sont formés avant  Stefanos."

Dans l’archipel du Dodécanèse, Kalymnos :
de la pêche des éponges au vertige de l’escalade
(5-10 juin)

Par sa topographie même, ses vertigineuses et imposantes falaises de calcaire qui semblent tout droit sorties de Jurassic Park, Kalymnos est imprégnée par la verticalité : jadis les plongeurs d’éponges, chasseurs dans les profondeurs marines, et aujourd’hui les « plongeurs de l’air », les adeptes de l’escalade, dont l’île de Kalymnos est La Mecque.

Une île du Dodécanèse

Kalymnos est située entre Leros - dotée d’un port très performant - et Kos, qui attire de nombreux touristes puisqu’elle est dotée d’un aéroport international et de nombreuses plages. Pas très loin, c’est déjà la Turquie.

Kalymnos et les plongeurs d’éponges

De tous temps, l’île de Kalymnos a été connue pour ses éponges (Homère en parle déjà) et celles-ci, imbibées d’huile d’olive, étaient utilisées par les péripatéticiennes comme contraceptif naturel. D’ailleurs, il paraît que certains diminutifs ou tournures argotiques du mot « éponge » en grec provoquent quelques clins d’œil grivois…

Souvenirs couleur sépia

Bref, il y a bien longtemps que la pêche aux éponges a cessé à Kalymnos et aujourd’hui les vendeurs d’éponges affichent des photos sépia de leur grand-père ou grand-oncle qui gagnaient ainsi leur vie, encombrés de lourds équipements de plongée (qui font penser à ceux de Tintin dans Le Trésor de Rackham le Rouge), hérités de la Marine britannique. 
C'était une pêche  dure, dangereuse : nombreux étaient les plongeurs qui y laissaient leur vie. 

Les éponges synthétiques et la raréfaction des éponges naturelles (qu’il fallait aller chercher de plus en plus loin vers l’Afrique, et de plus en plus profond) ont signé l’arrêt de mort de cette activité dans la première moitié du XXe siècle, plongeant les habitants de l’île dans une misère noire. Ceux-ci ont émigré en masse, notamment dans le golfe de Fos dans le Midi de la France où les appelait l’industrie des activités portuaires et chimiques : lorsque notre voilier s'y trouvait, il y a deux ans, nous avions remarqué un panneau de route évoquant le jumelage de Port-de-Bouc avec Kalymnos.

Encore une fois, nous pouvons lire les lignes savoureuses de Lawrence Durrell à propos de Kalymnos et de ses éponges (ouvrage publié en 1978, sur ses séjours en Grèce de 1937 à 1939, puis en 1945) :
Laissons ces considérations spongieuses de côté, l’ivresse des profondeurs n’étant pas à l’ordre du jour…: notre élément de prédilection, le voilier, culmine au niveau zéro d’altitude, à la rigueur augmenté de quelques dizaines de décimètres pour la hauteur de la coque...
Venant de l’île de Léros, nous avons choisi un mouillage sur bouée, à Palionisos, mouillage qui s’est révélé sûr puisqu’il a été testé avec des vents de 50 à 60 noeuds (100 km/h). Le tracé rose sur notre écran témoigne d’ailleurs des déplacements invariables du bateau autour de son axe, une grosse bouée orange. De chaque côté de la crique allongée se font face deux tavernas, chacune gérant soit des bouées orange, soit des bouées blanches. Il est bien entendu d’usage d’aller consommer dans l’établissement dédié, mais en l’absence de toute indication, on visitera chacune des deux auberges concurrentes. Le match entre les deux ne s'est pas révélé nul en termes d’accueil, de cuisine, de variété des plats ou de décor.

Pas de plongée ni de pêche d’éponges à Kalymnos, donc. 

Par contre, nous avons effectué des balades au pied des falaises, d’où nous a été offerte une vue plongeante sur notre mouillage de Palionisos (à l’est) et sur l’îlot de Télendos (à l’ouest), qui enserre tel un écrin la baie enchanteresse d’Emborios. Notre brave Skye a sauté comme une chevrette de rocher en rocher, infatigablement. Toutefois, elle a, comme nous, souffert de la chaleur, intense sur le coup de midi-une heure. Chaque pas se posait sur une pierre chauffée à blanc ou sur des cailloux aux arêtes acérées, se déclinant dans toutes les nuances du blanc au gris marbré, certaines roches présentant aussi des stries ocres et jaunes. Surtout, c’est le parfum qui a marqué cette excursion : les effluves entêtantes et doucereuses du thym en fleur et de l'origan étaient omniprésentes… : avec la chaleur extrême, l’esprit se mettait à divaguer et à évoquer le bouquet garni d’un ragoût en train de mijoter dans une marmite géante. Ragoût de chèvre, cela va sans dire : le sol était jonché de pétoles et, au détour du coin d’ombre dispensé par une infractuosité ou une roche en surplomb, jaillissait parfois une chèvre ou un bouc dont notre irruption avait interrompu la méditation. Skye, qui semblait alors épuisée, se mettait alors à courir après l’animal, oubliant toute fatigue…

L’autre excursion, heureusement plus matinale celle-ci, m’a permis d’être initiée aux plaisirs et aux sensations de l’escalade…, ma toute première expérience (à bientôt soixante-cinq ans !), qui m’a beaucoup plu ! 
Là aussi, après la marche d’approche tout autant remplie des senteurs que magnifiaient les premières heures du jour, ce qui m’a frappée durant l'escalade elle-même a été d’ordre aussi bien olfactif que tactile. La progression le long de la paroi a été un festival d’odeurs, de thym surtout, tandis que mes doigts faisaient connaissance avec la rudesse et, parfois, les courbes gracieuses des ébréchures du rocher, dans lesquelles ils se glissaient puis s’agrippaient. C’était comme une lecture en braille, une caresse suivie d’une prise ferme. Puis la main glissait à un autre mot, à une autre fissure. Et encore. Une fois en haut de la voie, un bref regard au loin, vers la mer : le sentiment exaltant d’avoir déchiffré une énigme et la satisfaction d’avoir lu, pour la première fois, un alinéa entier d’un ouvrage inconnu jusqu’alors.

Amorgos et Lévitha : 
des dauphins aux chevrettes
 (du 1er au 4 juin)

Amorgos, les dauphins
Indéniablement, il y a une atmosphère plus francophone à Amorgos, la plus orientale des grandes îles des Cyclades. Les publicités en dévoilent rapidement la raison : certaines scènes du film « Le Grand Bleu » de Luc Besson ont été tournées sur cette île en 1987. Les plus jeunes l’ignorent, mais ce film a fait tout de même plus de 9 millions d’entrées rien qu’en France.
Abordant l’île par l’ouest, nous sommes passés près de l’épave de «L’Olympia» qui, au début du film, sert de décor au sauvetage d’un plongeur par Enzo Molinari (Jean Reno) le rival sicilien de l’apnéiste Jacques Mayol (joué par Jean-Marc Barr). Le navire, drossé contre les rochers, n’est plus qu’une masse rouillée coupée en deux, mais il connaît sa petite gloire posthume. 
Ce qui nous a charmé dans cette île est son côté simple, un peu rustique : le port de Katápola est certes desservi par des ferries rapides tous les jours, mais comme l’île compte très peu de plages, les gens qui y atterrissent sont plutôt des randonneurs, des plongeurs ou des routards. Et le soir, le ferry « Petites Cyclades » s’amarre au quai jusqu’au matin, jetant son ancre par-dessus toutes celles des plaisanciers, ce qui les empêche de quitter le port avant la première course du matin ! Nous ne l’ignorions pas, et comme notre chienne n’est pas matinale, nous n’avons pas souffert d’être ainsi assignés à résidence !

"Oil" et grosses huiles...

Un petit camion devait en revanche venir nous livrer du diesel dimanche matin : nous avons dû attendre 24h à cause de manœuvres militaires. Un énorme bâtiment de la marine grecque est venu accoster (bouchant tout le port, telle la sardine au port de Marseille), et surtout déversant de gros camions qui ont défilé durant deux heures sur notre quai, qui est également l’unique route de dégagement automobile. Voilà pourquoi notre petit camion de carburant ne pouvait stationner devant les voiliers en quête d’approvisionnement : bien que vendant lui-même du diesel (« oil »), il devait céder la place à d’autres « huiles » !

Monastère de Chozaviotissa

En voiture de location, nous avons visité le très caractéristique monastère de Chozaviotissa qui est comme incrusté dans la falaise, à 300m au-dessus de la grande Bleue. Il est surnommé « un seul mur », car il s’élève sur huit étages reposant sur un mur de cinq mètres de large seulement, percé de fenêtres étroites comme des meurtrières. 
Bâti il y a 1000 ans pour abriter une icône miraculeuse de la vierge Marie, il n’héberge aujourd’hui plus que deux moines octogénaires qui, au terme de la visite, nous offrent de l’eau, un petit verre d’une liqueur fabriquée par leurs soins et un loukoum. 
Aucun ticket d’entrée (contrairement aux monastères des Météores) : les moines ne vivent que de leur travail et des offrandes laissées par les visiteurs.
(Il apparaît aussi dans le film).

Plage d'Aghia Anna

En contre-bas du monastère, la plage d’Aghia Anna (du nom de la petite chapelle), où ont été tournées les scènes de plongée du film : subsiste un petit bâtiment délabré qui, à mon vague souvenir, devait servir de taverna dans le film.
Chora
Le chef-lieu de l’île, Chora, se trouve à moins de 5 km de là. En son centre, un gros rocher comme tombé du ciel, et sur la crête dominant les ruelles entrelacées, une série de neuf moulins à vent ma foi très photogéniques, sans doute aptères depuis fort longtemps : on a des éoliennes, maintenant. 
Il faut accepter de se perdre dans les petites rues dont certaines passent sous des voûtes de pierre, et où s’égrènent de sympathiques tavernas et quelques magasins de souvenirs.

Baie d'Aghios Pavlos

Un petit saut vers le nord (Amorgos n’est pas très grande, mais longue) et nous plongeons sur la baie d’Aghios Pavlos, peut-être lieu d’un futur mouillage tant le paysage formé d’abruptes falaises y est spectaculaire.
Au bord de la route, des chèvres prennent le frais dans un abri-bus (ophitos qui suivent).

Trottoirs en fleurs

Ensuite, nous arrivons au village de Langana, avec les deux dômes bleus de son église et ses fleurs peintes sur le sol des rues, une brève visite, le temps d’un rafraîchissement et de deux ou trois photos.

Délices grecques

Le soir, nous irons manger de l’autre côté du port (Katápola est en fait formé de trois « bourgs »), autour du petit port de pêche. 
Au restaurant « Fata Morgana », les pieds presque dans l’eau, les yeux perdus vers le soleil couchant, nous goûterons à une cuisine grecque inventive, revisitée et exquise, la meilleure de toutes jusqu’ici.
Lévitha et ses chèvres 
Étape suivante : un îlot qui n’abrite que deux familles vivant au fond de la baie profonde, Lévitha. Douze bouées ont été mises à disposition dans le bras de mer est, et il faut arriver sur place assez tôt. Il était déjà presque 16h, et ne restaient que trois bouées de libres. La manœuvre s’est plutôt bien déroulée compte tenu du fort vent qui soufflait encore dans cette crique et du fait que c’était la première prise de bouée de cette saison. Surprise : les deux dernières bouées ont été occupées par nos voisins de bâbord et de tribord du port de Katápola !
Sinon, ce que nous avons vu de cette île minuscule était « desolation land »… 
Vers 18h, le pêcheur-éleveur-hôte est venu en barque percevoir la modeste taxe pour les corps-morts, taxe non perçue à condition de manger dans sa bergerie, ce qui était dans nos projets.

Skye et les biquettes

Déjà sept annexes étaient à quai quand nous y avons débarqué. Skye a fait ce qu’elle devait, puis, par deux fois, est repartie ventre à terre directement à notre annexe. En fait, elle a été terrifiée par toutes les chèvres qui arrivaient au même moment à l’abreuvoir. Il a fallu la porter sur une centaine de mètres : sinon, elle freinait des quatre fers, comme un ânon !

Œufs à 66,5 euros...

À la bergerie, dans une jolie cour (un petit corps de ferme qui s’abrite des vents par un muret), sept ou huit tables recouvertes de toile cirée un peu collante étaient occupées par des convives, de trois à six personnes. En fait, peu de voiliers n’accueillent qu’un couple, comme nous. 
Des voisins de tables francophones mais absolument pas polyglottes nous ont bien fait rire (sous cape) en disant à l’hôte « Baraque-à-l’eau » pour παρακαλώ, « parakalo » (s'il vous plaît, je vous en prie) et en déchiffrant du « jam » à « €66.5 » (ce prétendu prix était le mot « œufs » en anglais : « EGGS »).

De la chèvre au menu... et à propos d'un autre animal domestique censuré

Nous avons goûté de la chèvre grillée, délicieuse, une première pour moi. Une viande tendre, dont la chair brun-rouge ressemble à celle du « cousin du lièvre », ce rongeur domestique à longues oreilles dont, par superstition, les marins ne prononcent jamais le nom à bord. 
L’interdiction permet l’invention de beaucoup de périphrases pour le désigner sans risque. Au cours de nos navigations de formation, l’étourdi.e qui prononçait le mot censuré devait payer l’apéro. Il n’y a pas eu d’autre sanction qu’une dépense imprévue pour les bavard.e.s… ; évidemment, nous nous amusions à nous piéger mutuellement, puisque la soif se faisait parfois sentir !
Chora et ses moulins
Une chèvre dans l'abri-bus
En route vers le Dodécanèse
Voilà pour cette première traversée des Cyclades. 
Nous arrivons à Leros dans le Dodécanèse (une série de douze îles principales - il y en a davantage - proches de la Turquie), et nous y ferons une petite pause terrestre.

Escale au mouillage à Schinoussa, 
une île du groupe des « Petites Cyclades » 
avec Koufonissia, Donoussa et Iraklia
(31 mai)

Ce soir nous est offert un resplendissant coucher du soleil aux abords de l’île de Schinoussa, au sud de la grande île de Naxos, plaque tournante des paquebots et speed-boats qui desservent les hauts-lieux touristiques, Santorin, Mykonos et Athènes. 
C’est à la voile que nous sommes descendus dans le couloir entre Paros et Naxos, l’une des voies les plus fréquentées par le trafic des navettes auxquelles il faut constamment prendre garde : elles sont non seulement très nombreuses, mais aussi extrêmement rapides, affichant en moyenne 40 noeuds (74 km/h). L’une d’elle nous a dépassés à 51,5 noeuds, soit 95,5 km/h ! C’est notre AIS (système d’identification automatique pour éviter les collisions) qui nous permet d’obtenir certaines informations sur les autres bateaux croisés, comme leur nom, leur vitesse, leur cap, leur destination, leur taille… Ce système est vital en navigation à visibilité réduite ou nocturne.
Pendant ce temps, nous naviguions au près serré (à un angle d’environ. 35° du lit du vent), en tirant des bords (c’est-à-dire en zigzags), ce qui nous a occupés la majeure partie de la journée.
Et mes yeux de se perdre sur les rivages de Naxos, l’île où Thésée, le premier toréador du monde, largua Ariane et son fil, sa bobine ne lui revenant plus, sans doute… l’ingrat ! Me reviennent en mémoire les vers de Phèdre s’adressant à sa sœur abandonnée : « Ariane, ma sœur, de quel amour blessée / Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée. » (Racine, Phèdre).

Au-delà de la pointe de Naxos, nous sommes au cœur des Cyclades, en son centre géographique, mais pourtant ces minuscules îles encore sauvages semblent perdues au milieu de nulle part…

Náoussa, île de Paros (Cyclades centrales)
(28-30 mai)

Est-ce pour rappeler la blancheur du marbre qui a rendu son île célèbre que Náoussa se pare d’une blancheur de craie ? Jaillie de l’aigue-marine que fend notre quille, Náoussa affiche ses murs chaulés et ses pavés brillants aux épais joints laiteux comme un signe de reconnaissance : les couleurs omniprésentes du drapeau grec y jubilent dans les airs. L’albâtre n’accepte en noces exclusives que la famille du bleu du ciel, mais consent aussi à s’allier avec le cousinage : le cobalt des portes et des volets, le céruléen des toitures des chapelles ou le saphir du mobilier des tavernas.

Náoussa, 
mon amour ?

Notre premier contact avec le pavé lustré de Náoussa, en début de soirée, a été un choc. 
Il faut dire que le décalage avec la solitude d’une navigation de plus de huit heures en plein soleil a été total : laissant Dune à l’ancre à environ 15 minutes du village, nous avons débarqué au port de plaisance avec notre minuscule annexe et nous nous sommes retrouvés, un peu comme deux sauvages, au milieu d’une nuée de touristes fraîchement sortis d’un « speedboat » ou d’un avion, puis de leur hôtel. 
De prime abord le village nous a semblé apprêté, propret et paré pour une nuit blanche, comme les gens d'ailleurs : les ruelles irréprochables, semblant s’être extraites d’une page du Lonely Planet, les boutiques de créateurs ou de luxe, les innombrables lounge bars branchés aux cocktails étourdissants, la jet-set côtoyant les jeunes filles et jeunes gens bariolés, prêts pour la fête, et que la température frisquette n’avait pas découragés à exposer le maximum de peau blafarde. Même la nourriture grecque du restaurant nous a semblé endimanchée : à l’avoir goûtée pendant un mois dans des tavernas familiales, voire rustiques, nous avons aussitôt reconnu son style, mais apprécié ses déclinaisons sophistiquées. La carte de crédit aussi. Mitigée donc, la première impression laissée par Náoussa, trop bling-bling, trop "disneylandisée".  
Nous avons donc laissé les fêtards se préparer une bonne gueule de bois pour le lendemain et avons regagné notre boat, sweet boat, bien résolus à en avoir le cœur net, le lendemain matin.
Il faut dire que tout le monde semble aimer Náoussa, étions-nous... normaux ? Ou étions-nous devenus malgré nous, perchés sur notre dune marine, des asociaux ? 
De plus, nous venions de terminer et d'apprécier un roman qui prend ce village pour cadre, une histoire à la fois drôle (l’humour libanais de l’auteure*), divertissante et touchante, qui donne presque envie de finir ses jours sur cette île. Alors ?

* Éliane Sabila Garillon, ouvrage embarqué
Le matin suivant, à Náoussa... : éblouissement lors de la découverte d’un petit port de pêche aux proportions parfaites, bordé côté baie des vestiges d’un fort vénitien à demi écroulé, et côté village de multiples terrasses aux chaises de paille et de bois. Les bateaux de pêche aux vives couleurs venaient de rentrer dans la douce lumière matinale, les pêcheurs étaient encore affairés à réparer leurs filets, et les poulpes (parfois étêtés) faisaient de la barre fixe pour s’attendrir : ici, la moindre ouzéri ou taverna propose du poulpe grillé
Surtout, les ruelles de Náoussa avaient été rendues à leurs habitants : le vieux petit monsieur en costume élimé, à la silhouette aussi maigre que sa retraite, venu chercher discrètement à la taverna son repas qu’il avait serré dans un mouchoir, la « yaya » toute de noir vêtue depuis des décennies, croisée à l’épicerie, ou encore l’élégant monsieur chapeauté parti d'un pas vif et nerveux pour sa promenade matinale.
Décidément, il n'y a pas qu'après avoir visité Naples qu'on peut mourir !

Vers les Cyclades :
Loutra, île de Kythnos
(mardi 28 mai)

En quittant Athènes, Kythnos est, après Zea, la deuxième île des Cyclades que l’on aborde. Ses sources thermales ont dû être appréciées de tous temps, car l’île a aussi été appelée Thermia, et le village où nous mouillons, Loutra (Λουτρά, « Les Bains »). 
Deux sources d’eau chaude arrosent Loutra : l’une a été captée au service d’un établissement thermal, aujourd’hui délabré. Quant à l’autre, celle d'Ágii Anárgyri, elle se déverse directement dans la mer, à 52° : au bout de la plage publique, dans le creux d’un enrochement qui se fait jacuzzi naturel : on peut ainsi prendre gratuitement un petit bain bouillonnant,… dans les deux sens du t(h)erme.

PHOTO
Notre mouillage est situé juste avant le port de Loutra, en-deçà d’un vieux portique pour le chargement de minerai de fer provenant de la montagne Kákavos, comme la seconde source thermale. 
Ce témoin du passé, tombé en désuétude, contraste avec le yacht luxueux amarré au deuxième plan, pendant qu'entre ses arches se profile la silhouette du bateau du pêcheur qui rentre au port, et que sonne la cloche de l’église au toit bleu : quai de fer rouillé, yacht sophistiqué, barque traditionnelle de pêche et chapelle orthodoxe blanche et bleue : voilà, tous ensemble, les éléments du décor actuel d’un petit port cycladien.

De golfes en cap
(26-28 mai)

Une grosse dépression étant annoncée sur le centre de la Grèce lundi 27, nous avons pris nos dispositions pour « faire de la route » auparavant et chercher un abri pour la période de dimanche soir à mardi matin. 
Projet ambitieux car il devait nous faire parcourir au minimum 50 nautiques (plus de 90 km), moitié à la voile moitié au moteur, le vent soufflant contre nous à la fin du parcours dans le golfe Saronique (golfe d’Athènes).

Golfes Argolique et Saronique
Navigation agréable à la voile (15-20 noeuds) à travers les îles Argo-Saroniques de Spetses et d’Hydra : bien que nous soyons un dimanche nuageux et pluvieux d’une saison estivale qui n’a pas encore commencé, le trafic de navettes de touristes, de gros yachts et de voiliers de location était intense. En deux heures, nous avons rencontré dix fois plus d’embarcations qu’en trois semaines autour du Péloponnèse !
Dans le golfe Saronique lui-même (qui dessert le port du Pirée), nous n'avons croisé plus que des porte-containers, des cargos ou des paquebots de passagers. Pas un seul voilier. Nous nous sentions tout petits dans ce golfe balayé par un vent du NE qui a nettement forci et nous a envoyé une houle croisée bien désagréable, juste en face. Comme prévu (mais non espéré), nous avons dû finir le trajet au moteur, ce qui n’est pas un problème pour Dune équipé de son Yanmar de 75 CV.
Mouillage au Cap Sounion

Une dizaine de voiliers avaient déjà cherché un abri dans le mouillage de Sounion, au pied du temple de Poséidon éclairé par les derniers rayons du couchant.
Dire que la nuit a été calme serait mentir effrontément : le vent a soufflé sans arrêt avec des rafales à 32.5 noeuds (de ce que nous avons vu, car nous avons quand même réussi à dormir !), et l’étrave de Dune a dansé la gigue sans discontinuer, ainsi qu’en a témoigné le lendemain l’écran d’alarme de mouillage (dispositif électronique qui signale un ripage éventuel de l’ancre).
Le Temple de Poséidon

Un petit chemin semé d’épineux (qui ont laissé quelques souvenirs sur notre peau !) nous a conduits ce matin de notre mouillage au sommet du cap Sounion, à près de 70 mètres d’altitude.

Le cap a toujours revêtu une importance maritime et géo-stratégique, puisqu’il se situe à la pointe de l’Attique et s’ouvre sur la mer Égée et les Cyclades. Consacrer ce temple à Poséidon et à Athéna constituait donc de la part de anciens Grecs un hommage mêlé de déférence de de crainte. En contemplant l’immensité de la mer secouée par les assauts d’un vent du nord qui n’a point faibli une seconde, on mesure les raisons qui ont présidé au choix de ce lieu stratégique : outre le temple lui-même, le site offrait d’ailleurs d’autres infrastructures, comme des remparts, des tours, des hangars à bateaux et même un port relativement bien abrité, dont le rivage est occupé désormais et très prosaïquement par les chaises-longues d’un hôtel datant des années de l’essor exubérant du tourisme en Grèce.

Avec le Parthénon à Athènes et le temple d’Aphaia (nymphe crétoise associée à Artémis) sur l’île d’Égine, le temple de Poseidon du cap Sounion traçait ainsi un triangle sacré pour les Grecs. Et qui foule ces lieux, aujourd’hui encore, ressent une émotion particulière.

P.S. Ce soir, à bord, au moment de l’apéritif, nous respecterons la coutume en offrant la part qui lui revient au dieu de la mer…  Στην υγεία σας !

Kyparissi et Ástros (côte ouest du golfe Argolique)
(22-25 mai)

Dauphins, enfin !
Après le mouillage privatif de la nuit passée à Kyparissi, le cadeau d’une troupe (ou d’une horde ? d’un banc ? d’un escadron ? d’un peloton ? d’une meute ?…) de… bref : plein de DAUPHINS !

Une femme à la barre…
La manœuvre au port d’Ástros n’a pas été simple dans 20 noeuds (env. 37 km/h) de vent latéral : en Grèce, dans la plupart des ports municipaux, on jette l’ancre au milieu du port tout en reculant le plus droit possible pour s’amarrer par l’arrière au quai, avec deux amarres. Sans vent, la marche arrière se passe généralement bien, encore faut-il s’enfiler entre deux bateaux sans les toucher (ou juste un peu : les pare-battage sont là pour amortir les impacts). 
Mais en cas de vent, il faut compenser son action ou en tirer parti ! L’aide d’un propulseur d’étrave (hélice sise à l’avant pour déplacer l’étrave à petite vitesse) peut être utile : je ne peux compter sur ce joker car le nôtre est en panne ! 
Mais voilà : la fine équipe que nous formons, Pierre-Yves et moi, a réussi la manœuvre : lui à l’ancre et aux amarres (tout ce qui requiert de la force, en somme), moi à la barre à roue (tout ce qui exige de la finesse, ah ah !). Cela ne va d’ailleurs pas sans déconcerter certains mariniers grecs qui s’étonnent et demandent : « But who is the Captain ? ». Pure question rhétorique...
Équipage atypique donc : chez 90 % des couples de navigateurs, Madame s’active à l’avant avec l’ancre et la chaîne, court au placement des pare-battage et aux amarres, pendant que Monsieur tient fermement la barre en l’engu… si quelque chose va de travers, alors que le plus souvent, c’est de sa faute !
Encore un château en ruine au sommet de la colline d’Ástros, nommée ainsi à cause de la configuration du site en astéroïde. 

La vue sur le golfe Argolique est à couper le souffle, je ne peux m’empêcher, songeuse, de laisser planer mon regard en direction des sites d’Argos, de Mycènes et, plus loin, d’Epidaure et de Corinthe. C’est comme lire dans le paysage la didascalie initiale d’une tragédie antique...
Nous ne sommes qu’à une trentaine de kilomètres de Nauplie (Nafplio) et guère davantage de tous ces sites, mais nous ne pourrons y retourner cette fois (et ce n'est pas par manque d'intérêt, mais le temps file...).
Nous avions juste besoin de carburant avant de partir vers l’Est, les Cyclades et le Dodécanèse : un camion-citerne vient nous livrer, comme désiré, une centaine de litres de diesel directement au quai.

Expérience faite, il y a très peu d'endroits où l'on peut s'approvisionner dans le Péloponnèse.

Monemvasia
(20-22 mai)

Monemvasia
(Laconie, est du Péloponnèse)

Le « Gibraltar d’Orient » 
n’est accessible que d’un seul côté, comme l’explique l’étymologie de son nom : « Moni emvasi »

Nous avons mouillé au port, encore en construction, sans eau ni électricité, donc gratuit. 
Il est situé à Gefyra, la ville moderne, qui est reliée à Monemvasia par une passerelle- digue d’un kilomètre et demi.
Le rocher est devenu une île en 375 apr. J.-C., lorsqu’il s’est détaché de la côte à la suite d’un séisme.
La configuration massive de Monemvasia (300 mètres de large sur un kilomètre de long), a de tous temps destiné la ville à servir aux Laconiens de place forte face aux incursions des pirates et aux invasions de différents conquérants.
Aujourd’hui, l’envahisseur progresse au coude à coude comme au Mont St-Michel à travers la ruelle qui sert d’artère principale à la Ville-Basse, très touristique.
 
Mais il suffit de se perdre dans les ruelles adjacentes pour tomber sur une des innombrables églises et chapelles (dont certaines n’ont même pas de nom), sur une micro-terrasse où vos pieds reposent sur le paillasson quand vous y buvez l'apéro, ou encore sur un bijou de taverna ombragée par une tonnelle, à l’abri de l’affluence.
Là vous attendra sans doute un verre de malvoisie (le cépage local qui s’est répandu par la suite). 

Auparavant, il aura été judicieux de grimper à la Ville-Haute, l'ancien camp retranché avec château, hammam, casernes, citernes, églises et mosquées (selon l’occupant, byzantin ou ottoman).
Accrochée au rochers de la Ville-Haute, c’est l’église majestueuse de Sainte-Sophie, construite à l’intérieur du château au bord du précipice, qui attire tous les regards (ci-dessous).
En quittant hier matin les lieux par voie de mer, Sainte-Sophie était la dernière construction humaine qui se détachait dans le ciel à mi-hauteur de l’imposant caillou posé au-dessus des flots.



D’Élaphonèse, 
embarquement pour Cythère ! 
(dimanche 19 mai)


Elafónisos, en français Élaphonèse, est une petite île grecque située au sud du Péloponnèse, près du cap Malée. L’île est au nord du détroit entre Cythère et le Péloponnèse dont elle n’est séparée que par un chenal peu profond que nous n’emprunterons pas avec notre tirant d’eau.
Elafonisos signifie « l’île aux cerfs » (bien que personne n’en ait jamais vu).
« Dans l'Antiquité c'était un comptoir commercial et l'île était connue sous le nom d'Onugnathos, “mâchoire de l'âne”, forme à laquelle, avec un peu d'imagination, l'île peut ressembler.» (Rod & Lucinda Henkel : Grèce, Mer Ionienne, Imray, Vagnon, « Les grands guides de la navigation », p. 151).
Laissons cerfs et ânes…
Nous avons mouillé au sud, là où deux baies en demi-cercle sont adossées l’une à l’autre et réunies par une frange étroite de sable. Le matin, nous avons pu faire une très jolie balade à travers les dunes.

En route pour Cythère (Kythera en grec), l'île de la déesse Aphrodite, déesse de l’amour (nous y reviendrons), nous traversons perpendiculairement le « rail » qu’empruntent les gros navires de commerce qui vont d’est en ouest et inversement. La vigilance s’impose, mais n’est pas trop contraignante car nous devons, une fois de plus, évoluer au moteur pour rejoindre Cythère, le vent venant de face [soupir]. 
N’empêche : nous passons devant une imposante épave rouillée devenue un but d’excursion touristique…

Nous mouillons dans l’avant-port d’Avlemonas (un petit port de pêche), au sein d’une anse sertie par un adorable village tout blanc et gardée par les ruines d’une tour vénitienne. 
En gros, notre bateau passera la nuit dans la piscine naturelle de ce village ! Elle est bordée par de mini-plages avec douches, échelles de bain et escaliers d’accès, le tout intégré sans dénaturer la jolie crique bien abritée des vents et de la houle du cap Malée.

C’est aux abords de ce village qu’ont été perdues certaines frises du Parthenon lors de leur voyage vers l’Angleterre en 1802.

L’Embarquement pour Cythère

« L’embarquement pour Cythère » évoque bien sûr le fameux tableau de Watteau exposé au Louvre. Mais c’est aussi une vieille expression française qui évoque les liens de cette île avec Aphrodite, la déesse de l’amour.

S'embarquer pour Cythère
Autrement dit, «s'engager dans une relation amoureuse». 
Il faut se plonger dès à présent dans la mythologie grecque. Cythère, entre le Péloponnèse et la Crète, est connue pour « son culte à la déesse de l'amour, Aphrodite, qui y aurait abordé ». Ainsi, s'embarquer pour Cythère revient à « s'embarquer pour l'amour ». Delveau, en 1864, non sans rusticité, précise que c'est «le seul voyage que l'on ne puisse faire seul, et que l'on fait toujours à cheval sur une belle jument». 

Les présumés liens d’Aphrodite avec Cythère proviennent peut-être de l’ancienne colonie crétoise de Paleopolis (proche d’Avlemonas) : elle abriterait un temple dédié à Aphrodite, temple que les archéologues cherchent toujours…

Pour en savoir plus sur la plus humaine des déesses, lisez cet extrait de l'ouvrage Les Îles grecques de Lawrence Durrell. 
C’est un peu irrévérencieux, mais drôle… (onglet « Littérature » ou en clic sur le lien suivant) :

Escale à Porto Kagio  (17 mai)
En franchissant sans trop de remous le cap Tenare, nous quittons le golfe de Messénie pour entrer dans le golfe de Laconie (région dont Sparte est la capitale). L’impression d’être arrivés au bout du monde persiste, tant la nature y est sauvage et inhospitalière, et les côtes hérissées de rochers acérés battues par les vagues.
Après sept heures trente de route (au moteur : le faible vent nous étant contraire), nous sommes heureux de mouiller dans une baie bien protégée de la houle, Porto Kagio. Le port reste invisible derrière un coude formé par le relief, mais des amers bien remarquables nous guident : les tours maniotes, les monastères en ruine, ainsi que deux petits villages sur la colline.
Porto Kagio (Psamathous dans l’Antiquité), a été appelé Porto Quaglio par les Vénitiens (littéralement "port de la caille"), car un grand nombre de cailles y étaient capturées, fumées puis exportées. Outre les Vénitiens, les Turcs ainsi que divers pirates maniotes connaissaient bien cette baie.
[Onglet "Histoire"]

Le village de Porto Kagio proprement dit est composé d’une dizaine de maisons, certaines en réfection, et de trois tavernas, dont une réservée aux clients du B&B attenant. Restaient deux tavernas : soucieux d’équité, nous avons choisi la première pour l’apéritif et la seconde pour le repas. L’occasion nous a été ainsi donnée de discuter avec tous les clients des établissements du village : un couple de navigateurs autrichiens avec un chien, des Australiens à bord d’un catamaran, des Italiens sans bateau ni chien, et quatre « bikers » suisses allemands que nous avions vus arriver sans casque à bord de leur Harley Davidson, et que commençaient déjà à réchauffer quelques bières. À voir leur air étonné, nous les avons surpris à plusieurs titres : m’entendre leur faire remarquer malicieusement et en hochdeutsch l’ancien slogan de prévention routière suisse : « Klüge Köpfe schützen sich », puis écouter Pierre-Yves poursuivre le dialogue en dialecte, alors que nous venions de leur révéler habiter Bulle et qu’ils nous avaient vus descendre d’un voilier battant pavillon français !
À la taverna « Porto », le poisson grillé était servi au kilo, et nous avons pu choisir dans la glaciaire une dorade bien dodue, pêchée le matin même. Si nous étions restés une nuit de plus, nous aurions pu déguster un poulpe qui venait d’être sorti de l’eau et qui devait encore être suspendu au moins un jour pour sécher. Inutile de dire que nous nous sommes régalés de notre poisson grillé, servi avec une purée de fèves et une salade bien grecque.

Franchissement du cap Tenare (ou cap Matapan)
(17 mai)

De Kalamata, nous longeons toute la péninsule du Magne (en grec, Mani),
la plus sauvage du Péloponnèse.
Les maisons-tours du Magne
Les Maniotes, les plus fiers de tous les Grecs (car leur péninsule n’a jamais été conquise par une nation étrangère), y ont construit des "maisons-tours" très caractéristiques, afin de guetter les pirates et, en cas d’incursion mal-intentionnée, de s’y réfugier. 

Parmi ces villages bâtis tout en hauteur, la palme revient sans conteste à Vatheia, aux abords duquel nous nous étions arrêtés pour une nuit lors de notre road-trip en van, en février dernier. Quasiment abandonné aujourd’hui, Vatheia est situé tout au sud du Magne, juste avant le cap Tenare (appelé aussi Matapan).

Le Cap Tenare est une zone géographique importante : après Gibraltar, c’est le point le plus méridional de l’Europe continentale. Connu pour son rôle dans plusieurs batailles navales, dont la célèbre Bataille du Cap Matapan pendant la Seconde Guerre mondiale, il offre aux visiteurs une plongée fascinante dans l'Histoire.


Le phare du cap Tenare et sa "Porte d'Hadès"

Le cap Tenare ne jouissait sans doute pas d’une bonne réputation chez les Grecs anciens, car ils y situaient la "Porte d’Hadès", maître des Enfers, dieu du royaume des morts. 
À Taenarum, juste après le phare, se trouvent les ruines de l’ancienne église d’Agion Asomaton, construite avec les matériaux d’un ancien temple dédié à Poseidon (temple qui n’existe plus), ainsi qu’une grotte qui pourrait avoir abrité la mythique "Porte d’Hadès". 


Le "SS Californian"
Vous souvient-il du “Carpathia” ? Si vous avez le film Titanic en tête, vous vous rappelez qu’il avait porté secours à quelque 1500 naufragés du Transatlantique (dont à l’héroïne Rose), mais qu’il était arrivé bien trop tard pour en sauver davantage.
Ce qu’on oublie souvent, c’est qu’il y avait un autre navire dans les parages, le "SS Californian", un cargo qui n’était qu’à 20 milles nautiques, mais qui se serait trouvé piégé par un champ de glaces et n'aurait donc pas pu intervenir. S’en sont suivi des années de polémiques pour savoir s’il avait volontairement ou non ignoré les fusées et messages de détresse émis par le "Titanic". Le commandant du "Californian", Stanley Lord, y vit sa carrière brisée. 

Mais l’Histoire n’avait pas dit son dernier mot. Réquisitionné en 1915 pour le transport des troupes en Méditerranée, le "Californian" fut torpillé le 9 novembre 1915 par un sous-marin allemand, au sud-ouest du cap Tenare, et envoyé par 5000 m de fond. On n’a jamais retrouvé son épave.
Coïncidence ? deux autres navires présents près du lieu du naufrage du "Titanic" ont subi le même sort durant le conflit : le "Mount Temple" et le "Carpathia", celui, justement qui avait secouru les naufragés en 1912.

Escale à Kalamata
(mercredi 15 mai)

Rien de bien particulier à cette escale, qu’on peut qualifier de technique, car nous nous y sommes arrêtés uniquement pour nous ravitailler en diesel, faire une ou deux lessives et compléter l’avitaillement. Nous nous sommes donc cantonnés à un périmètre bien restreint, conscients de renoncer à la visite de la vieille ville et à la bien connue « route des olives », etc. Une autre fois.
Nous avons cependant fait deux découvertes : le Parc municipal des chemins de fer, qu’adorerait notre petit-fils de deux ans, et le restaurant italien « Tartufo » où, sous le nom obscur pour nous de « Flank beef », nous a été servie la meilleure « Tagliata di manzo » que nous ayons mangée. Le chef, Spiros, a été d’une serviabilité et d’une gentillesse incroyables et, grâce à lui, nous garderons un souvenir ébloui de cette trop brève escale.

Koroni
(Mardi 14 mai)

Koroni, "l’autre œil de la République vénitienne" (avec Methoni), pleure…
Nous avons franchi un premier cap du Péloponnèse, Akritas, dans la brume et la pluie.

Cherchez l’erreur ! 

Photo de gauche aujourd'hui : mouillage... bien mouillé au sud de la forteresse de Koroni, d’où nous avons pris la photo de droite le 13 février dernier  : cherchez l’erreur !

Methoni, un des « deux yeux 
de la Sérénissime »
(Lundi 13 mai)

Methoni est une ville située à l'extrémité sud-ouest du Péloponnèse, habitée en permanence depuis le début de l'Antiquité. Son château, d'une superficie de 9,3 hectares, est l'une des plus importantes forteresses de la Méditerranée. Il est situé sur une péninsule de 500 m de longueur, sur le côté Est duquel un petit port a été formé. Nous mouillons notre ancre dans la baie en face de la forteresse, juste à temps pour visiter le château avant sa fermeture à 20 heures (il restera fermé jusqu'à mercredi matin). 
Gamelle de Skye garnie en express, annexe à l'eau et moteur fixé : nous voici devant les douves du château, laissant Dune ouvert sous la bonne garde de notre chienne...
Pendant de nombreux siècles, Methoni a été l'un des postes d’arrêt de base sur la route suivie par les navires de commerce voyageant de l'Ouest vers l'Est, ainsi que par les pèlerins en Terre Sainte. Le château a atteint son apogée au cours de la première période vénitienne (XIIIe au XVe s.). Methoni et le château voisin de Koroni étaient connus comme les "deux yeux" de la Serenissima Republica de Venise en Méditerranée orientale.
C’est le « Bourzi » qui attire le plus l’attention des visiteurs. Cet ouvrage, dont la silhouette octogonale emblématique se découpe dans le soleil couchant, tire son nom d’un terme de grec médiéval. La construction a tour à tour servi, au cours des siècles, de logement aux gardes du port, de prison, de phare et, en extrême nécessité, d’ultime refuge aux habitants en cas de siège. Le large espace de l’esplanade du château accueille encore tous les ouvrages servant la vocation défensive du lieu : églises, place d’arme, local à munitions, colonne romaine, bains, etc.
Dans l’église orthodoxe, encore consacrée et datant du début du XIXe siècle, une colombe vient découper sa silhouette devant un vitrail à l’allure de logo « Windows »…

Inoubliable : la plage de Voidhokoilia
(12-13 mai)

La plage de Voidhokolia est emblématique de la côte de la Messénie (partie occidentale du Péloponnèse). Sa forme en hémicycle irréprochable figure sur toutes les cartes postales, mais on ne mesure sa perfection qu’en prenant de la hauteur : pour cela, il faut monter à la citadelle qui domine sa rive ouest.
Hier, nous avons mouillé au centre de la baie pour le repas, et les vagues qui entraient régulièrement par l’ouverture nous ont dissuadés d’y passer la nuit. Au ras de l’eau, cette plage est loin d’être banale, mais elle ressemble à beaucoup d’autres plages de sable doré, bordées d’eau turquoise.

Nous avons donc repris la mer dans l’après-midi et longé l’île Sfaktiria qui ferme la large baie de Navarino avec ses falaises percées, ses arches naturelles et ses aiguilles qui ne sont pas sans rappeler celles d’Étretat. Navarino ? Oui, encore le lieu d'une bataille..., celle de Navarin (1827), au moment des guerres d'indépendance de la Grèce.
Tout au fond de la baie se situe la lagune de Gialova, contiguë à la plage que nous venions de quitter. C’est là que nous avons mouillé, assez loin de quelques épaves signalées sur nos cartes marines.

Ce matin, une excursion de presque deux heures nous a conduits au sommet de l’île, occupée par l’ancienne forteresse médiévale «Palaiokastro», qui tombe en ruine. Son chemin de ronde surplombe le vide puis découvre la splendeur de la plage de Voidhokoilia offerte dans toute sa rondeur caractéristique.
Moment de grâce…
Déjà il faut redescendre : le chemin, aménagé de quelques cordes et câbles, est en mauvais état et juste praticable. Notre petite chienne se fait chevrette, sautant de bloc en bloc, portée parfois.
Une grotte s’ouvre à mi-course, celle qu’on appelle « grotte de Nestor » : elle aurait abrité ce héros de la guerre de Troie et suscité la naissance d'autres légendes.
Déjà nous voilà revenus au niveau de la mer, longeant la lagune, un haut-lieu d’observation ornithologique et un site protégé. Notre annexe attend sagement au bord de la plage, tandis que 20 noeuds de vent balancent Dune autour de son ancre.

Palaiokastro

Entre mer et colline, nous progressons vers les remparts du château en ruines.

Voidhokoilia

Quelle perfection !

Descente

Entre marches effondrées et blocs de pierre : la descente est un peu périlleuse avec un chien ! Heureusement que Skye ne pèse que 8 kg et que son harnais est muni d'une anse !

Grotte de Nestor

D'après la mythologie, Hermès aurait fait cacher les bœufs dérobés à Apollon dans cette grotte haute de 20 mètres.

Arrivée au Péloponnèse 
(11 mai)

Une cinquantaine de milles depuis Zakynthos, mi-voile mi-moteur, et voilà que nous touchons la Messénie, la côte ouest du Péloponnèse. L’île Proti nous offre l’abri convenable pour nous protéger des orages qui grondent au-dessus de la région d’Olympie.
La plage du Naufrage

Zakynthos (île de Zante)
(7-10 mai 2024)

L'île la plus méridionale parmi les îles Ioniennes est très prisée du tourisme de masse, non seulement (et c'est justifié) à cause de ses falaises blanches majestueuses et de ses eaux turquoise, mais aussi à cause de la célèbre "Plage du Naufrage", où nous sommes passés l'an dernier. Spectaculaire, oui. Bondée aussi. Nous préférons les endroits plus calmes.

Nous rejoignons le port situé en plein centre ville et projetons d'y rester plusieurs jours, tant que la météo reste trop instable pour traverser vers le Péloponnèse. Nous en profitons pour effectuer quelques réparations (notamment une qui nécessite de monter en haut du mât) et de visiter la ville, même sous la pluie, ce qui reste inhabituel ici.

En août 1953, à peine sortie des occupations italienne et allemande, ainsi que de la guerre civile qui suit, cette région des Ioniennes du sud (Zante, Céphalonie et Ithaque) subit un séisme d'une extrême violence. La ville est détruite, et elle brûle durant dix jours. Seuls trois bâtiments tiendront. 

Au niveau architectural donc, Zakynthos a fait ce qu'elle pu : ce sont surtout les églises qui ont été reconstruites et restaurées "dans le style", souvent vénitien, le reste présente un intérêt très mitigé. Signalons le Square Solomos (du nom du poète natif de la ville Dionysos Solomos,1798-1857, qui a composé les vers de l'hymne national grec), square prisé par la population locale et qui grouille d’activité. Beaucoup plus touristique est la place Saint Marc, qu’on a essayé de recopier d’après l’originale, et qui ressemble à un décor de carton-pâte. Sous une pluie froide, nous sommes montés au mont Elias, là oú se trouve le château Bohali, une forteresse vénitienne en ruines : on y distingue bien, sur le mur extérieur, le lion ailé emblématique de Venise. Mais quelle vue rare depuis là-haut, malgré le ciel bouché !

Terminons par une anecdote qui m’a touchée, en me rappelant l’intrigue du film La liste de Schindler : pendant l’occupation allemande (septembre 1943), qui a succédé à l’italienne, la Kommandantur a réclamé au maire Loukas G. Carrer et au métropolite Chrysostome la liste avec les noms de tous les Juifs de la ville. Le maire et le métropolite livrèrent aux officiers SS un papier avec deux noms seulement : les leurs ! Avec l’aide des habitants qui ont dissimulé les Juifs dans les villages de campagne, aucun Juif de Zante n’a été déporté le durant l’Occupation nazie (contrairement à Corfou). Sur l’emplacement de la synagogue (en face de la poste), ont été érigées deux plaques commémoratives en l’honneur du maire et du métropolite pour le salut des Juifs pendant la guerre.

Touchez la première image pour actionner le diaporama et faire apparaître les légendes.

Mouillage de rêve à Meganissi et au sud d'Ithaque

Lundi 6 mai
D'une petite anse bien tranquille sous le village de Katomeri (l’un des trois villages de l’île de Meganissi), nous rejoignons à la voile puis au moteur un mouillage situé tout au sud d'Ithaque, Antri. C'est week-end de congé prolongé en Grèce, et déjà cinq autres voiliers occupent les lieux (deux autres arriveront encore).
Néanmoins, nous y trouvons l'emplacement propice et mouillons l'ancre par 15m de fond sur une plaque de sable entre les roches ; une fois le bateau à env. 12 m du bord, qui descend en pente raide, nous tirons deux élingues qui nous rattachent à la terre. 
Ce système (ancre à l'avant, amarres à terre à l'arrière), permet à de nombreux bateaux d'occuper parallèlement une anse étroite. Si l'on est seul et qu'il n'y a pas trop de fond, on peut se contenter de mouiller l'ancre au centre, et le bateau tournera autour d'elle en fonction de la longueur de la chaîne qu'on aura laissé filer et en fonction du vent (c'est ce qu'on appelle "l'évitement"). Y renoncer en cas de surpeuplement, car abordages possibles !

La crique encaissée est semée d'éboulis : la marche vers la bergerie en ruines est hasardeuse, le chemin se frayant à peine un passage entre les ronces et les pierres coupantes. Toutefois, la vue que l'on y découvre signe la récompense...

Dimanche 5 mai 2024 : 
de Préveza à l'île de Meganissi
Pont tournant de Lefkada

Cette fois, nous sommes partis ! 
Quitter Préveza revient à suivre un chenal pour rester dans les eaux navigables. De même, en abordant l'une des îles Ioniennes, Lefkada (Leucade, en français), nous devrons emprunter - au moteur, cela va sans dire - un chenal précis, précédé du passage par le château de Saint-Maure, gardien du pont tournant-flottant-pivotant qui autorise la circulation des voitures. 
A chaque heure fixe, des nuées de bateaux profitent du feu rouge destiné aux véhicules et de l'escamotage du pont mobile pour s'engager dans le canal de Lefkas : ice ne sont pas les Champs Elysées, mais il faut rester vigilants ! (photo ci-dessus).
Après ce chenal, tandis que nous hissons les voiles, l'horizon paraît s'ouvrir ; devant nos yeux éblouis, comme à chaque fois, semblent surgir de la mer les îles Ioniennes du sud et leurs îlots : Lefkada, Meganissi, Thilia, Sparti, Skorpios, Arkoudi, Kalamos, Kastos, Atokos et, plus loin, Ithaki (Ithaque), Kefalonia (Céphalonie) et Zakynthos (Zante), tout au sud.
Adieu, Préveza !
Alors que le soleil se couche, illuminant de ses feux Aktio, en face, nous nous promenons une dernière fois sur les quais de Préveza et à travers ses ruelles charmantes : en effet, dès l'été prochain, Dune rejoindra un autre port à sec, situé à l'est du Péloponnèse.


La Pâque grecque
(début mai)
Six jours à flot au port consacrés à la préparation du bateau nous offrent aussi l'occasion de nous trouver pour la première fois en Grèce au moment de la Pâque orthodoxe, le 5 mai. 

Si pour le monde catholique, c'est la fête de Noël qui constitue l'événement majeur de l'année, pour le monde orthodoxe et très particulièrement en Grèce, c'est la fête de Pâques. Symbole et message de résurrection, de victoire sur la mort, la Pâque orthodoxe (en Grec, il s'agit d'un singulier) est aussi la fête du printemps, du renouveau : la ville est partout décorée d'offertoires, de stations de chemin de croix et de fleurs surmontées de panneaux rouges avec l'inscription "Καλό Πάσχα" ("Kalo Pasca", Joyeuse Pâque).
Le Vendredi Saint, les fidèles reçoivent des cierges brun-ocre, une couleur symbolisant la souffrance du Christ. Le Samedi Saint, à minuit, a lieu la liturgie pascale, et les cierges qu'on s'offre entre fidèles sont désormais blancs, pour évoquer la vie et la pureté.
Après l'office, les psaumes, les chants et les concerts de cloches, les gens envahissent les places des églises et les rues ; ils se donnent la main et se souhaitent : "Καλή Ανάσταση" ("Kali Anástasi", Bonne Résurrection).
Ensuite éclatent les feux d'artifice et les sons tonitruants et plus laïcs des pétards et des discos...
Le lendemain, les familles se réunissent pour partager l'agneau grillé et la soupe de tripes d'agneau... (pas pour moi, merci !).


Ces quelques jours à la marina me permettent de retrouver l'amie ukrainienne Natali, établie depuis deux ans à Préveza avec son ami grec Anasthasos.  Je fais aussi connaissance d'un charmant vieux monsieur : nous nous rencontrons une première fois devant un magasin, puis deux autres fois dans la rue par hasard, les deux jours suivants..., d'où le prétexte bien trouvé d'une photo !

Du port à sec d'Aktio à la Marina de Préveza 

Seul un bras de mer d'à peine 1,5 km sépare Aktio de la ville Préveza qui se situe en face. Depuis quelques années, un tunnel routier permet de rejoindre l'autre rive, évitant l'interminable tour du Golfe Ambracique. 
C'est ce tunnel que j'ai emprunté en voiture pendant que Pierre-Yves traversait avec le bateau. Il est d'ailleurs arrivé au port avant moi...

Du côté de l'Histoire
Les sites d'Aktio et de Préveza sont aussi des lieux de batailles bien connues :  la bataille navale d'Actium (31 av. J.-C.) et celle de Préveza (1538).  
Nous invitons les curieux et les curieuses à lire davantage d'informations à ce sujet en cliquant sur l'onglet "Mythes & Histoire" du menu (en haut à droite) ou en cliquant  ici.

Mise à l'eau de Dune  
(29 avril)

Lundi 29 avril, Dune a rejoint son élément naturel. 
Ses dix tonnes ont été soulevées par un puissant "travel-lift" (portique de levage mobile), des sangles précisément disposées entourant sa quille. Il a ensuite été doucement déposé dans la darse, tandis que les marineros du chantier naval modéraient ses ardeurs en le gardant en laisse, entendez par là qu'ils le retenaient par ses amarres.
Durant toutes les opérations portuaires, on voit pendre de ses filières des sortes de boudins en caoutchouc : ce sont des pare-battage. Ils jouent le rôle d'amortisseurs et de pare-chocs pour un bateau, en lui évitant les frottements contre les quais ou contre d'autres embarcations.

Quand le trajet vers la mer fait déjà partie de l'aventure...
(fin avril 2024)

En voiture de Suisse vers Ancona, nous nous arrêtons pour la nuit à Parme où nous faisons la connaissance d'un sympathique et accueillant cycliste parmesan, Gian Carlo, fier de participer lors du week-end suivant à "L'étape Parma du Tour de France" (28 avril).

Les grèves des employés des ferries, annoncées préalablement et qui reportent de quelques heures notre traversée vers Igoumenitsa en Grèce occidentale, nous laissent encore le loisir d'un détour pluvieux et frisquet par la Principauté de Saint-Marin.

Soir du 25 avril : sous un ciel bleu retrouvé et une traversée sans encombre, nous passons notre première nuit à bord de Dune encore sous sa bâche intégrale d'hiver, le bateau étant juché sur ses bers à 3,50 m de hauteur dans le chantier naval à sec d'Aktio près de Préveza.

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